PRINCE RINGARD, Rue des chats perchés (autoproduction)
Constats sur une société de merde.
Prince Ringard, c’est le pseudo de Jean-Claude Lalanne. Après avoir lu son Carnet de route d’un déglingué, on se penche sur un de ses nombreux disques. Et quoi de tel comme titre, pour le premier punk à chat de France, que d’appeler cet opus Rue des chats perchés. Dans son disque, on retrouve, pêle-mêle du Macron, du nazi, une société bien pourrie, le tout sur fond de musique faite main.
Attention ! Prince ringard n’est pas un punk. Il est aimé des punks, mais, comme il le précise dans son bouquin, il n’en ni l’allure, ni ne fait dans ce genre musical. Non, en fait, il est plutôt un anarchiste, un libertaire, qui s’en fout bien de faire du fric (enfin un peu quand même, pour manger quoi) tant qu’il a de l’amour en retour.
Des conspirationnistes à la SPA.
Rien n’est épargné par la plume de Prince ringard, et tout le monde en prend pour son grade. En première ligne nos chers politiques. Le Pen, Zemmour, Macron, tous y passent, avec le même mordant qui se rapproche d’un crachat à l’encontre d’une société décérébrée, vaine, vouant toute son énergie à se vider la bite (enfin le cerveau quoi) le nez plongé dans les smartphones ou la télé.
Prince ringard remet donc des pendules à l’heure. Inutile de dire que cela ne parlera pas à la grande majorité de la population, mais elle parlera à ceux qui ont encore un soupçon de jugeotte et d’humanité. Il en reste encore quelques-uns, il ne faut pas les perdre, ceux-là. Alors Prince ringard soigne ses textes, y glisse une poésie de la rue, directe, sans fioritures, mais qui parle juste.
Ainsi, il parle des SDF qui crèvent dans la rue quand bien même des dizaines de milliers de logements sont laissés vacants. Il n’hésite pas, en amoureux des bêtes, à remettre les choses en perspective lors de la grande transhumance estivale. Le troupeau part en vacances, dans des véhicules hors de prix, en laissant le chien sur le bord de la route ou à la SPA, histoire d’être peinard à l’heure de l’apéro. Oui, c’est peut-être déjà entendu, mais une piqûre de rappel ne fait jamais de mal.
Et puis la politique.
Mais sa cible préférée restent les politiques. C’est assez drôle de voir comment il prend un malin plaisir à les étriller, comme ça, comme par plaisir. Si ce n’est son ton de voix, entre chant et scansion presque révolutionnaire, on pourrait croire qu’il les aime bien, au fond, pour leur tisser de telles « louanges ». Non, on plaisante, mais on se dit que si nos politiques étaient moins bêtes, peut-être que Prince ringard aurait moins de grain à moudre dans son moulin anti-establishment.
Pour accompagner sa morgue, une formule basique guitare, batterie rudimentaire et harmonica. En live, c’est Mousse qui s’en charge. Ici, l’ensemble reste simple, répétitif, et efficace de sobriété, comme une rengaine qui aurait pour but de bien rentrer dans la caboche de celui qui écoute. Les paroles attirent majoritairement l’attention, la musique lui servant d’accompagnement obsédant. Néanmoins, les mélodies sont bien présentes, évidentes, possédant un côté troubadour qui fonctionne plus que correctement.
Le tout sent le côté bricolé main, et ça correspond parfaitement à l’identité et à la personnalité de ce personnage haut en couleur, ayant décidé de ne jamais entrer dans aucune case. Il fait de la musique, point barre. Sans se prendre pour ce qu’il n’est pas, mais sans voir les choses à la rigolade pour autant.
Hors système.
Ce disque, s’il possède quelques faiblesses (certains mots reviennent peut-être un peu trop, mais il s’agit souvent de noms propres, ce qui explique la chose), n’en possède pas moins de cet esprit frondeur qu’on aime tant, cet esprit qui refuse de baisser les bras, de se taire, d’accepter toute crue la bonne soussoupe que veut bien lui donner à becqueter certains dirigeants. Profondément humain, profondément choqué par la connerie ambiante, Rue des chat perchés possède une qualité fondamentale : celle de tirer le portrait d’une société de plus en plus malade et divisée, tout cela en étant aisément compréhensible par tous.
Pas de posture, franc du collier, ne se cachant pas derrière une posture à la con, Prince Ringard délivre son message, comme pour se faire du bien. Et s’il peut rallier quelques adeptes à sa musique, tant mieux.
Diablement sympathique, ce disque montre aussi que certains osent encore dire les choses, sans crainte de se retrouver au gnouf. Rien que pour ça, elle est belle cette liberté d’expression, celle qui habite Prince Ringard et une poignée d’insoumis (rien à voir avec le mouvement politique, on le précise de suite).