[ ROMAN TRHILLER ] RENE DENFELD, Trouver l’enfant

Trouver l’enfant, thriller de Rene Denfeld (disponible chez Rivages/noir).

Quand nous avons su que Rene Denfeld sortait deux romans simultanément chez Rivages, dans sa collection « noir », nous n’avons pas hésité une seconde : il nous fallait les lire absolument ! En effet, cette autrice américaine nous avait particulièrement touché avec son premier roman, En ce lieu enchanté, un roman se déroulant dans le couloir de la mort d’une prison américaine, du point de vue de l’un des futurs exécutés. Dans Trouver l’enfant, nous quittons l’univers carcéral pour celui, plus aéré, de la haute montagne.

L’histoire.

Madison a disparu en montagne, alors qu’elle avait 5 ans. Partie avec ses parents à la recherche d’un sapin pour Noël, la fillette disparaît, sans laisser de trace (une tempête surgit qui balaye toutes les empreintes). Trois ans plus tard, ses parents, ayant tout essayé, contactent Naomie, une enquêtrice spécialisée dans les disparitions d’enfants. Elle-même, enfant, a vécu un traumatisme similaire. La recherche de Madison la guidera sur la piste de son passé.

Nous sommes ici en présence d’une trame plutôt commune dans la catégorie des thrillers. En effet, ce thème de la disparition d’enfant est relativement répandu (en deuxième position derrière la traque d’un serial killer, qui souvent enlève des enfants). Ce thème pourrait dès lors paraître un peu rabâché, d’autant plus que l’héroïne, elle aussi, cherche à retrouver l’enfant qu’elle était avant sa résurrection (on ne vous en dira pas plus sur ce sujet et sur le titre à tiroirs de ce roman). Pourtant, Rene Denfeld nous captive du début à la fin, avec une plume poétique et forte.

Thriller.

Nous en avons lu des tonnes, de thriller. Tellement que nous savons qui est responsable de la disparition de la petite fille très vite. Est-ce bien grave ? Absolument pas, cela fait partie du jeu. Nous aurions pu nous dire « on laisse tomber cette lecture, on voit où Denfeld veut en venir avec son histoire », mais nous n’en avons rien fait. Pourquoi ? D’une part, nous sommes curieux. Il nous fallait tout savoir des circonstances, du pourquoi et du comment cette fillette a disparu. D’autre part parce que les personnages sont profonds. Et enfin parce que le style de Rene Denfeld est un mélange de force et de douceur, lesquelles entrent souvent en conflit et déclenchent des émotions très contrastées/violentes chez nous.

L’intrigue déroule ses tentacules lentement. Denfeld prend le temps de poser la base de son récit, de façon à mieux nous le rendre familier. Cette façon de procéder fonctionne à merveille. Nous nous identifions aisément aux personnages, au(x) décor(s) et aux différentes situations. Ici, pas une foultitude de personnages, juste une poignée. Pas besoin de réfléchir à qui est qui, ils sont suffisamment nuancés et différents pour être tout de suite identifiables. Certains thrillers abusent d’une galerie de personnages qui parfois entrave le plaisir de lecture, ici, Rene Denfeld est dans le juste milieu.

Ramifications.

Trouver l’enfant est une histoire pleine de ramifications. Ces ramifications permettent d’entremêler trois histoires en une (celle de la disparition de Madison, celle d’un autre enfant, dans la même ville, et celle, intime, de Naomie). Mais ces ramifications conduisent également à tisser la psychologie de chaque personnage avec précision. Ceux-ci sont dès lors plus vivants, plus palpables, en chair et en os pour ainsi dire. Cela nous donne une seule envie, dévorer le bouquin de la première à la dernière page, ce qui est fait relativement rapidement tant le plaisir de lecture est fort.

C’est évidemment elle qui nous a fait sauter sur les deux romans de Rene Denfeld. Trouver l’enfant (et sa suite sur laquelle nous aurons l’occasion de revenir, La fille aux papillons) possède en effet une écriture qui avait déjà fait mouche sur En ce lieu enchanté. Celle-ci s’avère pleine de légèreté, de douceur presque, combien même elle peut raconter des choses affreuses. La plume de Rene Denfeld possède une grâce très caractéristique, et inimitable. Celle d’une poésie qui prend aux tripes.

Poésie et horreur.

Cette poésie tend à tout rendre léger, même l’insupportable. Cela a pour effet, par jeu de contrastes, à nous retourner complètement les sangs. Surtout que l’autrice est très maligne, pour ne pas dire parfois sadique. Là où d’autres entreraient dans forces descriptions, Rene Denfeld s’arrête sur le perron de la porte, nous donne un aperçu de l’entrée et… nous laisse dérouler le fil de notre imaginaire. Résultat : là où des descriptions montrent la scène, parfois avec crudité, l’autrice nous laisse l’imaginer du (presque) début à la fin. L’impact en est alors décuplé de façon tragique (et un peu magique aussi).

Beaucoup d’éléments ont lieu, dans Trouver l’enfant, hors cadre. Si ce procédé fonctionne à merveille dans certains films, il est très dur de l’appliquer aux livres. En y parvenant, Rene Denfeld nous entraîne dans un lieu à part, un endroit où chaque détail compte, qu’il s’agisse d’indice sur l’enquête ou sur le trauma que l’héroïne a vécu enfant. C’est simplement éblouissant, tant de maîtrise que de tact. Nous n’avons qu’une hâte, nous plonger dans la suite de l’histoire de Naomie avec La fille aux papillons.

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Relire la chronique de En ce lieu enchanté.

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