Le début du fabuleux destin de Chiara Foschiani
1er EP, Trouble maker.
Et si tout était gravé dans le marbre, quelque part, sur un registre sur lequel chacun de nos actes serait décidé par une entité supérieure et que nous suivrions à la lettre, contre vents et marées, en pensant suivre notre libre arbitre ? A l’écoute de ce Trouble Maker, nous pensons que cela est totalement possible et que ce chemin était tout tracé pour Chiara Foschiani. A 17 ans, celle-ci fait un pas de géant dans la voie qui est la sienne, qui était tracée pour elle.
Bon, on force un peu le trait, mais avouez qu’aujourd’hui, quitter l’école (et passe ton bac d’abord alors?) pour se consacrer corps et âme à la musique n’est pas si courant que cela. Il aura fallu trois ans de travail pour arriver à ces 5 titres qui portent déjà en eux la marque des grands. Et là, nous ne forçons pas le trait.
Pop d’aujourd’hui…
Nous avions relayé le deuxième single de Chiara Foschiani dans l’une de nos playlists. Nous sentions effectivement un beau potentiel et Trouble maker confirme cette impression. Bien que les styles soient relativement éloignés, nous pensons à Bjork. Sans doute pour cette indépendance d’esprit qui caractérise les deux femmes. Cela se traduit dans le cas présent par l’univers pop électro dans lequel s’est engouffrée la jeune femme.
Là où la plupart de ses contemporaines s’embourbent dans l’urban pop, elle choisit la pop tout court, agrémentée d’une touche électro, notamment sur des programmations rythmiques. Celles-ci sont très actuelles, vaguement trap, mais agencées de telles manières que chaque titre sonne très loin de l’urban. Et surtout, merci, aucun vocoder/autothune, mais une voix sublime. Un (très) gros effort est donc porté à ces rythmiques, mais également aux sonorités globales de l’objet. Ce travail permet de rendre chaque titre à la fois indépendant de celui qui le suit et le précède, mais tout en gardant une cohérence de tonalité qui en fait la force.
…mais déjà mature.
Si la musique est en adéquation avec les goûts d’aujourd’hui, les textes eux sont un cran au-dessus de ce que l’on peut entendre ici où là sur les ondes. Bien évidemment, certains textes sont bons, voire très bons, mais ceux de Chiara détonnent par ces partis pris et leur réalisation. Loin de parler de petits bobos existentiels dont tout le monde se fout, elle incorpore dans ceux-ci des dimensions universelles et une conscience du monde tel qu’il est, ce qui est loin d’être l’apanage de bon nombre de nos chers ados.
Ainsi, Candy Woman, par exemple, traite de pédophilie (ne vous fiez pas à ce petit carillon tout mignon donc), vu du regard du prédateur. Si Glass of wine est plus classique en traitant d’amour passion, God damn quant à lui parle à la fois d’une projection d’un couple qui fini par se séparer (fantasme du couple) mais également du regard que l’on porte à soi-même, de l’apprentissage de la compréhension de nos fonctionnements et des masques que nous portons en société.
Force et douceur.
Trouble maker, le morceau qui donne son titre au disque, est également le plus beau (à notre avis) et le plus intime de l’EP. Il dégage quelque chose de très fort dans son interprétation et dans sa musicalité. Il s’agit aussi du morceau le plus « minimaliste » mais paradoxalement est également le plus harmonique. Cela fait qu’il porte en lui de belles promesses d’avenir. Enfin, Queen of disasters parle du combat pour s’extraire d’une relation toxique.
En 5 titres et 20 minutes, Chiara Foschiani nous embarque dans son monde et nous en ressortons chamboulé par tant de justesse. Si tout n’y est pas parfait, ce premier effort est déjà de très haute tenue. Un grand destin s’offre à elle. Et c’est tout ce que nous lui souhaitons.
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