[ EP ] Les oiseaux déguisés de BERTRAM WOOSTER (et d’Aragon).

Nouvel EP du groupe Rennais Bertram Wooster, Les oiseaux déguisés (disponible le 14 mars).

Aragon avait été mis en musique par Léo Ferrer, et se frotter à ce(s) poète(s) relève, dès la simple étincelle d’un vague concept, du suicide. Pourtant, Bertram Wooster s’y colle, et contre, toute attente, s’en tire admirablement bien avec Les oiseaux déguisés, mini-album 5 titres, délicat.

Psychédélisme.

On parle souvent du psychédélisme à l’anglaise, celui s’inspirant des œuvres de Lewis Carroll. Ou alors du psychédélisme à l’américaine. Rarement de celui à la française. Pourtant, nous ne sommes pas loin, fondamentalement et dans l’esprit, de celui de nos voisins britanniques. Avec le premier des cinq titres ici présent, Les roses du premier de l’an, nous retrouvons effectivement certains codes du psychédélisme de Syd Barrett ou de celui des Kinks de The village green preservation society. Cette impression ne nous quitte pas des cinq titres.

Guitares folks, flûte, batterie légère, basse dansante (mais tout en sobriété), piano (en bois), les bases sont les mêmes (à peu de choses près). Quand la voix surgit, elle enfonce le clou, celle d’une pop plutôt classe, aux orchestrations plus que soignées, à la production chaude, jamais surchargée de m’as-tu-vu. On pense certes un peu à ce côté instantané de la pop des années 60 outre-Manche, mais également à des groupes plus récents (tout est relatif) à savoir Belle and Sebastian ou de The Divine Comedy. Autant dire que Bertram Wooster vise plutôt le haut du panier (mais en choisissant d’adapter les textes d’Aragon en musique, il ne pouvait se contenter du minimal syndical).

Pop et textes poétiques.

L’effet obtenu est bien entendu très poétique. Les textes en étant de la pure et dure, de poésie. Mais la musique est ici au diapason, développant un univers rassurant, protecteur, combien même nous le trouvons aventureux. Nous voulons dire par là que ce genre de pop ne s’entend plus trop par les temps qui courent et qui voient le manque d’imagination de certains, comblé par un afflux parfois inepte de moyens électroniques pour masquer la misère. Ici, nous restons dans un univers acoustique, dégageant un romantisme discret, de vieux rose, de pétales de fleurs s’envolant sous une douce brise d’été, tandis qu’au loin quelques oiseaux s’envolent dans le soleil couchant.

Nous voyons de vastes prairies ondulant sous la caresse du vent, deux mains aux doigts entrelacés, la douceur d’une caresse, le velours d’un baiser amoureux. Le tout coule avec une grâce certaine, marquant le premier exercice en français de Bertram Wooster ( ses précédents opus optaient pour la langue de Shaekspear, d’où peut-être ce côté psychédélisme anglais de sa musique) d’une croix signifiant que l’essai est transformé de façon plus que concluante. Nous sentons dans Les oiseaux déguisés une retenue charmante, un juste dosage qui évite le sentimentalisme dégoulinant, des arrangements délicats, un art consommé de la belle mélodie sur les beaux mots.

Les oiseaux déguisés s’avère être un disque comme une parenthèse dans un monde qui court de plus en plus vite (et en rond). Respirez, vous avez le temps de vous poser quelques minutes et vous ressourcer avec ce très bel hommage à Aragon.

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Site officiel Bertram Wooster

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