Sensation album 6, The Orchid / Thea Soti

2 albums radicalement opposées.

Sensation album 6 ose ,e grand écart absolu, avec deux univers diamétralement opposés, celui de The Orchid, doux, acoustique, et celui de Thea Soti, expérimental et électronique. Deux visions de voir la musique mais un même résultat, celui de s’exprimer à sa manière et de susciter une réaction chez l’auditeur.Ce qui s’avère parfaitement réussi, dans un cas comme dans l’autre.

sensation album 6 The orchidTHE ORCHID, Les embellies (déjà disponible)

Ce disque nous apparaît dans toute sa splendeur anachronique. À l’heure où il faut en mettre partout, être visible de tous, bouffer à tous les râteliers pour espérer attirer l’attention sur soi, le quatuor manceau à lui décidé de s’offrir une bulle hors des contingences actuelles. The Orchid vient ainsi de sortir un album d’une délicatesse folle, Les embellies, mariant folk et jazz dans un giron pop en français. Résultat, un album doux, comme un respiration dans un monde hors d’haleine.

Dès la première chanson de l’album (elle lui donne son nom et vous avez déjà pas la voir dans une de nos sélections), nous savons que nous allons pénétrer un univers précieux. Nous nous déchaussons dans l’entrée et avançons sur la pointe des pieds, comme par crainte d’effrayer les musiciens concentrés sur leurs mélodies. Il faut avouer que l’album impressionne un peu. Non pas par un caractère écrasant ou une stature massive, mais par une sensibilité que l’on a peur de froisser en l’effleurant, comme si nous étions intrus, en trop dans ces lieux. Bien vite pourtant, The Orchid nous met à l’aise et nous adoptons cette douceur délivrée par le groupe.

Elle transparait dans la voix, sur ce même premier titre, une voix qui chuchote presque, qui paraît fragile,. Mais au fur et à mesure de ce morceau, et à plus forte raison de l’album, elle gagne en présence, sans perdre en fragilité. Elle n’a, pour autant, rien de vulnérable, c’est juste qu’elle provient directement du cœur et se pose délicatement sur nos tympans. Elle nous émeut, ni plus ni moins, car elle porte en elle quelques vérités sacrées, de celles qui sont trop peu souvent évoquées.

Intemporel.

Les instrumentations sont au diapason. Elles sont des ponctuations, des pattes de mouche déposées sur une partition. Elles laissent de l’espace, du rien qui n’est jamais du vide. Les notes s’y dispersent, portent les fruits des sensibilités personnelles qui se fondent dans le projet Orchid. Ainsi, la contrebasse semble pop, la guitare électrique folk, et l’ensemble offre un album qui balaye un large spectre musical, sans dénaturer son propos.

L’acoustique joue un rôle prépondérant, mais l’électricité, latente ou active, jamais incohérente. Elle rehausse au contraire l’impulsion, l’expression directe du groupe. Le chant, en français, porte des textes poétiques, des rêves ou des fêlures, un rapport au temps qui passe, une nostalgique jamais sombre, une foi en la vie également. En rien le disque ne nous tire vers le bas. Au contraire, il nous élève, délicatement, vers un ailleurs un peu plus resplendissant que peut l’être l’horizon actuel.

The Orchid, groupe composé de Florian (composition/chant/guitare acoustique), Adrien (arrangements, guitares électriques, choeurs), (Damien (batterie, percussions, choeurs) et Pierre (contrebasse, choeurs), nous offre, avec Les Embellies, un moment entre parenthèses, une bouffée d’oxygène, un cocon protecteur. Bref, ce disque, il embellit notre journée.

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sensation album 6 Thea SotiTHEA SOTI, ØVER (disponible chez Planisphère)

Ce disque sera peu écouté. C’est souvent le cas lorsqu’il s’agit de disques expérimentaux. Ils n’intéressent que quelques curieux, ou bien des gens, comme nous, qui aimons les univers très tranchés, à mille lieues de ce que nous pouvons d’ordinaire entendre. Ainsi, Øver+ de Thea Soti nous a percuté de plein fouet et laissé d’équerre par son côté entier, barré et étrangement…séduisant.

Nous sommes ici en présence d’un objet musical pas clairement identifié, ni totalement électronique, ni complètement déshumanisé. Tout part de la voix de l’autrice compositrice, une voix qu’elle prend plaisir à détourner, à trafiquer, à tronquer, à copier-coller, voire même à martyriser à l’aide de logiciels. Si par moments elle apparaît (presque) dans une forme de nudité, elle est majoritairement défigurée, au point que nous ne savons plus s’il s’agit encore d’une voix humaine ou d’une voix synthétisée par une machine. La frontière, croyez-le ou non, est parfois impossible à définir entre l’organique et l’électronique. L’effet en est totalement saisissant.

N’attendez pas de phases lyriques, ou même un chant dans le sens premier du terme. Ici, il n’y a que des fragments, des expositions subreptices qui pourtant parviennent à véhiculer un sentiment, une émotion, qui va venir se ficher dans un coin de notre cœur ou de notre tête. Elle va nous porter, nous guider, et nous permettre, malgré la complexité des structures, de ne pas décrocher de l’objet. Celui-ci exerce une étrange fascination, comme parfois peuvent les procurer les disque d’ambients (à savoir un décrochage de la conscience vers un niveau plus élevé de compréhension). En écoutant Øver+, on retrouve un monde tribal, violent, parfois déroutant et, encore plus surprenant, poétique ! Oui, il y a de la poésie, dans la voix, dans les expérimentations électroniques également, dans les tessitures et les rythmiques.

Monde de communication.

Elles sont assez incroyables ces expérimentations, en tout cas assez pour ne pas pouvoir être décrites. Elles éveillent notre imaginaire qui soudain nous conduit dans un monde lointain, au-delà des limites de la voie lactée. Ou alors au milieu de processions interminables de fournis, voire de colonies d’abeilles. Nous savons celles-ci capables de communication, il n’est pas impossible que cette dernière se produise de manière électrique, pas un jeu d’impulsion qu’on retrouve dans le chant des sirènes qui habite Øver+. Le lien entre imaginaire et réalité est donc tout trouvé. La musique de Thea Soti use des moyens modernes pour poser un décor, un monde à elle, là où elle sera comprise par ses paires, mais aussi par des adeptes de mondes différents.

Ce disque, c’est certain, est âpre, dur d’accès, mais il est aussi terriblement magnétique, prenant, fort émotionnellement car il nous place face à un inconnu dans lequel nos peurs, nos espoirs, nos histoires et nos déroutes peuvent se projeter. Øver+ sera sans doute peu entendu, ce qui est profondément dommageable, mais nous, nous le réécouterons encore, parce qu’il porte en lui une beauté totalement fantastique, d’une folle inventivité, et à la narration bien plus forte et cohérente qu’il peut y paraître au premier abord.

Dans sa catégorie, Øver+ est un grand disque puisque l’incompréhension initiale disparaît au profit de ce langage unique qu’est celui de la musicienne. Il est un langage qui fait rêver, qui interroge, qui conduit à l’exploration intime de nos sentiments tout en visant une portée bien plus universelle, celle du pouvoir de la communication orale. Autre point non négligeable : les disques expérimentaux portent en eux les bases de ce que pourraient être une partie de la musique de demain. L’avènement de l’autothune dans les musiques populaires pourrait donc bien dévier dans des recherches artistiques du genre de celle proposé par l’artiste Serbo-Hongroise. Allez jeter une oreille au disque, il pourrait bien changer votre façon d’écouter de la musique.

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