W!ZARD, Definitely unfinished (disponible chez Luik musik)

w!zard definitely infinishedLaisser parler la fureur.

Alors que les Transmusicales approchent à grands pas, et que le groupe s’invite sur la scène de l’Ubu le jeudi 2 décembre, juste avant la sensation Mad Foxes et la déferlante punk Bad Pelicans, on vous parle de l’EP Definitely Unfinished de W!zard, à côté duquel nous étions passés en mars. Mieux vaut tard que jamais ? Assurément !

Le groupe bordelais, et un peu « bordélique », propose un rock noise agrémenté d’une bonne dose de virulence punk. L’effet est explosif, nous décoince du cintre sur lequel étaient suspendues nos plus belles chemises, repassées de prés, pour les troquer contre des t-shirts distendus et des jeans troués par l’usure. Forcément, converse au pied, pied eux-mêmes au plancher, la musique de W!zard décoiffe, renoue avec une urgence perdue, qu’ils retrouvent avec une assurance démentielle.

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Orage !

5 titres, c’est peu, mais dans le cas de W!zard, c’est amplement suffisant pour leur permettre de se faire un nom. Tout est ici tendu, abrasif, vindicatif, hargneux, sans pour autant oublier d’y glisser, l’air de rien, des méchantes mélodies survenues d’on ne sait où. La disto, c’est bien, gueuler dans le micro aussi, mais quand c’est en plus servi par une énergie adéquate et des mélodies bien senties, on frôle la réussite parfaite.

Parce que ici, cette perfection réside autant dans l’intention que la concrétisation de celle-ci. On aime particulièrement cette voix pas maîtrisée à la perfection mais expressive en diable, ne laissant aucun doute sur l’impulsion qui l’anime. De la même manière, on aime ce son mal dégrossi, granuleux, sombre, qui équivaut à se frotter la peau avec du papier de verre. Ça gratte, ça égratigne, ça fait aussi saigner les oreilles, dans le bon sens du terme, celui qui dit « c’est un mal pour un bien » et non « c’est insupportable, ôtez-moi ce vacarme illico ! ».

Tout réside dans l’électricité en somme. Celle des instruments, évidemment. N’attendez pas de ballades folk, ou de pop songs orchestrales, nous sommes bel et bien en présence d’un rock massif, pas loin d’être brutal, au sursaut de férocité malgré tout contenu, genre cocotte-minute sur le point d’exploser, mais pas totalement quand même. Elle réside aussi dans cette électricité humaine, celle qui alimente à la fois le cerveau et les connexions nerveuses, dans tout le corps, un peu comme si elle se fondait dans les instruments eux-mêmes, pour ne faire qu’un. Atomique pulsation qui, forcément, nous terrasse (encore une fois dans le bon sens du terme).

En détail.

Tout commence par un accueil jouant sur les dissonances. Guitare électrique perchée dans les aigus, rythmique presque martiale, voix lourde, puis tension qui monte crescendo, vrilles de larsen, rythmique plus présente, toujours binaire, peu démonstrative alors que la voix gagne elle aussi en intensité, s’éraille les poumons de rage, alors que le refrain fait s’écrouler les tours jumelles pourtant déjà à terre. Accalmie. Tendue celle-ci. Avant que ça ne reparte sur des accents post punk pas dégueu du tout. The one I blame est une entrée en matière des plus convaincante, et ses passages « metal » ne sont pas non plus pour nous déplaire.

Même topo, ou presque, pour Bones. Il nous fait réaliser, ce titre, que les compositions de W!zard sont superbement travaillées. En fait, si on reste scotché sur le son du premier titre, ce deuxième nous montre un groupe aussi violent que raffiné dans le soin apporté à ses structures. Bien évidemment, ça reste très virulent, mais cette virulence est allégée par des compositions loin d’être banales. Au contraire même, elles révèlent une science du montage poussé à son extrême, mêlant l’instinctif animal à la réflexion plus cérébrale. Un gage de qualité qu’on ne retrouve hélas pas chez tous les groupes. Énorme bon point donc.

La suite.

La fin du morceau nous montre aussi cette capacité à nous plonger dans un univers plus doux, comme un baume apaisant appliqué sur notre peau après une brûlure au troisième degré. La suite de Definitely Unfinished ne fait que confirmer la chose, notamment cet apport mélodique auquel s’adjoignent la force et l’intensité du rock. Les éclairs math rock apportent la surprise, sans sombrer dans le pédant. L’équilibre délicat est maintenu, le groupe nous balade et nous séduit par sa générosité. Sur Dead space, la colère laisse place à forme de mélancolie, sur la première partie du titre, qui nous heurte encore peut-être plus profondément que l’entame de la deuxième partie du titre, metal assumé avec ses gros riffs et sa batterie monolithique. Le contraste fonctionne comme en réaction, chimique, celle qui fait des explosions.

Quick violence porte bien son nom, laisse plus place à celle-ci que sur les autres titres. Néanmoins, derrière la fureur, il reste l’Homme, ses sentiments, l’éruption de ses émotions. Plus « tribal », plus minimaliste dans son approche, il déclenche chez nous des réactions contrastées, nous amenant à réfléchir sur ce que justement implique le nom du morceau (la violence rapide, facile, ses conséquences, ses causes aussi). Fears termine l’exercice, intense, de cet EP pas comme les autres. Avec ses passages étrangement proches d’une presque forme de disco, cette épopée de 9 minutes démontre que, sur une durée plus étendue, le groupe a aussi des arguments à faire valoir, notamment en variant les paysages sonores.

En bref, entre fureur et précision, entre son abrasif et mélodies plus accessibles, ce groupe possède une base détonante qui ne demande qu’à être approfondie par la démonstration sur scène. Et ça tombe bien parce que ça arrive très bientôt. Seul conseil : munissez-vous de bouchons d’oreille…

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