[ ROMAN ] CATHERINE LE GOFF, La fille à ma place.

Premier roman de Catherine Le Goff, La fille à ma place ( Éditions Favre).

Avec son premier roman La fille à ma place (paru aux Éditions Favre), Catherine Le Goff nous livre un thriller à l’écriture incisive, rythmée, n’étant cependant pas exempt de certains défauts relatifs à un premier ouvrage. On vous décrypte tout cela.

Un meurtre, la fuite.

Nin vit avec Jeff. Un jour, elle comment l’irréparable, elle tue la maîtresse de celui-ci. Crime passionnel, animal, pas prémédité. Elle plaque tout, part retrouver le père qui l’a abandonné quand elle était enfant. Sa vie sera faite de fuite, de découverte de soi et de ceux qui auraient dû faire partie de sa famille.

Nous n’en dévoilons pas plus sur ce roman afin de garder les surprises intactes. Et il y en a quelques-unes qui habitent le livre. Peut-être un peu trop d’ailleurs (et c’est là que résident les défauts que nous évoquions en introduction), ce qui a tendance à leur l’histoire un peu dure à avaler. Nous voulons dire par là qu’il nous est dur de croire à ce que se trame dans ce thriller qui ne manque pourtant pas de qualité.

Ces défauts sont ceux inhérents à tout premier roman. Nous voyons bien que l’autrice a plein de choses à dire, à évoquer (et d’ailleurs elle en parle en toute fin de livre), qu’elle se précipite peut-être un peu en voulant tout dire dans un seul livre. Nous n’allons pas lui en porter rigueur, nous qui sommes incapables d’écrire un roman. Ce que nous voulons dire par là, c’est que Catherine Le Goff a plein d’idées intéressantes, mais les mettre toutes dans un seul livre amoindri leur impact, tend à décrédibiliser l’histoire, voire à lisser la psychologie de ses personnages (notamment secondaires). Ceci étant dit, passons aux qualités du roman.

Une plume incisive, une ambiance de livre noir.

La plume de Catherine Le Goff est vive, possède quelque chose de l’ordre du spontané. C’est-à-dire que La fille à ma place se lit très vite, nous plonge sans tarder dans une situation inextricable pour son héroïne et que nous en suivons le déroulement le souffle court. Fait de phrases courtes, de dialogues efficaces, nous plongeons dans le roman les deux pieds en avant, incapable de savoir si nous reprendrons pieds au long des 185 pages de l’ouvrage.

Cette écriture est noire. Elle est imbibée d’une substance poisseuse, de celle qui habite les pensées d’une meurtrière. Mal être, dégoût de soi, peur, nous sentons ces sensations nous investir, faire partie de nous. Nous nous mettons évidemment à la place de Nin, conscient que si nous accomplissions un tel acte, parce que blessés, trompés, bafoués, nous perdrions le contrôle de nous-même, de nos pensées les plus noires. L’écriture de l’autrice possède donc cette qualité de nous faire ressentir, sans que cela ne soit dit de façon exagérée, les tourments d’une personne détruite par ses actes. La plume est donc légère, dans ce sens ou aucun trait n’est forcé, ou la suggestion est plus forte que la démonstration.

La maladie comme source de tension.

Mais nous voyions d’autres éléments présents dans ce roman qui se font jour au fil de la lecture. Il y est question de séparation, de manque de l’autre, d’estime de soi, de difficultés à vivre avec quelqu’un de malade, avec la culpabilité d’avoir commis l’irréparable, avec le fait de vouloir faire face. Ces thèmes sont évoqués par l’autrice (qui est par ailleurs psychologue de métier) en fin de roman, ce qui permet à ceux qui ne l’auraient pas compris de quoi il retourne dans ce roman noir (nous préférons ce terme à celui de thriller).

Cette densité de thèmes abordés aurait mérité soit un roman plus long, soit d’être traité dans un second ouvrage en creusant peut-être la psychologie des personnages secondaires qui ne sont ici qu’effleurés (ou disons plutôt qu’ils ne sont ici vu que du point de vue de l’héroïne principale). Le résultat étant que ce livre nous laisse comme une sensation d’inachevé que ne laissaient pas présager les premières pages du livre qui nous avait littéralement happées.

Pour résumer, nous dirions que ce livre possède des qualités certaines, une plume habile, de bonnes idées, mais que voulant en dire trop (ce qui n’est pas un défaut en soi), l’autrice perd en pertinence et en impact. Cela dit, La fille à ma place laisse présager de bonnes choses pour cette autrice possédant de belles qualités de conteuse qu’il lui reste à confirmer.

la fille à ma place catherine le goff

Un autre livre noir, Rires de poupées chiffon

Ajoutez un commentaire