[ ALBUM ] BAASTA !, Paanic, coup de pied dans la fourmilière.

Premier album de Baasta!, Paanic.

Avec Paanic, Baasta ! bastonne. Le groupe, post-punk, dit tout haut ce que la bien pensance n’ose même pas rêver dire. Autant dire que ce constat sans concessions du monde dans lequel nous vivons aujourd’hui a tout pour nous plaire. Poing en l’air, fier, arrogant, Baasta ! file la gaule !

Musicalité.

Avant de nous attaquer au nerf de la guerre, c’est-à-dire les paroles des 10 titres de Paanic, parlons un peu musicalité. Nous qualifions le groupe de post-punk, mais cela n’est pas tout à fait exact. Du punk, Baasta ! reprend l’énergie, le franc-parlé, le chant scandé et une relative simplicité dans la composition. Attention, nous disons bien relative. Le duo fait reposer sa musique sur une batterie minimaliste (et boîte à rythmes), sur laquelle des strates de guitares électriques et une basse tourbillonnante, et ultra présente, viennent se poser.

Nous notons cependant des arrangements s’esquivant des critères punks à proprement parlé. En effet, ils s’orientent plutôt vers le rock, légèrement cold wave (qui reste rock cela dit). Quelques claviers, des choeurs, des constructions en forme d’empilement de matière sonore apportent à la musique de Baasta ! une dimension les faisant sortir du carcan punk, et les démarquant allègrement, par la qualité de leurs compositions du maelstrom souvent indigeste du genre. La densité de la musique nous terrasse, nous laisse souvent à bout de souffle, comme si l’urgence de Bassta ! devenait la nôtre. Nous avons le sentiment dès lors de faire partie du duo, par la pensée, par le même sang (rouge, pas de sang bleu ici).

Les paroles.

Nous pourrions y passer des heures sur ces paroles pour en faire une analyse de texte (mais personne ne la lirait alors on ne va pas se faire chier inutilement). Mais ce que nous pouvons d’ores et déjà dire, afin que personne ne fuit ce groupe avant même de l’avoir écouté, c’est qu’il n’y a rien ici de démago. L’art de l’écriture de Baasta ! réside tout d’abord dans l’angle d’attaque. Et là, nous n’avons rien à dire. Le groupe n’ouvre aucune porte ouverte, il va bien au-delà de ça. Nous dirions simplement que Baasta ! parle avec sa conscience de citoyen et d’homme révolté, dépité par la société qui est la nôtre, par la tiédeur des consciences aseptisées d’aujourd’hui. Nous sentons dans ce cri de colère un cri de vie, de celui qui ne cesse que quand le cœur s’essouffle définitivement. Révoltés ? Oui. Mais surtout jamais à mauvais escient, car ici le message est gorgé d’humanité, pleine de dignité.

Plus en détail, cela donne des mots qui égratignent bien souvent nos peaux sèches et arides, comme pour nous aider à muer. Très adulte dans la forme et dans le fond, nous n’avons pas à faire ici à un groupe crétin. Au contraire ! L’écriture est plus que soignée, très littéraire pour le coup. Dire des choses, c’est bien, y mettre les formes, c’est mieux ! Et Baasta ! le fait, avec brio. Ce qui place le groupe en haut du panier, sans sombrer, nous le répétons, dans une espèce de variété bon marché ou dans un punk sans inspiration réutilisant les mêmes phrases devenues tellement lisses qu’on ne comprend même plus pourquoi ils ont des crêtes pointues, les keupons. Paanic joue la nuance, propose une alternative à la musique justement dite alternative. Et Paanic y gagne alors en force, en engagement, en puissance.

Quand je vois vos règles du jeu, j’espère mourir avant d’être vieux.

Cette phrase, tirée de Ton camp, résume un peu l’ensemble de l’album. Et remet un peu de plomb dans l’aile à ceux qui disaient simplement vouloir mourir avant d’être vieux. Vous saisissez la nuance ? Peut-être pas. Mais alors il ne vous reste plus qu’une solution, vous précipiter sur Paanic pour que toutes les nuances de Baasta ! vous sautent aux yeux, vous ramènent éventuellement sur le bon chemin (oui oui, véritablement sur le bon chemin, car il n’y a pas d’autre choix possible pour vivre). Pour nous ce disque est un concentré de tous ce qui nous maintient en vie, ce sentiment jamais avorté de vouloir exister simplement, dignement. Poing en l’air on vous dit ! Et fier !

LE titre de Paanic.

Si le single Choisis la vie (que vous pouvez revoir ICI) nous fait toujours très forte impression, pour le besoin de la chronique nous allons choisir un autre titre. Et comme nous avons le choix entre plusieurs, nous choisissons Fosbury. Déjà avec son refrain « on sautera vos barrières sur le dos, façon Fosbury, les yeux au ciel » plein d’une poésie du bitume. La force de cette seule phrase nous rétame. Pas vous ?

Pour le reste, ce titre possède une rythmique et une énergie plus douce que l’ensemble de l’album, mais toujours avec cette prise de conscience qui n’a pas de prix. Les guitares sont ici délaissées pour un motif de synthé, obsédant, une basse ronde et pleine de groove, un chant qui traîne sa dernière note comme un spleen désabusé sur le point de se réveiller, et de tout péter. Et puis, c’est un titre révolutionnaire, et forcément, ça nous plaît. Poing levé (on ne l’a pas déjà mentionné plus haut?). Et fier ! Basta !

baasta paanic

 

Site officiel Baasta !

Comments (1)

  • Madcalais, cynique et lucide - LITZIC

    […] le monde qui nous entoure, la musique n’est pas en reste. Le son, plus massif que sur Paanic, s’avère aussi plus dense, avec une part plus importante laissée aux claviers. Pourtant, le […]

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