[ ALBUM ] BARASH VOW, Leftover memories, folk intimiste.
Leftovers memories, premier album de Barash Vow, disponible.
Il est des musiques qui touchent au plus profond des âmes, des coeurs, instantanément. Nous pourrions croire en la flèche d’un cupidon qui nous ferait tomber amoureux d’une voix, d’une mélodie, d’une fragilité, mais il n’en est rien. Il s’agit, simplement, d’un tout, réalisé avec délicatesse, reposant sur des accords de guitares folk, d’un chant révélant une immense part d’intimité, et le tour est joué. Barash Vow le démontre à merveille avec son Leftover memories.
Tout transparaît.
Il est question de transparence, comme si nous décortiquions un livre aux pages grandes ouvertes. Dès le visuel de l’album, il y a cette évidence. Une fragilité, une douleur, une simplicité. Certes, nous ne pouvons nous arrêter à cela, mais la sobriété de cette pochette en dit beaucoup sur ce que peut renfermer le disque. Et, en effet, nous ne nous y trompons pas. L’ascèse y est de rigueur, mais la générosité, aussi, pleinement, follement. Celle de celui qui se livre à nous, en confiance.
Tout repose sur une base folk, à la guitare. Les sonorités sont boisées, évocatrices des grands songwriters américains (nous vous passons l’énumération de ceux-ci). Pourtant, Barash Vow est français, mais il semble être tombé dans une marmite folk quand il était petit, au point que cela fasse désormais partie de son essence. Celle-ci se définit par un certain minimalisme, magnifié par la fulgurance des mélodies. Il n’est jamais question d’en mettre plein la vue. Il est plutôt question de respect de l’expression, le plus simplement possible.
Minimalisme.
Alors Barash Vow y va, avec sa six cordes et sa voix. Certes, il y a autre chose derrière tout cela. Quelques arrangements sobres, parfois évanescents, parfois plus concrets. Petits éléments électroniques, façon nappe de clavier moderne, en arrière-plan, comme le bruit du vent qui étouffe le cri des loups (quels qu’ils puissent être). Des claviers, il y en a aussi, ne surfent ni sur une vague rétro, ni sur un aspect rétro futuriste, ou simplement futuriste. Ils sont simplement là où ils doivent être, sans déborder des cases imposées par le musicien.
Une énorme sensation d’homogénéité se saisit de nous. Nous avons face à nous un bloc, de granit, de bois, mais plutôt que d’imposer un monolithe imposant, ou une ombre séculaire d’un arbre soudain privé de vie, nous avons face à nous des blocs friables, laissant entrevoir le noyau qui rayonne en leur intérieur.
Fragilité d’un trémolo.
Celui-ci est celui que trop souvent nous masquons, de peur de prendre une claque sévère par un retour de bâton funeste est indésirable. Par pudeur, on cache nos états d’âme, nos états d’être, mais Barash Vow ose se montrer tel qu’il est. Sans exhibitionnisme. Jamais. Au contraire, en livrant de cette voix pleine de fragilité, d’émotion à peine retenue, c’est bien un souffle de pudeur qu’il semble distiller autour de lui.
Il y raconte ce que tout homme devrait raconter. Quelle que soit son histoire. C’est-à-dire ce qui le compose, de beau, de pur, de vrai. L’intention de la mise à nu semble irradier des compositions de l’album, comme si le musicien effectuait une mue,intime, devant nous. Non pas que nous soyons voyeurs de cette transformation, mais acteurs (accompagnateurs serait un terme plus juste) de cette évolution.
Bien évidemment, Barash Vow n’a pas besoin de nous, mais par sa présence, par l’appel de sa voix, c’est comme s’il nous invitait à prendre place dans cette danse à la lumière vacillante qui pourtant jamais ne s’efface, résistant, frêle bougie, à la pire des tempêtes.
Avec ce disque d’une sobriété lumineuse, Barash Vow impose sa voix, dans une douceur de velours. L’essence même de sa musique, semblable à celle de tant d’autres, s’en émancipe par une originalité de traitement, et par une grâce inédite. Comme si rien n’avait existé auparavant. Comme si rien n’existera plus après.
Lefotver memories est simplement en suspension, devant nous, et nous invite à le suivre dans cet état de légèreté intime. Ce que nous faisons les yeux fermés et le coeur grand ouvert.
LE titre de Leftover memories.
Très dur d’en citer un comme ça. Parce qu’ils sont tous tirés du même écrin. Alors nous choisirons celui qui s’échappe un peu de tout cela puisqu’il s’envole dans un instrumental limpide, Vow of silence. Simple, il dégage une force mélancolique par son thème. Pourtant, l’album en lui-même n’est pas si mélancolique, même si la nostalgie qui en émane est très présente, mais avec suffisamment de cette touche lumineuse pour rester dans ce giron plutôt « joyeux ».
Vow of silence lui, laisse planer par son électricité latente, survolant l’arpège initial, cette déchirure, cette douleur interne de celui qui a vécu un épisode traumatisant. La mélancolie s’installe, jamais véritablement effrayante, néanmoins présente et drapée d’un long manteau noir, qui s’évapore dès que la musique reprend sur un autre titre, plus ensoleillé.
On pense à Westwego