ANIMAUX SURROUND, Till death dries

animaux surround till death driesEP autoproduit déjà disponible.

Sans crier gare arrive un jour Animaux Surround, musicien auto-produit dont nous n’avions jamais entendu parlé (comme c’est très souvent le cas). Pourtant, ce n’est pas un nouveau venu car il a déjà sorti, en 2012, un album, Capture, et en 2014 un mini album 7 titres Château-fantôme.

Sans crier gare non plus, sa musique nous touche en plein cœur. C’est un peu cela la magie de la musique, celle qui sort des circuits habituels, celle qui évite de tomber dans le piège du formatage. Il y a beaucoup de musiciens dans le même cas, qui produisent une musique en prise directe avec les émotions, avec un sentiment un peu magique, un peu surnaturel aussi, de toucher directement et réciproquement à l’âme (autant de la personne qui fabrique sa musique que de la personne qui l’écoute).

Till death dries nous fait immédiatement cet effet. Sans passer par des chemins détournés, mais en produisant une musique d’une simplicité mélodique enfantine, reposant sur une voix presque blasée, un peu grave, et des mélodies instrumentales farouches, sauvages, mais dégageant elles aussi une beauté cachée qui s’exprime ici au grand jour.

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5 titres.

L’EP se compose de 5 titres, pour un quart d’heure de musique. Nous sommes en présence d’une pop où les claviers s’épanchent en nappe, où la guitare est rythmique, arpèges, acoustique ou électrique peu importe. La batterie est sèche, presque aride, elle claque, apporte un peu de rugosité à l’ensemble. La basse, mixée bas (à l’exception d’un petit passage sur Disorder), est une pulsation presque inaudible, pourtant présente, squelette qui, avec la batterie, tient les morceaux debout, en un bloc. La voix, elle, est maintenue dans un voile d’écho, de légère distorsion. Elle n’est pas lyrique, se contente d’un minimum sobre, mais vibrant de cette étincelle qui transmet la passion, le feu.

Elle véhicule parfois un spleen « du dedans », celui de l’homme qui s’exprime sur la banalité trouble de ce qui l’entoure. On y voit un constat un peu amer, un peu triste, de ce qu’est la vie. Portés par des tonalités mineures, la musique lui sert de tremplin, à cette mélancolie, pour qu’elle s’exprime sans être bridée.

Noir et blanc.

Cet EP est un noir et blanc peu contrasté, minimaliste. Plus que d’imposer ses morceaux, Animaux Surrond nous laisse venir à eux en appuyant sur les répétitions des thèmes, des lignes (comme l’arpège sur le début de Landscape, ou sur (k)now). Ainsi, il se fait entendre, plante une petite graine de son paysage sonore qui nous tombe au creux de l’oreille. À nous dès lors de l’entendre, de la voir s’épanouir, de la voir fleurir et donner son fruit. Celui-ci mûrit en 5 minutes pour le titre le plus long, à peine plus de 2 minutes pour le plus court.

Pourtant, plus que sa durée, c’est son intensité, souvent détachée, qui fait son effet. On pense à la sauvette à un groupe comme Girls in Hawaii, ou à Daniel Darc lors de son inespéré comeback Crève cœur. Comme ce dernier, il y a quelque chose dans la voix qui (nous) parle, qui évoque un gouffre insondable de tristesse, ou de résignation, d’écorché vif aussi, même si l’expression peut paraître déplacée du fait de la douceur qui règne sur l’ensemble de Till death dries.

Tissus.

La musique d’Animaux surround, à l’écoute du morceau d’ouverture The fall nous donne l’impression d’être un tissu. Autant celui que l’on porte sur nous pour nous couvrir des intempéries qu’un tissu organique. Il nous tient au chaud, nous évite de brûler au soleil, il lie nos chairs à nos os, lie nos os entre eux. L’impression d’être maintenu dans un univers extérieur qui pourtant est proche de notre intérieur. Indescriptible sensation de sentir que l’on est en présence de quelqu’un qui nous indique, sans le vouloir, que lui aussi perçoit le drame de nos vies qui nous échappe par le jeu d’une société carnivore, quand bien même nous nous rattachons à ce qu’elles ont de plus beau. (l’amour, la compassion…).

Ainsi ballotté entre mélancolie et espoir, Till death dries nous montre que nous sommes bel et bien vivants. Et c’est surtout ça qui est important car ainsi, l’espoir demeure.

 

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