CORIOLAN, La distance.

la distance, nouvel album de Coriolan, coverAlbum disponible le 25 novembre chez Victorialand records

La harpe est un instrument qui, souvent, sans doute par fainéantise de notre part, est associé à la musique à résonance celtique. Ses notes évoquent le plus souvent des terres balayées par le vent, peut-être aussi par la pluie, et convoquent bien souvent un imaginaire féérique, voire fantasy. Mais avec Coriolan, la harpe se pare d’atours autrement séduisants. Il nous livre avec La distance un album personnel et magique, plein de poésie.

La voix de la harpe.

L’instrument est ici à la première place. Il impose sa présence avec légèreté, grâce, mais aussi un caractère bien plus ombrageux lorsqu’il se trouve électrisé. Si à quelques reprises nous sentons effectivement quelques accointances avec la musique celtique, ceux-ci ne sont à la fois que ponctuels et brefs. La magie de Coriolan réside dans le fait que cette fameuse harpe s’exprime à la fois comme une guitare, comme un clavier, comme une narratrice à part entière.

Sa voix s’exprime de mille et une nuances, contemplatives, méditatives, mais également sensibles , poétiques et viscérales. Ici, elle nous narre l’absence, la solitude, là les retrouvailles, l’amour. Elle se baigne de nature, ou plutôt se fond en elle, disparaît dans le décor qu’elle vient de créer pour aussitôt en rejaillir et estomper les quelques contours flous pour leur redonner du relief. Ce bel instrument impose ici une musicalité pop, qui ose parfois flirter avec des réminiscences jazz, ou plus souvent ambient. Dans tous les cas, elle est d’une modernité à toute épreuve et évite les poncifs du genre. Nous (re)découvrons dans cet album la flamboyance de ces cordes chargées d’âme.

La voix du chanteur.

Il fallait donner un corps humain à cette musique. Il apparaît sur les relativement brèves apparitions de Coriolan. Est-ce un mal ? Oui et non.

Oui parce qu’il possède un timbre qui semble être directement inspiré de son instrument fétiche, quoique jouant plus sur des tonalités plus basses. Tendre, velouté, la voix de Coriolan est une douceur supplémentaire à ajouter aux constructions sonores, mais aussi une voix qui porte une légère mélancolie, un caractère romantique exacerbé, une poésie métaphorique puissante.

Non parce que sa voix, si elle est discrète, laisse place à la musicalité mise en avant sur le disque. En ponctuant l’album de sa présence, elle se renforce elle-même tout comme elle renforce la musique à proprement parlé en y apportant des nuances souvent terriennes. Qui plus est, elle apparaît à des moments clés, dispense des mots pleins de lumière, des textes chargés d’images, et disparaît comme emportée par le vent, avant de réapparaître et d’insuffler un souffle nouveau au disque.

Sa juste mesure, ni dans le trop peu ni dans le trop, permet à La distance d’obtenir un parfait équilibre entre le verbal et le non verbal, jamais au détriment de l’histoire racontée.

La voix des autres.

Mais qui sont ces autres ? Ici un saxophone, un piano, ici des choeurs ou un accordéon, chaque présence instrumentale appuie la narration, y appose des couleurs inédites et des fois même surprenantes. La délicatesse de leur adjonction sert à chaque fois le propos, appuie une émotion, renforce une intention, détourne les pièges du déjà entendu pour nous projeter dans un ailleurs merveilleux et rassurant, même si parfois un peu triste.

Et puis, il y a la nature. Elle est présente, par quelques field recording, mais surtout par l’imaginaire qui s’ouvre à l’écoute des morceaux instrumentaux (le plus souvent). Ce disque, c’est celui qui s’ouvre sur l’extérieur, qui en fait partie tout comme il l’englobe. La distance appartient-il à la nature, ou est-ce l’inverse ? Qu’importe puisque ici règne une réelle connexion, jamais surjouée, qui ne paraît même pas préméditée. Dès lors, c’est un peu magique ce qui se joue là, car l’impression d’enfin respirer après ces années covid prend tout son sens.

Simplement beau.

Ce disque est simplement beau. Il montre un artiste aventureux tout comme il peut être respectueux de ce qu’est et ce que représente son instrument. Coriolan est aussi un poète, un barde qui conte ses ressentis avec finesse, laisse respirer les silences comme pour mieux faire vibrer les fibres sensibles de chaque être et de chaque instrument ici présent.

La distance ne cesse de nous surprendre à chaque écoute, de se renouveler simplement par ce que l’album ne dit qu’à demi-mot. Chacun peut alors y aller de ses interprétations, en fonction de son vécu, de son histoire. Mais tous y trouveront une porte grande ouverte. Celle qui conduit là où notre cœur nous guide.

Patrick Béguinel

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