[ALBUM]ABOUKIR, Digital Introversion // Voyage Intérieur

aboukir digital introversionDebut album disponible chez Rotary Phono Lab

Les premières lueurs du jour apparaissent à l’horizon. Un nouveau départ comme tant d’autres. Nous marchons, respirons la vie, le meilleur moment de la journée. Les écouteurs coincés dans les oreilles, les ondes acoustiques font vibrer nos tympans. Notre rythme cardiaque, et les mouvements de notre diaphragme s’apaisent. Ce matin, dès les premières notes de Digital Introversion d’Aboukir, la dopamine fait son effet. Ben quoi? Il n’y a pas de mal à se prendre un petit shoot de bonheur en musique. Litzic, dealer officiel de bonheur! Aboukir, c’est cette petite ville Égyptienne à quelques kilomètres d’Alexandrie, qui en 1798, s’est fait connaître par l’une des plus grandes batailles navales entre les flottes britanniques et françaises lors de la campagne d’Égypte. La flotte de Napoléon ayant essuyé un sacré revers.

Fou furieux de musique électronique

Derrière le pseudonyme d’Aboukir se cache Ralph , multi-instrumentiste, compositeur et producteur. Il est aussi connu sous le nom de Flabaire, un fou furieux de musique électronique plus précisément de House Music. Sous ce nom a déjà trois albums à son actif,It’s Just A Silly Phase I’m Going Through (2016), Bandwidth (2018) et Layers (2020). Ralph est également cofondateur du Label Musical Français de House, D.KO Records. Un collectif d’artistes qui souhaite donner un nouvel élan à la house française. Afin de faire taire certains détracteurs qui fustigent la scène électronique, comme une musique sans âme qu’il suffit de confectionner derrière un ordinateur, Ralph Maruani, enfante avec quatre autres musiciens, Secret Value Orchestra, un groupe de House, live et avec instruments.

Schizophrène, quelque peu foutraque mais loin d’être déséquilibré, Ralph aka Flabaire aka Aboukir nous livre Digital Introversion, un album composé de huit titres aux influences sixties / seventies, époque où les chefs d’œuvres musicaux coulaient en abondance. Toute la scène pop / rock actuelle est marquée au fer rouge par cet âge d’or. Si ici, Ralph semble faire le grand écart entre deux styles musicaux bien distincts, la House et le Rock Psyché, ce n’est pas un hasard. Le papa et l’oncle avaient formé un groupe de rock psychédélique fin des années 60, et avaient sorti deux ou trois galettes. Dans une interview, Aboukir mentionne que ses aînés avaient même joué en première partie de Steppenwolf. Ça laisse forcément des traces! C’est cet héritage musical qu’il nous transcrit à sa manière.

Notre imaginaire est exacerbé

À l’écoute de l’album, il se dégage une certaine nostalgie et mélancolie. La guitare est lascive, la voix, elle, est cotonneuse alors que les notes endiablés du clavier Rhodes nous font entrer doucement dans une transe intérieure comme sur le morceau Memory Lane. Cette transe intérieure, nous la retrouvons avec le titre Digital Introversion. Les accords de la guitare semblent flotter autour de nous, la batterie nonchalante bat la mesure d’un calme olympien. Nous perdons pied et partons progressivement dans un voyage intérieur, quasi chamanique. L’errance de notre âme se poursuit avec le morceau fleuve Cosmic Discomfort, où le rythme de la batterie nous envoûte pendant que nous respirons les salves lancinantes de la voix d’Aboukir faisant un parallèle entre l’environnement astral et humain. À mi-morceau, le clavier et la basse débarquent, et nous sortent de la torpeur, puis le solo de la six cordes fait le reste. Les envolées instrumentales nous rappellent celles, très seventies, du magnifique album Ill Communication des Beastie Boys.

Oui, nous savons, ça peut paraître étrange comme comparaison. Cependant elle ne s’arrête pas là. Avec les New-Yorkais, nous avions eu la lamentation d’Eugène, Aboukir nous offre celle de George, avec George’s Lament. Le message est clair. Il faut prendre la vie comme elle vient. Même si sur la plupart des morceaux la partie instrumentale prend une place prépondérante, Ralph y pose toujours la voix, sauf sur Moonlight Serenade, où nous apprécions chaque note, chaque son. Nous marchons, nous observons la lune et son ambivalence, à la fois son côté sombre et lumineux. En écoutant ce titre, notre imaginaire est exacerbé. Le morceau St People commence comme une ballade acoustique, avant de mourir en un solo électrifié. Le narrateur semble exprimer un mal-être. Celui de ne pas être à la bonne place, entouré de personne qu’il ne connaît pas, ne sachant pas quoi leur dire.

Quête de spiritualité

Sur Step By Step, Aboukir nous amène à Cicero, banlieue de Chicago, connue pour avoir été le bastion d’Al Capone dans les années 20. Ici, nous nous réveillons avec une gueule de bois, un homicide sur les bras et une amnésie éthylique. Avec A Year From Now, nous nous projetons dans l’avenir. Un avenir que nous ne maîtrisons pas et qui nous fait peur. Digital Introversion nous invite à être beaucoup plus attentif à notre monde intérieur, à notre énergie. Ici Le Rock Psyché n’a jamais aussi bien porté son nom.

Le Monde vit depuis plus d’un an une période difficile, nous perdons nos repères, et la quête de spiritualité peut être une échappatoire. Pour ceux qui sont dans ce cas, et qui ne sauraient pas vers quelles croyances ou pratiques se tourner, commencez par écouter l’album d’Aboukir… Fermez les yeux et laissez-vous aller…

LGH

LGH
(Le Gosse hélicoptère) j’adore découvrir de nouveaux artistes encore inconnus du grand public
et chercher ceux qui dans le passé ont fait ce qu’est la musique aujourd’hui.
La musique m’accompagne en permanence et tient une place primordiale dans ma vie.
Mon maître-mot est l’éclectisme même si mon cœur balance pour le rock sous toutes
ces formes. J’affectionne également la littérature et plus particulièrement la littérature
anglo-américaine (Bret Easton Ellis, Don Delillo, Jonathan Franzen,…).

Relire la chonique de Modesty Blaise

 

 

 

Retrouver Litzic sur FB, instagram, twitter

soutenir litzic

Ajoutez un commentaire