MODERN MEN, Partout en France, “Do It Yourself”…
… et La Rage Avant Tout (disponible le 15 octobre/collectif Soza)
“L’homme moderne est l’esclave de la modernité: il n’est point de progrès qui ne tourne pas à sa plus complète servitude”. Voilà ce qu’écrivait en 1938, le poète et philosophe français, Paul Valéry dans Fluctuations sur la liberté. Les Hommes modernes avec un grand H, sont-ils libres? Il faut croire que non. La liberté est un droit fondamental de la personne, cependant il semble encore trop souvent bafoué. À différent degré, bien sûr. Chacun voit midi à sa porte.
En France, l’actualité foisonne d’exemples et le dernier en date, et le plus criant, est l’application du pass sanitaire, qui fait hurler une partie de la population. Ce refus de la servitude nous rappelle le mouvement Punk marqué par de fortes revendications de liberté personnelle et sociale, de contestation de la loi et des autorités. Ce qui nous amène à vous parler de Modern Men et de leur troisième EP Partout en France, un manifeste electro punk qui survient comme une rebuffade et reflète allègrement ce rejet de soumission, de combat des libertés et d’anti-capitalisme.
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Un état second, proche de la frénésie
Modern Men voit le jour sur les bords de Seine entre Rouen, la ville aux cents clochers et Paname. Nous retrouvons Adrian D’Epinay, que nous connaissons comme membre du groupe de Rock MNNQNS et Quentin Pinçon membre de la formation hardcore, Greyfell. Les deux acolytes décident de sortir des sentiers battus, de leurs projets respectifs, et expérimentent de nouvelles choses, où la guitare laisse plus de place aux synthés, boîtes à rythmes et aux sons trafiqués.
En 2019, le duo sort deux EP. Un premier, éponyme avec le morceau phare, Rouen a de l’eau jusqu’aux épaules, et un deuxième au nom ravageur et subversif Anéantir le monde moderne. En 2021, La Rivière de Plomb, album en collaboration avec le guitariste Stéphane Miollan, voit également le jour. Au crépuscule de cette année 2021, Modern Men débarque avec leur nouvel EP corrosif et six titres tantôt en français, tantôt en anglais, à vous mettre dans un état second, proche de la frénésie.
Partout en France
Modern Men démarre les hostilités avec le morceau 2019 sur lequel nous entendons en espagnol un discours quasi biblique “Il connaît ton coeur, ton esprit, tes pas, il veille à ce que tu te repentisses, il t’a laissé le libre arbitre, et la décision est tienne” (Merci à notre amie Rita pour la traduction libre). La voix est maltraitée, comme si les cordes vocales étaient frottées au papier de verre, parfois elle perd toute humanité, elle est robotisée. Nous pensons d’abord à Kraftwerk mais en beaucoup moins policé, beaucoup plus primal.
Nous retrouvons de nouveau cet aspect très déshumanisé avec le titre FFNHR (Fighting For No Human Right) que ce soit dans les paroles ou la musique très mécanique, industrielle qui implicitement, nous rappelle Les Temps Modernes de Charlie Chaplin, réquisitoire contre le monde industrialisé. Premier punk du cinéma?! Hear Nothing nous amène en plein cœur d’une rave party sauvage, nous tendons les bras vers les lasers qui zèbrent la nuit charbonnée. Le saxophone (?) calme notre palpitant et nous transcende. Nous divaguons, alors que notre déclin inéluctable continue de brûler à petit feu.
La mâchoire dégoulinante de salive
Mixing My Pain With Hate est le quatrième morceau en anglais de l’EP. Le morceau démarre comme un vaisseau spatial, et nous emmène vers un ailleurs inexploré. Ici, les Modern Men nous apprennent comment sublimer nos affres et notre rage. Mixing My Pain With Hate est un appel à la résistance, et nous pousse à sortir de notre passivité.
Partout En France est un état des lieux pessimiste du paysage hexagonal, nous sommes tous logés à la même enseigne. Le titre est entêtant, percutant, l’âpreté des paroles se mêle au chant vindicatif, et à la rudesse de la musique. Enfin, le titre Sale Bête, éveille en nous l’ambiance d’une messe noire, dans laquelle le prédicateur scande nonchalamment ses propos obscurs sur notre asservissement. Au loin des chiens enragés, à la mâchoire dégoulinante de salive, nous glacent le sang et n’attendent qu’un faux pas de notre part, pour nous faire goûter de leurs canines.
Modern Men nous livre comme à l’accoutumé un brûlot comme le monde moderne. Adrian et Quentin font de la musique avec passion. Nous sentons que celle-ci vient du cœur, des tripes et qu’ils sont libres. Leur colère et leur fureur sont communicatives. A l’écoute de cet EP, nous ne sortons pas indemnes, nous prenons une grande claque en pleine tronche et les BPM font vibrer notre oreille interne. Avec Modern Men, nous ne pouvons que sortir de notre léthargie routinière, secouer notre apathie et réveiller l’esprit punk et protestaire qui sommeille en nous!!!
LGH
(Le Gosse hélicoptère) j’adore découvrir de nouveaux artistes encore inconnus du grand public
et chercher ceux qui dans le passé ont fait ce qu’est la musique aujourd’hui.
La musique m’accompagne en permanence et tient une place primordiale dans ma vie.
Mon maître-mot est l’éclectisme même si mon cœur balance pour le rock sous toutes
ces formes. J’affectionne également la littérature et plus particulièrement la littérature
anglo-américaine (Bret Easton Ellis, Don Delillo, Jonathan Franzen,…).
Relire la chronique de The great destroyer
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