[ ALBUM ] MOONLIGHT BENJAMIN, Simido

Simido, Nouvel album de la prêtresse vaudoue Moonlight Benjamin (disponible le 31/01)

Ce nouvel album de Moonlight Benjamin, Simido, est un cri. C’est un cri, puissant, magistral, qui véhicule espoir, colère. C’est un cri porté par une voix, par une âme, celle du peuple haïtien. Moonlight Benjamin n’est pas qu’une chanteuse, elle est une conscience.

Les pieds dans le blues.

Premiers accords de guitare. Rêches. Une batterie se pose immédiatement dessus. Sèche. Et la voix ne tarde pas à suivre. Incarnation d’une image de combattante. La puissance de cette voix nous saute aux oreilles, nous convainc de tout, parce qu’elle est plus qu’une simple voix, elle est une histoire, elle est la couleur d’un peuple, sa fierté.

Moonlight Benjamin possède cette présence qui dépasse simplement le cadre vocal de ses prestations. Son corps habite l’espace, son aura plane au-dessus de nous, de nos vaines certitudes, de nos peines, de nos espoirs aussi. Elle n’a rien d’angoissant, cette aura, non, c’est une aura de la Terre, bienveillante mais qui ne se laisse plus faire.

Le blues qui la soutient est lui aussi tellurique. Peu d’effets dessus, juste un côté rugueux, originel. Les guitares raclent le sol défoncé, la basse porte la transe, surtout lorsqu’elle est couplée à cette batterie aux peaux tendues comme retentirait un coup de fouet dans leur du matin. Ce blues sent la poussière, sent la misère, mais n’est en rien misérabiliste, au contraire. Il tente de s’extraire de la fange comme pour mieux s’ériger en marque d’espoir !

Puissance, protection.

Simido dégage de rares sentiments. Nous sentons sa puissance, par une cohésion sans failles, qui s’achève par un morceau plus léger (de fête serions nous-tentés de dire), Kafou, comme un pied-de-nez à la fatalité. Le message de Simido ne fait aucun doute, il invite à regagner sa fierté, à combattre quand tout semble perdu d’avance. C’est un champ de révolte dont la récolte ne peut être que la paix de tous, par tous. Mais ce n’est pas qu’un combat.

Pour nous, Simido est un disque protecteur, qui repousse très loin les démons de nos vies à tous, et celle d’Haïti en particulier. Mais qu’il s’agisse de ce pays ou de notre petite personne, l’universalité du propos de Moonlight Benjamin s’applique. Sans être une porte-parole, elle refuse le constat d’un monde peuplé d’injustice, appelant non pas à suivre sa voix (ou voie), mais à suivre la nôtre. Son message paraît presque être celui-ci : aimes-toi et le ciel t’aimera.

Prêtresse Vaudoue.

Il paraît que Moonlight Benjamin est une prêtresse Vaudoue. Une vraie prêtresse Vaudoue. Peut-être est-ce vrai, peut-être cela n’est qu’un propos de journaliste colporté par une foule de suiveurs peu inspirés. La vérité est que si elle l’est, ou que si elle ne l’est pas, son chant, sa manière de vivre sa musique, de l’exprimer (ici avec ses compagnons musiciens, excellents), apportent une dimension presque religieuse à son édifice. Et finalement, qu’elle soit prêtresse ou pas, cela importe peu tant que son message porte ses fruits.

La musique est cet art qui réveille les émotions, qui éveille les consciences. Il est cet art qui peut faire changer le monde. Et avec son charisme, sa présence, Moonlight Benjamin, dont le regard, magnifique, ornant la couverture de l’album, transporte déjà son lot de messages de force, de caractère et d’une indicible humanité, nous donne l’envie de croire que rien n’est figé, que le passé n’est pas notre futur, que nous pouvons tous agir pour que tout aille pour le mieux. Ce disque n’est ni un sermon, ni un prêche, c’est un cri de vie. Et la boucle est bouclée.

LE titre de Simido.

Pour nous, le morceau symbolisant Simido est Salwe (se prononce saloué). Ce titre est d’une force peu commune, notamment sa fin en répétition qui décuple sa puissance par des ajouts en pointillés d’instruments. Ce titre est une transe, un moyen d’oublier les murs de nos appartements ou maisons pour retourner à la terre.
À la Terre.
À la Terre-Mère.
Ce titre est une obsession, un rythme qui prend aux tripes (comme beaucoup d’autres sur cet album), un motif musical qui s’imprègne dans nos cheveux, dans nos vêtements, pour ne plus jamais nous lâcher.

On y entend la poussière, les cris d’enfants, l’espoir d’un changement, d’un renouveau. Nous y percevons la dignité aussi. Et surtout, à son écoute, toutes les frontières se dissolvent. Nous ne faisons qu’un nature/Homme/musique, dans une spirale sans fin et sans début. Le temps n’a plus d’importance. Seule compte l’évocation profonde de l’être, de ses rêves. Un morceau d’une ampleur dingue que nous écoutons, forcément, à fort volume sonore, comme pour le partager au monde.

moonlight benjamin simido

 

Site officiel Moonlight Benjamin

On pense à Delgres.

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