ANNA PIA, Tohu-bohu ! chez les quinquagénaires.

anna pia tohu-bohuRoman paru chez Le lys bleu éditions

Christine, la cinquantaine, divorce soudainement après avoir découvert que son mari n’était pas des plus fidèles. Commence pour elle une nouvelle vie, seule. Redécouvrant la liberté du célibat, sans avoir d’enfants à charge, elle revit et décide d’organiser un voyage en Italie, avec des amis et des membres de sa famille. Avec Tohu-bohu ! chez les quinquagénaies, Anna Pia nous dresse un portrait en creux d’une génération loin d’être vieillissante.

Nous ne cachons pas que nous sommes d’ordinaire peu friands de ce genre de littérature. Pourtant, derrière cette légèreté de ton et un humour bon enfant, ce livre sait aussi nous émouvoir de façon inattendue. Il s’avère, en ce sens une découverte des plus sympathiques.

Un portrait générationnel.

Se retrouver célibataire une fois quinquagénaire peut paraître de prime abord une épreuve insurmontable. Nous nous disons, comme ça que, l’âge n’aidant pas, à 50 ans passés, se retrouver seule, comme Christine, doit s’avérer particulièrement éprouvant. Forcément, la découverte de la tromperie, et l’obligation de devoir poser les bases qu’une vie « inédite », pose des contraintes certaines.

En commençant son histoire juste après avoir digéré les choses, Anna Pia place donc son personnage principal dans la reconstruction. Bon point car il n’y a pas d’atermoiement, de passages pleurnichards. Lorsque l’autrice relate la découverte de la tromperie, le ton est colérique, mais pas larmoyant ou pathos. C’est un indéniable bon point d’avoir passé sous silence des états d’âme dont nous imaginons sans mal la teneur.

Cette génération que l’on pense à tort vieillissante (les quinquas rejoignent presque le cercle des aînés, professionnellement parlant) déborde pourtant d’énergie. Il faut dire qu’ils n’ont plus trop à s’en faire concernant l’éducation des enfants (souvent partis du cocon familial) ni professionnellement parlant (la plupart ayant une situation bien installée). Bref, ils n’ont plus qu’une chose à faire, profiter de la vie.

Dans le cas présent, outre les événements courant de toute personne (fêtes d’anniversaire, fêtes de fin d’année, soirée entre amis), la bande joyeuse bande prépare un voyage en Italie qui se révèlera plein de surprises, dont une de taille.

Humour et bonne humeur.

Ce roman navigue donc joyeusement entre humour et bonne humeur, situations cocasses, émois amoureux, mais évoque aussi en creux la mort ainsi que la transmission. La plume est vive, peut-être légèrement trop enjouée, mais ce qui correspond plutôt bien à l’état d’esprit d’une personne devant réorienter sa vie après avoir longtemps vécu en couple. Faire bonne figure, en sorte, nécessite donc une débauche d’énergie, d’allégresse communicative. C’est bien restitué, sans tomber dans la surenchère.

Le langage est ici direct, spontané, un peu comme si Anna Pia nous racontait toute cette histoire de manière orale. C’est donc un roman pêchu, dynamique, comme un dialogue avec une bonne copine (ou un bon copain). Ce rythme est rehaussé par des chapitres plutôt courts qui font que nous pouvons nous saisir du livre même si nous n’avons pas énormément de temps devant nous. En moins de 5 minutes parfois le chapitre est terminé et ce format fonctionne plutôt très bien, notamment si vous avez une fringale de lecture.

Émotions.

Forcément, tout est plutôt orienté vers le rire, ou vers ce sentiment de se sentir un peu plus léger. Tohu-Bohu ! chez les quinquagénaires agit comme une petite bouffée d’oxygène. Mais il n’oublie pas d’être un peu plus grave. Nous ne le dévoilerons pas car cela arrive en début de deuxième partie du livre et orientera un peu toute la fin de l’histoire. Néanmoins, ce que nous pouvons vous dévoiler, c’est que cette fin évoque en quelque sorte l’idée de transmission filiale. Elle n’est pas dénuée d’émotions, mais ne vire, comme le début du livre, jamais dans un pathos dérangeant. Là où il aurait aisé de verser dans un sentimentalisme gluant, Anna Pia parvient à trouver un équilibre parfaitement dosé entre gravité et légèreté.

Cette fin s’avère une très agréable surprise, donne une épaisseur inattendue à ce roman sans prétention autre que de nous faire passer un bon moment. Nous devons admettre que le pari est plutôt bien réussi puisque Tohu-bohu se lit très vite, sans manquer de nous faire prendre conscience que les quinquas sont loin d’être morts et enterrés, même après un divorce douloureux, ce qui en soi est plutôt une bonne nouvelle.

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