SENSATION ALBUM 5, LE VERTIGO/JACOB WILD

2 disques chaudement recommandés.

Nous vous présentons deux albums déjà sortis mais qui méritent qu’on s’arrête un vrai moment sur eux. On vous parle dans cette sensation album 5 de Belle de nuit et de Time to change, respectivement de Le Vertigo et de Jacob Wild.

sensation album 5 Le vertigo

LE VERTIGO, Belle de nuit (déjà disponible)

Ce debut album confirme la sensation que nous avions eue en découvrant Le Vertigo sur la scène de Bonjour Minuit. Le trio y officiait en première partie de Minuit (le groupe des enfants Rita Mitsouko), mais c’est bel et bien lui qui nous a mis une claque avec sa pop rehaussée d’effets électroniques. D’une part parce que sa musique s’avère intelligemment construite, d’autre part parce que sa chanteuse nous avait marqués par sa présence et par sa voix. Belle de nuit confirme ces déjà belles impressions, en mettant encore plus l’accent sur la qualité des textes (pas toujours évident de se les approprier en concert, notamment quand on ne connaît pas le groupe en question) ainsi que sur celui des arrangements.

Nous avons donc ici affaire à une pop où l’acoustique de la batterie côtoie le numérique des machines. Le mariage fonctionne très bien, notamment parce que le batteur possède un joli jeu, plein de feeling, donnant presque l’impression d’être improvisé. Cela le rapproche en ce sens d’un aspect jazz, mais il reste toujours dans le giron du rock. Par exemple, pour évoquer son style, le titre Dans les marais le voit s’orienter vers des rythmiques proches du calypso, sur le couplet, alors que sur le refrain il dérive vers celui d’une pop rock inspirée.

La voix et les choeurs sont simplement parfaits. La chanteuse nous fait, même sur disque, la même impression qu’en live, celle d’une personnalité entière, forte. Mais il n’y a pas là d’extravagance, juste une présence incontournable. Elle met en avant des textes très bien écrits, dégageant un romantisme de grande classe, mais aussi une poésie du quotidien et des sentiments qui nous traversent un peu n’importe quand dans la journée.

Ambiances életrico-romantiques

Les ambiances sont variées, ce qui fait que chaque titre peut être une petite surprise à lui seul. Néanmoins, l’ensemble est très cohérent, homogène (sans doute grâce au travail sur le son, de belle qualité) et déroule les 9 titres avec une fluidité déconcertante. Si nous avouons n’être pas forcément fans de certaines bidouilles, elles se noient dans l’ensemble de l’album et ne l’empêchent nullement d’atteindre sa cible. Car, si certaines sont un peu rédhibitoires, d’autres nous mettent littéralement chaos par leur pertinence. Dans aucun cas de figure néanmoins nous ne sommes dans une forme de déséquilibre tant les unes nourrissent les autres, ou inversement.

Dernier point d’importance. Comme les textes, le travail de composition s’avère ébouriffant. Le trio n’hésite pas à nous indiquer une piste puis, une fois lancé dessus nous indique un embranchement qui, jusqu’alors, nous était invisible. Ce jeu de fausses pistes s’avère particulièrement excitant puisqu’il casse la routine, déjoue les a priori ou la sensation de déjà entendu. Le vertigo, une nouvelle fois, nous étonne et ravit notre amour des structures un peu plus complexes que la normale (sans pour autant être cérébral ou inaccessible).

Des groupes pop, nous en voyons passer pas mal, mais peu nous donnent l’impression d’être de futurs grands. C’est le cas avec Le vertigo et ce premier album, pas absolument parfait, mais qui y tend de très près. La suite de leur parcours pourrait bien mettre tout le monde d’accord. Nous concernant, Le vertigo nous a déjà plus que grandement convaincus.

Mention très spéciale au titre Aurore encore qui nous électrise totalement.

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JACOB WILD, Time to change (déjà disponible).

Jacob Wild, c’est ce type qu’on rêve tous d’être (enfin dans les grandes largeurs). C’est ce type qui a dit fuck à sa vie d’avant, qui s’est réfugié dans la forêt, roots, et qui a mis sa vie en musique. Pas n’importe laquelle, de musique, mais celle qui est le langage universel de tous les opprimés, celle qui est le langage pour la liberté. Le blues. Mais, comme il le dit lui-même, sa culture blues n’est pas si vaste que cela (tout est relatif à notre avis), alors il la fait à sa manière, avec son cœur et sa guitare amplifiée, et aussi avec sa batterie, et enfin avec sa voix.

Il évolue en one man band. Prétentieux ? Orgueilleux ? Non, simplement il cherche la façon la plus directe de conter son histoire, en y mettant le plus de son âme possible. Et son âme, elle transparaît de façon criante dans ce nouvel album sorti en avril. Dans Time to change, c’est un blues rock criant de sincérité qui suinte des sillons du vinyle. C’est une sensibilité longtemps mise à mal et qui a, depuis son changement de vie, trouvé un apaisement. Mais c’est également l’essence d’un blues séculaire qui ressort du disque tel un soleil qui perce le brouillard.

Ici, c’est le « wild » qui ressort, l’esprit sauvage et indomptable de celui qui se fait tout seul, suite à une révélation. Pas de message christique, pas de religion du tout d’ailleurs, simplement cette foi que la musique peut changer la vie (la sienne, la notre, celle de l’humanité toute entière). Ainsi, on retrouve sur Time to change ce qui fait le blues, ces motifs mille fois entendus, ou qui donnent l’impression de l’être, remis au goût du jour avec une personnalité neuve. Comme une serpent effectuant sa mue, la musique de Jacob Wild apparaît dépouillée de peaux mortes.

Toute la musique que j’aime…

Ce que nous cherchons à exprimer par delà cette image, c’est le fait que le blues, c’est quelque chose qui sommeille en nous et qui, quand il ressort, fracasse les idées reçues. Ici, il nous apparaît dans une presque nudité, comme les « vrais » bluesman, Robert Johnson en tête. Simplement seul, guitare à la main. Ici, Jacob Wild s’accompagne tout seul, joue de tout tout seul, et ainsi cela traduit sa pensée directe. Time to change… Oui, il est des fois temps de changer, de virer le superflu, de retrouver ses racines profondes, pour vivre simplement en adéquation avec qui nous sommes au fond de nous, afin que notre mission de vie s’accomplisse.

Il apparaît clairement que celle de Jacob Wild est dans la transmission. Toute sa musique est dirigée vers l’autre, pour son plaisir, pour le nourrir, pour l’aider à trouver son chemin, pour enfin être en paix avec lui-même. Et pour ce faire, pas d’effets putassiers, mais une musique à l’os, qui évite la surenchère, qui évite la redite, qui dynamise le quotidien, qui amène le sourire, qui donne envie de danser.

Ajoutez à cela une musique variée, du bon goût (quand il double sa voix, l’effet donne une patine toute particulière à son art). Tout respire à la fois la simplicité, l’humilité et le bonheur d’être là où on doit l’être. Bref, tout cela sert l’album, ce genre d’album gorgé de vrai bon son, légèrement heavy, mais toujours respectueux de celui des aînés. Mais avec ce supplément d’âme, celui qui ne copie pas, mais celui qui vit. Celui d’un homme qui a tout compris (mais qui ne se la raconte pas). Indispensable pour tous les amoureux du blues, du rock, et les autres.

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