Teeth – J’ai raté ma vie // Sagesse & Bruxisme

teeth j'ai raté ma viePremier album disponible chez Flippin’ freaks Records

Voilà une chronique qui risque de faire grincer des dents. Pourquoi? Certains pourraient dire, ouais, un chroniqueur bordelais qui fait un papier sur un groupe bordelais, ouais.. bla bla bla. Nous n’allons pas vous mentir, nous sommes toujours euphoriques de parler d’un groupe local, surtout quand ils sont doués. Doués, oui. Ce qui est assez étonnant quand nous lisons la bio du groupe dans le dossier de com, nous avons le sentiment que le projet s’est monté de façon tout à fait naturel, avec une certaine (fausse) nonchalance, comme si un matin, ils s’étaient réveillés en se disant “Tiens, le ciel est bleu, les oiseaux chantent, je monterai bien un groupe de musique?”. Bref, c’est ainsi que Teeth décide de croquer la vie à pleine dents en sortant leur premier album au titre pince sans rire, “J’ai raté ma vie”.

Leurs airs de jemenfoutiste

Teeth a prêté allégeance au collectif bordelais Flippin’ Freaks Records qui regroupe d’autres artistes tels que TH da Freak, Opinion ou encore Pretty Inside dont certains membres viennent mettre la main à la pâte sur la première galette de Teeth. Notre combo s’est formé autour de Pierre Gisèle, cheffe de file, guitariste et chanteuse, de Yute à la bass, Yannis Beck à la batterie et Alexis également à la gratte et à la prod.

A la liste s’ajoutent également Amber Fitzpatrick, Johann Philippe, Hugo Carmouze, Émile Guillaume et François Vieillard. Pas de jaloux. Vous pouvez retrouver leurs jolies tronches en guise de trombinoscope sur la pochette de l’album. Avec leurs airs de jemenfoutiste, Teeth livre six pépites sonores dans lesquelles l’anglais et le français font bon ménage.

Le premier morceau, J’ai raté ma vie, et qui est aussi le titre de l’album, nous avons le sourire aux lèvres, et très vite, nous vient cette phrase en tête “Si à treize ans tu n’as pas eu un appareil dentaire, tu as raté ta vie”. Instinctivement, le morceau nous rappelle, toujours avec cette part de désinvolture, les Rennois de Billy Ze Kick et les Gamins en Folie, le tout saupoudré d’une basse qui résonne comme les Pixies. Sur le titre Ça ne se mélange pas, ça sent la hargne, la colère, avec une fine couche de crasse, le tout avec une pointe d’humour grinçant “Ta mamie et ton papa, ça ne se mélange plus”. La fin du morceau monte crescendo, est explosive; nous avons envie de prendre tout ce qui nous passe sous la main et de tout casser! Voilà du son que nous aimons sans modération.

Hymne à la mollesse

Slug Song, littéralement La Chanson des Limaces, faut-il y voir un double sens, peut-être considéré à première vue comme un hymne à la mollesse, à la paresse, au laisser-aller. La guitare est galvanisante, et l’atmosphère nous rappelle celui des somptueux Brian Jonestown Massacre. Ici la chanteuse claironne une invasion de limaces. Est-elle folle? Est-ce bien réel? Ceci nous évoque ces films d’horreur où se mêlent frayeur et grotesque. Si Teeth veut nous faire croire à la folie et à une part de rage, les bordelais savent également nous parler d’amour comme sur Soft Lover. Un amour sucré, affectueux qui ne nécessite rien d’autre qu’un simple regard plein de tendresse suivi d’un Je t’aime. La mélodie répétitive nous rappelle Bradford Cox  et ses acolytes de Deerhunter à leur début.

Amour toujours mais un amour utopique et idéal avec le morceau In My Dreams. Comme si le groupe se cherchait, le titre oscille entre le français et l’anglais, mais au final est ce que ce ne serait pas cette dualité du verbe qui rend Teeth aussi élégant et attachant. Le morceau nous emmène dans un voyage entre rock psyché et prog au cœur de la Mer des Indes où souffle un vent de mélancolie. De la mélancolie, oui, il en est question aussi à l’écoute du titre Maxine. La voix est fragile et tendre à la fois. Titre introspectif ou pas, Maxine touche le vrai, démontre que la vie n’est pas juste des cases à cocher. Il faut être comme ci ou comme ça. Merde. Nous aimerions être Maxine, ne pas se soucier du qu’en dira-t-on. Maxine nous subjugue par sa simplicité, et nous en sommes tombés amoureux.

Et ben quoi ?

Donc oui Teeth est un groupe bordelais chroniqué par un bordelais.. et ben quoi. Teeth nous enchante, nous impressionne par leur aisance, et leur légèreté dans la musique et le propos. Aucune prise de tête, six titres lo-fi qui défilent et nous amènent à lever le pied, à prendre le temps, à se déconnecter et à profiter du moment présent. Nous ne savons pas s’ils ont réellement raté leur vie, comme ils le chantent. Ça, l’avenir nous le dira. Mais de vous à nous, nous en doutons fortement.

LGH

LGH
LGH (Le Gosse hélicoptère) :

Révolutionnaire en peau de lapin, guitariste de salon à mes heures perdues, amoureux des mots et féru de musique. Mes mots d’ordre sont l’éclectisme, la curiosité et le partage. Keep rockin’ !!

Relire la chronique de The great destroyer

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