NO CUT, vidéo en plan séquence pour concert unique.
Court-métrage musical.
Nous vous dévoilons aujourd’hui une vidéo en forme de plan séquence. Un court-métrage de 22 minutes à peu près. Enfin, nous disons un court-métrage, mais il peut tout aussi bien s’agir d’un concert filmé puisque 5 musiciens s’y succèdent, tout ça sans montage, en une prise. La prouesse n’est pas anodine puisque ces fameux 5 musiciens/groupes possèdent des univers n’ayant a priori rien à voir les uns avec les autres. Fort heureusement, No cut, qui porte bien son nom, parvient à les rendre indissociables les uns des autres et nous offre un moment un peu magique de musique et de cinéma.
Un peu comme Brian de Palma (Les Incorruptibles), Paul Thomas Anderson (Magnolia) ou (même s’il triche un peu) Alejandro González Iñárritu (Birdman), le plan séquence est une spécificité du cinéma que nous affectionnons particulièrement. Pourquoi ? Parce que cette technique en une seule prise nous montre autant le travail du réalisateur que celui des acteurs, contraint d’être excellents sur la durée, aléatoire, d’une prise. C’est le parti pris qu’ont choisi Sourdoreille (nos confrères spécialisés à la fois dans l’art de la vidéo, puisqu’ils travaillent notamment pour France télévision et Arte, et dans la critique musicale/culturelle), le réalisateur Sami Battikh et Culture box pour ce premier No Cut.
Ici, ils nous proposent de découvrir Lilly Wood & the Prick, Ichon, Jeanne Cherhal, Thylacine et Ko Ko Mo dans un exercice inédit, forcément jubilatoire.
Au programme.
Pour mener à bien cet exercice, nous aurions pu avoir 5 artistes dans la même veine, mais cela aurait peut-être manqué de relief. Ici, en alternant, par ordre d’apparition, pop, crooning rap, chanson française, électro et rock d’obédience zeppelinienne (notre coup de cœur), No cut propose autant un voyage pour les yeux que pour les oreilles. En effet, fond et forme font mouche en proposant, pour chaque artiste, un univers visuel en adéquation avec sa musique.
Ainsi, Lilly Wood and the prick se la joue mobile tranquille, avant un plan frontal ou le duo, accompagné d’un sax baryton prend la pose. Ichon lui nous propose une déambulation à la cool, petits pas de danse élégant, avant de rejoindre le piano de Jeanne Cherhal. Statique derrière son instrument (enfin elle bouge mais ne peut se déplacer de derrière son clavier), elle laisse place à Thylacine qui lui aussi est fixe derrière ses machines, si ce n’est que celles-ci se déplacent. Enfin, Ko Ko Mo se la joue live sur la place, avec sa formule duo en tête-à-tête.
Explosif est détonant, cette vidéo nous bluffe par sa technicité et par des transitions absolument sublimes. Deux nous marquent profondément, celle qui sépare Lilly Wood and the prick (mais comment s’y sont-ils pris ? Avec une grue ? Mystère qu’on ne veut pas voir résolu au risque de perdre un peu de la magie de cet instant incroyable) et cet enchainement entre Ichon et Jeanne Cherhal qui greffe son piano sur le titre d’Ichon. Cela a bien évidemment été arrangé pour l’occasion, mais les deux titres semblent se fondre ensemble comme s’ils savaient qu’ils allaient l’être un jour (vous nous suivez?).
L’éthique.
No Cut de Culturebox produit par Sourdoreille et réalisé par Sami Battikh, se veut une vidéo à même de relier les lieux, les musiques et les personnes à travers un film à l’espace-temps unique. Une seule caméra, pas de trucages, le tout pour parcourir 800 mètre sur l’ile de Nantes en compagnie de musiciens, voilà le pari un peu fou engagé. Il s’agit d’un numéro 1, on peut en espérer un numéro 2 et ainsi de suite, non ? Parce que nous, ça nous a bluffés et, même si les musiciens ne sont pas parmi nos préférés, nous sommes restés scotchés aux prestations de chacun d’entre eux (avec le bouquet final Ko Ko Mo qui, comme tout feu d’artifice réussi cartonne avec force).
La vidéo sera diffusée aujourd’hui sur Culture box et sur France 4. On vous invite vivement à regarder tout cela tant ce film, unique, procure son petit lot de bonheurs. Ah, ça fait un bien fou !
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