AM HIGGINS, Hymning (Victorialand records/kuroneko)

am higgins hymningPremier album.

AM Higgins est américaine, mais vit en France. Elle a quitté la ville pour la campagne, Chicago pour Najac (Aveyron). Elle a dû s’adapter, troquer le côté trépidant des paysages urbains pour les aspects plus tranquilles et reposants d’une vie campagnarde. Comme une évidence, sa musique s’en inspire, et Hymning pourrait un peu être cet hymne de nos campagnes (comme chantait Tryo) vu par le regard d’une ex-citadine.

Forcément, les couleurs, les odeurs, les bruits ne sont pas les mêmes. Chaque élément remet ici plein de fonctionnements en question, impose un changement de manière d’être, tout comme cela influe sur la façon d’envisager le moment présent. Ainsi, saisi par la beauté d’un paysage, les émotions peuvent autant être à l’émerveillement qu’à la tristesse qui nous envahit d’être passé si longtemps à côté. Ces nouveautés nous mettent en phase avec nos paysages intérieurs, ce que met AM Higgins en relief de façon délicate.

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Hymne pop.

Pour nous entraîner dans son univers, AM Higgins utilise la manière douce, en disposant autour d’elle des éléments pop plutôt classiques, basse batterie orgue piano, et électroniques pour agrémenter le tout d’une dose de modernité. Pour autant, nous ne sommes ni plongés dans une folk pastorale, ni dans une surenchère urbaine. L’équilibre est fragile, mais Higgins s’en accommode à merveille, proposant 8 titres comme autant de vignettes sur des constats ponctuels (mais appelés à devenir constants, réguliers).

Nous sentons que cet album se découvre comme un roman, ou comme un carnet intime, dans lequel la musicienne aurait noté toutes ces petites choses insignifiantes qui font pourtant de la vie un rêve à vivre. C’est pourquoi les sensations et émotions qui nous assaillent sont aussi diverses, couvrent le large spectre de ce que les humains vivent et éprouvent au quotidien.

Tristesse/mélancolie, espoir, joie, attendrissement face à une beauté qui se dévoile à nous, sentiment épique face à ce qui s’étend à perte de vue ou au contraire impression d’être insignifiant face à la majesté de la beauté qui nous entoure, Hymning nous délivre un message de respect profond, total, mais aussi un besoin de vivre le plus librement possible, en adéquation avec qui nous sommes véritablement.

Compositions aériennes.

Bien que reposant sur des figures plutôt balisées, les compositions de l’artiste ne manquent pas de nous faire sortir de notre torpeur. Osant des passages instrumentaux, parfois légèrement expérimentaux, nous nous laissons emporter par une vague faite d’un groove discret, jouant parfois sur une répétition presque hypnotique, qui nous embarque dans un pays des merveilles qui serait, à l’inverse de celui d’Alice, tout sauf psychédélique, tout à fait en prise avec une réalité concrète et naturelle.

La voix est envoûtante. Elle possède cette densité qui fait que nous ne pouvons absolument pas rester impassibles à son écoute. La maîtrise de son souffle nous électrise, sa façon de poser sa ligne de chant nous attise les sens. Il est, ce chant, une des clés de voûte de son univers, un havre où se réfugier un jour de tempête, un endroit où il fait toujours bon être.

Qui plus est, les différents titres possèdent un caractère familier, comme s’ils faisaient partie de nous depuis longtemps. On se reconnaît dans cette énergie à la fois contemplative qui nous susurre également qu’il est temps d’agir, à la fois pour nous, de prendre les bons choix pour être mieux dans notre vie personnelle, mais aussi à une échelle plus vaste, d’agir pour protéger ce qui nous entoure et nous accueille depuis des millénaires.

Poésie.

Il y a, dans tout Hymning, une poésie terrienne qui vient se frotter aux récifs de nos vies souvent malmenées. Comme une volonté de tout remettre à plat, en se laissant submerger une bonne fois pour toutes par l’ordre naturel des choses. De ne rien brusquer, d’apprendre à s’écouter, d’apprendre aussi à voir ce qui nous est cher, sans se mettre d’œillères, sans croire que le bonheur est dans l’avoir, mais qu’il réside bel et bien dans l’être.

Carry me, qui renferme le disque est un parfait exemple de ce constat qui dit qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire, pour retrouver du sens, même si les choix qui s’imposent sont difficiles. Au final, en combattant ce qui nous fait du mal, même si cela peut s’avérer compliqué et ardu, c’est un mieux-être qui finira par surgir. L’écoute de Hymning nous fait donc un grand bien, marque un état proche de l’onirisme, nous plonge dans un état de bien-être absolu. Et nous donne envie de reprendre en main notre destin.

LE titre de Hymning.

Grosse tendresse pour Ode. Il s’agit presque d’une berceuse, à la Sparklehorse, une chanson que nous chanterait notre mère pour nous aider à nous endormir le soir. Légèrement soul dans son chant, le rythme chaloupé du morceau nous fait flotter, avec grâce. Légèrement crescendo, l’intensité se déploie en fin de titre par la puissance délicate de la voix. Les éléments électroniques sont arrangés avec beaucoup de tact et donnent à Ode une dimension presque spirituelle.

La voix fait des merveilles, portant avec elle tant de douceur que nous n’avons qu’une seule envie, nous blottir contre elle, en ressentir la chaleur. Reposant sur finalement peu de chose, Ode s’avère un morceau faisant instantanément figure de classique. Et nous on aime cette évidence qui s’impose à nous sans nous forcer la main. Sublime titre.

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