En quelques mots #8, le succès Mad Foxes
MAD FOXES/ Ashamed (2e LP chez El muchacho records).
Alors vous nous direz que nous arrivons après la guerre. Pourtant, l’idée était d’y participer à cette bataille, de débouler avec une chronique tonitruante et faire partie des premiers sur le front pour défendre LE groupe qui ferait parler de lui en ce premier semestre 2021. On est brave quand même, et si le combat est déjà gagné par le combo Nantais Mad Foxes, on revient vite fait sur leur 2é album Ashamed.
En vérité, nous avions reçu les infos de sortie de celui-ci il y a déjà un loooooooong moment, mais, tout bêtement, on a zappé. Alors on l’écoute avec un certain retard. Et on vous l’avoue, nous n’en sommes pas fiers. Évidemment, là, vous nous dites « magnez-vous le cul, on s’en ballec de vos petits états d’âme à deux balles, parlez-nous du skeud parce que nous, on n’en a pas encore entendu parlé ». Soit, exécutons votre requête.
Le groupe œuvre dans un rock fortement teinté de relents post punk, rehaussé d’une pointe de grunge. L’une des caractéristiques communes aux deux genres est l’énergie, et c’est en effet cela qui irradie en premier à l’écoute du disque du trio. Elle dégage cette incandescence propre aux brulots rock, mais elle ne fait pas tout. En effet, les compositions sont de très belles factures, dégageant un sentiment que nous ressentions à l’écoute de disques devenus des classiques des années 90, celui de cœurs purs s’attaquant à l’Everest qu’est le haut du pavé de la scène avec une fougue presque naïve, la fleur au fusil (sans imaginer que peut-être cela sera véritablement le cas). Les compos sont en ce sens bien foutues, souvent surprenantes, tout en sachant garder les pieds sur terre, ne jamais perdre en sagacité et dégager ce petit truc qui fait des émules. Malin.
Un son savamment étudié.
Si le groupe parvient à ce point à toucher sa cible, c’est probablement parce que son univers sonore est sacrément pertinent, à la fois à l’image des renards fous, mais possédant également des caractéristiques à même de satisfaire le pékin moyen. Re-malin. Était-ce prémédité nous demanderez-vous ? Fichtre, pas la moindre idée. Mais, intuition sans doute personnelle, on se dit que Mad Foxes bénéficie de l’alignement des planètes, autrement dit, qu’il se trouve au bon endroit au bon moment. Attention, nous ne disons pas que tout est dû à la chance (ça serait mentir, et surtout renier le travail du combo), mais que le léger coup de pouce du destin n’est pas non plus totalement étranger à leur succès et leur engouement par la presse.
C’est tant mieux pour eux. Après cette crise, il fallait bien que sortent quelques noms de groupes capables de fédérer autour de guitares et de rythmiques massives. Il fallait bien aussi éprouver un petit frisson particulier qui ne soit pas dû à la fièvre C19. Et Mad Foxes coche un peu toutes les cases, en tout cas dans l’hexagone (outre-Manche, ils ont déjà plein de groupes dans l’état d’esprit de Mad Foxes qui cartonnent, genre Idles, Fontaine DC, Squid, on en oublie). Et désormais les nantais. Cool.
Oui mais….
Bon toujours dur de dire après coup, sans paraître de mauvaise foi (et nous sommes des putains de teigneux dans le genre), que oui, mais…. Parce que oui, c’est bien Mad Foxes, oui on est content pour eux, oui ils ont bien un petit truc à eux qui fait que ce n’est pas démérité, mais est-ce la peine d’en faire tout ce remue ménage qui nous oblige à y jeter une oreille après la guerre ? Honnêtement, si nous l’avions écouté quand nous avons reçu le disque, avant l’engouement massif donc, pas sûr que nous l’aurions chroniqué pour autant. Pourquoi ? Foutrement dur à dire. Personnellement, la voix ne nous transcende pas. Alors les lignes de chant sont très biens foutues, rien à dire là-dessus. C’est bien mixé itou. Mais voilà, la voix reste passe partout. Le frisson ne passe pas, pour nous, à ce niveau (c’est diablement subjectif n’est-il pas, mais dans un secteur malgré tout hyper concurrentiel, ça a son importance).
Musicalement, on l’a dit, c’est super bon, mais, un peu comme la voix, le son de gratte ne nous bouscule pas non plus plus que ça. Ça reste pourtant méchamment qualitatif, mais pas au point (subjectivité tenace) de se relever la nuit. Du coup, voyez-vous, on est gentiment tiraillé entre l’impression d’avoir affaire à un groupe sérieusement sérieux, qui fait du bon taf, et le fait qu’on n’accroche pas pleinement. Que nous sommes un peu tièdes sur ce coup-là. Force nous est d’admettre que nous nous remettons en question quand même. Est-ce que nous ne serions pas de totale mauvaise foi, vexé et jaloux comme des poux hiboux cailloux d’être passés à côté du phénomène ? Franchement, nous ne pensons pas. Mais nous nous interrogeons néanmoins (la remise en question, le doute, nous permet quand même d’avancer, même si totalement à contre-courant).
Alors quoi ?
On ne descend pas Ashamed quand même. Il est très bon. Pas au point de s’en retourner la tête et de se mettre à danser la carioca à jeun sur la place publique désormais démasquée néanmoins. Ce qui nous pose une fois de plus question sur les mouvements de masses autour d’un phénomène, de ce « pourquoi » un groupe va éclater au grand jour alors qu’un autre, possédant sensiblement les mêmes arguments, passera à la trappe.
Question éternelle, sans réponse. Quoi qu’il en soit, on est content pour le groupe quand même, et le mieux que nous puissions tout de même vous dire est qu’il faut vous faire votre avis par vous-même en écoutant l’album. Comme quoi, même en arrivant après le combat, on s’estime malgré tout un peu légitime pour en parler…