[ ALBUM ] BOTTLE NEXT, Drift, quand hard et folk se rencontrent.

Drift, deuxième album du duo Bottle Next.

Bottle Next est un groupe à part. Certes, comme beaucoup de duo, il est composé d’un batteur et d’un guitariste (chanteur également). Ce qui le différencie des autres, c’est qu’il opte, musicalement, pour un mariage aux antipodes, c’est-à-dire celui du hard et de la folk. Et ça fonctionne à merveille ! Nous vous décortiquons Drift, leur deuxième album, hard, folk, mais aussi post-punk. Bref, un cocktail survitaminé qui délivre plusieurs arômes différents.

Un groupe qui en impose.

La première impression en écoutant ce nouvel album, c’est que Bottle Next en impose. Et c’est un euphémisme. En fait, dès l’ouverture de l’album (OCD), c’est un son mastoc qui nous assaille, quelque part entre le heavy blues et un rock hard. Le tout est porté par une rythmique lourde et une voix évoquant certains chanteurs en vogue dans les années 90 (Chris Cornell de Soundgarden par exemple).

Le refrain emprunte effectivement à une sorte de grunge lourd, pesant, avec effets du genre postdatés du début des années 90. Mais sur le couplet, nous retrouvons un rock plus teinté heavy blues, semi-acoustique. Si on s’arrêtait là, pas de quoi fouetter un chat. Oui mais voilà, un pont survient, qui casse toute cette machinerie bien huilée pour nous emmener totalement ailleurs, pas loin d’une cold-wave hyper inspirée. Et du coup, comme nous sommes curieux, l’envie de découvrir le disque de fond en comble se saisit de nous.

Force et maîtrise.

Tout ici est question d’équilibre, celle d’une main de fer dans un gant de velours. Il y a, pour commencer, ce pont entre passé glorieux et modernité (mais hors mode). Nous ressentons en effet que Bottle Next possède une forte culture musicale, qu’il ne se laisse pas enfermer par des diktats esthétiques actuels, tout comme il refuse qu’une quelconque étiquette lui soit collée sur le dos. En piochant allègrement dans ses références, le duo propose, sur Drift, sa propre version de ce que doit être la musique. Elle pioche donc dans plus de 60 ans de rock, de folk, de blues, de jazz, tout en étant pourtant bien ancrée dans son époque grâce à une production aux petits oignons.

Tout reste cependant dans des tonalités plutôt lourdes, râpeuses (mais pas âpres). Un énorme travail a été effectué sur le son, sur les effets posés sur la voix également. Celle-ci y est bien définie, claire, seuls quelques effets de réverb ou de distorsion la modifie légèrement, par moments, donnant ainsi un relief encore plus fort à l’ensemble. La batterie, majoritairement lourde, propose néanmoins de fort bien senties variations. Le jeu est inventif, tout en étant paradoxalement classique. Allez comprendre… Nous, elle ne nous laisse pas indifférente cette batterie. Les rythmiques, épaulées par une guitare incroyable, sont une des forces de Drift.

La guitare.

C’est un peu la grosse surprise ! Elle possède un grain inimitable, une présence tour à tour imposante et discrète, alterne passages sous grosse disto et autres plus acoustiques. Électro-folk, nous nous demandons comment son maître (oui oui, son maître parce qu’il dompte véritablement l’instrument qui, électrifié, peu partir dans des feedbacks/larsens assez incontrôlables, ce qui n’est absolument pas le cas ici) arrive à en tirer de telles sonorités. Il doit être un peu sorcier, sinon on ne voit pas vraiment comment il s’en sort (élément de réponse : une armée de pédales d’effets).

Mélodiquement parlant, l’inspiration est au rendez-vous. Ces mélodies allègent la lourdeur ici présente. C’est un peu le bol d’oxygène de Drift qui, sans elle, serait un album heavy metal comme tant d’autres. Son originalité, pour résumer, provient de cet usage relativement inédit de la guitare, d’une batterie qui sert de colonne vertébrale (parfois déglinguée) et d’une énorme culture musicale qui permet au duo de se frotter à toutes ses envies avec une égale réussite (et aussi à une voix bien travaillée et possédant un large champ d’action).

Pour ceux qui craignent un disque s’éparpillant aux quatre vents de l’inspiration de Bottle Next, nous répondrons que cette incursion tous azimuts permet au contraire de proposer des couleurs folles à ce disque original, puissant, à nul autre pareil.

LE titre de Drift.

Alors pour nous, le titre de Drift serait… roulement de tambours… Contradiction agrement. Pourquoi ? Pour pas mal de raisons, dont certaines très personnelles. Il y a ce chant tout d’abord, qui nous rappelle des albums que nous aimons bien comme celui de The Fugitive Kind, Stone Age. Au refrain, on lorgne Frank Zappa avec ses mothers grâce à des chœurs plutôt haut perchés. Ensuite musicalement, nous naviguons d’un extrême à l’autre. En effet, gros son et rock se côtoient, tandis qu’un côté pop nous surprend parfois au détour d’une partie estampillée « rentre dedans ».

La structure aléatoire du morceau (une spécificité de Bottle Next que nous retrouvons à plusieurs reprises sur Drift) joue pour lui. En effet, les contre-pieds nous entrainent vers une fin de morceau presque intimiste, dont le terme est des plus abruptes (ce qui évite un morceau s’étirant jusqu’à l’ennui). Plutôt malin. Le mariage des styles, toujours équilibré, est magnifique. Le groupe le démontre tout au long de l’album, mais on le redit ici : son sens de la composition, le mariage des atmosphères, le côté lourd et celui plus doux de la folk donnent un résultat étonnant, parfois déroutant, mais toujours d’une grande richesse (et il faut plusieurs écoutes pour en capter toutes les nuances).

bottle next drift

Credits : Anne-Laure Etienne

Site officiel Bottle Next

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