JOHNNIE CARWASH, Teenage ends
(album déjà disponible chez Howlin’Banana records/luik Music)
Alors que le combo sera présent sur scène ce samedi 26 mars sur la scène de Bonjour Minuit (salle de musiques actuelles à Saint-brieuc), nous tâchons de rattraper le temps perdu en vous proposant la chronique, avec un léger retard (le disque est sorti en janvier, le 28 pour être précis, et bonne année!). Il faut dire que Teenage ends, premier opus des lyonnais de Johnnie Carwash possède un charme que nul ne pourrait renier.
Nous nous situons, avec ce combo fort sympathique, à la croisée du punk rock, de la pop, d’une certaine idée du grunge, très proche de l’esprit de la scène de Seatle (le berceau du genre pour eux qui l’ignoraient). Le punk rock pour les rythmiques qui envoient du bois, la pop pour le côté instantané des refrains, pour des lignes de chant que n’auraient pas reniées, dans la mythologie, des sirènes punkoïdes, et le grunge pour le son, parfois lourd, toujours fort en basse et teintes mineures.
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Et si on slamait ?
Ça bastonne bien, Johnnie Carwash. Vraiment, sans déconner. Mais ça le fait en finesse. C’est-à-dire que derrière l’esprit un peu crétin vu comme ça, d’une oreille discrète, les compositions sont finement posées sur la galette, avec force rebondissements, changements de paradigmes et autres. Et puis, pour ne pas faire comme les autres, ici, c’est une femme qui s’épuise les cordes vocales avec une conviction inébranlable, avec parfois un léger trémolo presque rockab’. C’est charmant comme tout, mais en aucun cas cela ne fait pâle figure en comparaison d’un bonhomme imbibé de whisky.
Plus que convaincante, cette voix relativement haut perchée est un des gros points forts du combo. Non seulement il lui donne une identité particulière, aisément identifiable, mais il casse aussi les codes d’un genre quand même hyper velu du poitrail. Bref, on kiffe. D’autant qu’elle y met les formes, que l’accent y est parfait, juste crâneur comme il faut, dévoilant une impertinence totalement pertinente dans ce genre musical qui dégage, contre vents et marées, un esprit festif indéniable.
Derrière, ça tripote.
Ses comparses masculins, qui œuvrent aux chœurs, complètent la donne vocale de façon totalement à propos. Ils redonnent un regain d’énergie à l’abord des refrains, appuie une phrase, bref, font le taf qui leur incombe avec dextérité, de manière inspirée. Musicalement, ça tripote bien méchant aussi. Certes, nous restons dans une musique n’étant pas réputée pour sa complexité technique, mais eux, ils le font tellement bien qu’ils redonnent quelques touches de noblesse à l’ensemble (et quand on voit certains passages de batterie ou de basse, on en prend pour notre grade question technicité).
En jouant avec les sonorités et les ambiances, le trio déroule son album sans que jamais la lassitude tente une quelconque approche. Alors que l’on pourrait croire l’album s’embarquant sur une pente plus pop, ils renvoient comme ça un bon grunge de derrière les fagots pour nous rappeler leur amour pour le genre. Pour autant, si l’attaque mordante de celui-ci est cinglante, les Johnnie Carwash parviennent à nous proposer un grunge différent, pas que noir et désespéré (un titre comme Yeah yeah yeah en étant un parfait exemple).
Si nous ajoutons à cela un art du son maîtrisé sur le bout des doigts, le combo nous propose une odyssée rafraîchissante, qui parlera évidemment à tous les kids des nineties (dont nous faisons partie). Bref, ça fait du bien par où ça passe, surtout parce que, tout en étant novateur dans sa façon d’apprivoiser le genre, Johnnie Carwash le propulse à nouveau sur le devant de la scène avec une bonne humeur communicative.
Plaisir pas coupable.
Du coup, ce disque s’avère une friandise à suçoter sans se prendre la tête. Gros son, belles mélodies vocales, pas de prise de tête, tout est réuni pour passer un (très) bon moment à l’écoute de ce disque. En faut-il véritablement plus pour ravir les mélomanes ? Certains diront que oui. Nous rétorquerons à ces gens-là d’aller faire caca, et de savourer ce disque qui promet de belles réjouissances, dans votre salon, debout sur votre lit ou alors devant la scène d’un club ou d’une salle de spectacle pour communier avec le groupe, à l’ancienne, comme il se doit.
LE Titre de Teenage ends.
Napoléon. Pourquoi ? Ben comme ça. Pour nous, Napoléon (Bonaparte) n’est pas un summum de cool, contrairement à Napoléon (le titre en huitième position de Teenage Ends) qui nous fait sourire comme des benêts. Il faut dire, qu’en 2’20, on passe d’une intro genre slow, à un titre sautillant, carburant aux ouh ouh ouh !, sur une basse complètement déglinguée, et une batterie trépidante. Des claviers y apportent une touche légèrement décalée, mais ô combien savoureuse en guise de pont. Avant de repartir sur les chapeaux de roue et de nous proposer un solo de batterie pas dégueulasse du tout. Bref, un titre schizophrénique, comme on les aime, et qui montre toute la géniale folie de Johnnie Carwwash.
Mention spéciale aux deux titres finissant l’album (U’re a dog et Nothin’) car ils montrent une face plus sentimentale du groupe, sur une base rythmique plus apaisée et une émotion à fleur de peau. Preuve que ce groupe sait à peu près tout faire. Et bien.
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