NEZICK, A tree, celui qui est caché par la forêt.
EP déjà disponible (autoprod).
Il est parfois symbole de force, parfois de sagesse. Il nous domine sans jamais nous écraser (sauf en de très rares occasions, des accidents) et pourtant, nous n’y prêtons pas forcément attention. L’arbre, A tree donc, fait partie de notre quotidien, dans nos villes comme dans nos campagnes. Le plus souvent, nous n’y prêtons pas garde, parce qu’il est noyé dans le décor, dans une foule d’autres arbres, et pourtant il est présent, toujours, où que nous nous trouvions.
Nous n’évoquerons pas les incendies qui ravagent les pays du sud de l’Europe et qui les déciment pas centaines, voir par milliers. C’est peut-être d’ailleurs en ces moments que leur majesté vient à nous toucher, parce qu’il reste un élément fragile, malgré tout. L’arbre, c’est l’image de laquelle s’est inspiré Nezick pour cet EP. Parce que l’arbre, dans la forêt, c’est un peu comme l’homme qui se cache dans la foule, une identité invisible, mais qui a pourtant des choses à dire.
Pop.
Nezick œuvre dans la pop. À l’origine musicien multi-instrumentiste de formation classique, il a longtemps évolué en tant que guitariste chanteur dans un groupe de rock, avant de bifurquer vers la composition de musique de court-métrages et de disques plus personnels, dans une veine synthétique (synthrock, synthpop) ou progressive. De ces 3 derniers qualificatifs, nous retrouvons des traces dans cet EP.
En effet, nous y retrouvons une certaine esthétique synthétique, mais pas celle, glaciale, qui faisait la coldwave. Elle s’apparente plus ici à un côté dreampop, avec un caractère parfois épique, une dramaturgie qui pourrait nous faire verser quelques larmes, avec une sensibilité parfois optimiste, parfois pessimiste. Mais nous y sentons une âme, un cœur qui bat, un romantisme qui affleure en sus face de l’écorce.
Caractère religieux.
Nous sentons également un caractère presque religieux à cet EP, qui transparaît par la douceur de la voix, par celle des arrangements (qui flirtent parfois effectivement avec un esprit progressif, voir post rock, un peu dans la lignée de ce que propose Sigur Ros, en tout cas pour ceux qui ont un jour découvert leur DVD Heima gorgée de cet amour révérencieux de leur Islande natale). Bref, le cœur se gonfle au contact de certaines mélodies, de certains apports purement acoustiques (le piano sur The same par exemple), de ce temps que prennent les notes pour parcourir le silence.
Il ne serait pas étonnant, si vous écoutez le disque les yeux fermés, de voir apparaître dans vos pensées des paysages de basses montagnes, des bois à l’atmosphère un peu magique, ou au contraire plus impressionnants par l’obscurité qu’ils recèlent. Pour nous néanmoins, les 5 titres qui peuplent A tree sont presque folk, notamment parce qu’ils développent une intensité telle qu’ils dégagent notre horizon.
Nous nous projetons dès lors dans la folie des grands espaces, mais également dans le giron de ceux qui nous sont intimes. Est-ce si impensable que cela ? Non, absolument pas, car nous avons l’intuition que Nezick a dû remonter, ou descendre, vers ses racines. Un titre comme Mud and wood, et son introduction où un homme parle à son père, tend à nous montrer, musique à l’appui, un pardon. Touchant.
Seul, ou presque.
Si Nezick compose tout seul, ou presque puisqu’ il est épaulé dans sa démarche par Mic Baumann, production et batterie, et Laure Bouyer, textes, depuis 2018, tandis que Bastien Hiverniau, guitare, l’a rejoint tout récemment, c’est pour mieux permettre à sa psyché de s’exprimer librement, d’aller chercher le terreau de ses chansons.
On pense parfois, en écoutant cette voix sans maquillage (ou alors très discret), à un chanteur comme Alex Brown (Sea wolf). Leur point commun : une mise à nu presque totale, laquelle est auréolée d’une musique à la fois sensuelle et sensible, à fleur de peau, dessinant des paysages à la fois chatoyants et sombres.
Pourtant, ce disque, même s’il décoche de temps en temps des flèches un peu mélancoliques, dégage une vraie force positive. Au risque de mal interpréter la chose, nous dirions que Nezick, avec A tree, pose ici des bagages qu’il portait depuis trop longtemps, et que cela l’allège d’un poids incroyable. Et nous, auditeurs, nous nous sentons débarrassés de celui-ci également et, légers, nous gagnons un regain d’énergie, d’élan vers l’avant. Ou vers la vie, tout simplement.