KAZ HAWNINS, My life and I
Anthologie disponible chez Dixiefrog
Une fois n’est pas coutume, nous vous parlons d’une anthologie (mot tellement plus joli que best of). Il concerne la chanteuse de blues et soul Kaz Hawkins et s’appelle tout simplement My life and I. Alors, pourquoi cette entorse à notre règlement intérieur. Simplement parce que cette artiste, que nous ne connaissions pas, mérite amplement que nous parlions d’elle tant la force qu’elle dégage nous terrasse.
Elle fait partie, à notre humble avis, de ce que l’on nomme communément une voix. Mais la réduire à son simple organe vocal serait terriblement minimiser la force de sa musique qui dépoussière gentiment, avec élégance mais aussi avec une énergie parfois proche de la rage, un blues qui a tendance à trop ronronner et à se reposer sur ses acquis. Et ceux qu’il s’agisse de ses propres morceaux ou de ceux des autres.
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Vivre le blues.
Il faut avouer que ce genre musical a acquis ses lettres de noblesses depuis longtemps, et que peu d’artistes parviennent aujourd’hui à nous émouvoir à travers cette musique qui, faut-il le re-préciser, était un cri de liberté au milieu des heures sombres d’un peuple. Ainsi, qui mieux qu’une artiste ayant souffert (elle a subi des abus sexuels dès l’enfance par son oncle, s’est faite tabasser par son père quand elle l’a dénoncé, puis alcool, drogue, dépression, tentatives de suicide…) pour s’approprier l’âme de cette musique, de la faire sienne et d’en revêtir les plus beaux atours, à savoir ceux d’une expression sincère, entière, sans faux-semblant.
La voix de Kaz Hawnins est l’une des plus pures que nous ayons entendus dernièrement. Elle est puissante, expressive en diable, qu’elle soit entraînée dans une rythmique enlevée, ou qu’elle se pose sur une musique plus alanguie, voire parfois très proche du jazz. Capable de véritables rugissements, elle n’en perd pas moins sa capacité de nuances, même lorsqu’elle pousse sur ses cordes vocales pour en sortir un véritable cri de vie. Tout sauf linéaire, elle appuie l’émotion, parfois là où ça fait mal, mais surtout là où elle crée du bien.
Revanche sur la vie.
Et puis, derrière elle, il y a la musique. Fortement inspiré du blues, de la soul, voire par instants du gospel et du jazz, elle exprime à elle seule l’histoire de la musique américaine moderne, en lui inorporant un petit truc en plus (sans aucun doute parce que Kaz Hawkins n’est pas américaine mais irlandaise). Cela entraîne forcément un léger classicisme, au niveau des structures, mais il y a tellement de groove, de sensualité que nous passons aisément outre cette petite touche classique. Et puis, malgré le côté anthologie, le son est homogène, sauf à une ou deux exceptions (des extraits live, cela s’explique donc facilement), et très bien produit. Cela donne l’impression d’un vrai album studio, à part entière.
Ainsi, le disque dégage une force indéniable, revenant en 17 titres sur la carrière d’une artiste touchante, brillante, possédant un peps incroyable, une rescapée qui entend bien montrer qu’il est des revanches sur la vie qui montrent qu’elle vaut la peine d’être vécue.
Nos titres coup de cœur.
Grosse tendresse pour Feel Good, Lipstick and cocaine, Believe with me, Surviving, at last… Mais les autres sont véritablement tous aussi bons. Une grande dame de la musique que Kaz Hawkins. A découvrir si vous ne la connaissez pas encore !
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