DIANA HUTCH & VAL NACHO, Jennifer (amour toujours)

diana hutch & val nacho jennifer1er EP disponible le 2 juillet chez Calmos Records.

Jennifer, c’est cette fille qui nous agace, nous exaspère, mais qui, par on ne sait quelle forme de magie finit par nous rendre totalement fou d’elle. Et là, les ennuis commencent. Après cette exaltation des premiers émois durant lesquels le monde semble s’arrêter de tourner, surviennent les premières déceptions, le déni d’une réalité pourtant devenue concrète. Premiers regards, amours adolescentes, rupture, tristesse, en 4 titres, comme autant d’étapes dans une rencontre puis rupture amoureuse, Diana Hutch & Val Nacho nous parle de l’amour, encore, toujours.

Fleur bleue, naïf, le choix des mots est ici tout sauf anodin. Nous retournons en adolescence avec La boum. Ambiance garantie rétro, pop acidulée et boule à facettes, relent dream et paillettes dans les yeux, mots simples et cœur qui cogne, le coup de foudre est détaillé avec une clairvoyance presque enfantine.

« Jennifer quand tu danses/ ta silhouette méprisante ça m’fout en l’air/ mais dans tes yeux, mais dans tes yeux/je n’vois que d’la douceur pourquoi ? »

Le cœur a ses raisons que la raison ignore, l’étincelle s’est produite à ce moment précis, le cœur s’est emballé. Ferré, on succombe aux charmes de la belle, l’histoire commence.

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Amour et désamour.

L’amour, c’est Sucré salé, la mise en place des projets, l’envie d’ailleurs, pour voir si la « vida loca change un peu nos vies ». L’amour est là, mais on sent ce petit truc amer sur nos papilles, comme si nous lancions dans l’arène des sentiments nos dernières armes. Nous y croyons dur comme fer, dans une forme de déni comme seul l’amour sait générer. On garde nos œillères. Mais la réalité se délite, et la fin approche à grands pas.

« J’en r’viens pas que tu sois/ partie pour un autre/ que moi/ j’en rviens que tu sois/ partie pour de bon »

Désillusion. Ce que l’on avait refusé de voir dans Les silences prend une tournure concrète, brise le moment magique ou la réciprocité des sentiments, si toutefois elle a existé, prend fin. Les interrogations, les souvenirs, tout se bouscule, nous amenant à nous dire que l’on voudrait tellement plus que des amours adolescentes, que l’on désirerait tellement se fixer, une fois pour toutes.

Alors on reste dans ce marasme d’espoir un peu fou que, même si tout est fini, on y croit toujours. On fantasme sur ce Désir des îles, lune de miel idyllique avortée au profit d’un retour contraint au célibat. Spleen mélancolique forcé, les pieds battus par le flux et reflux de la mer qui nettoie les plaies du cœur, on tarde à réaliser que peut-être, tout recommencera, avec une autre Jennifer…

Un goût doux amer.

La pop de Diana Hutch & Val Nacho est empreinte de ces couleurs que l’on retrouve dans les films à l’eau de rose des années 80, légèrement remis aux goûts du jour par une production moins plombée et/ou typée. Si les premiers atours du disque sont légèrement dreampop, la gravité s’installe petit à petit sur fond de synthés bubblegum et de rythmes paradoxalement dansant. Le romantisme, jamais mielleux, du groupe s’installe, réactive des zones de notre cerveau en sommeil (depuis belle lurette nous concernant, vu notre grand âge) et nous rappelle à quel point nous y croyions à l’époque.

Nostalgie jamais forcée, notamment grâce à ses lignes de chant judicieuses, les couleurs restent malgré tout chatoyantes. Si l’amour est mort, leur protagoniste principal, ce monsieur-tout-le-monde déchu de son piédestal amoureux, est lui bien vivant, et, avec lui, toute douleur qui soit, l’espoir de trouver « la bonne » n’est jamais loin.

Ce premier EP nous parle bien. La simplicité des paroles contraste avec la finesse des arrangements et avec cette production à deux doigts de virer kitsch, mais qui a toujours le bon goût de rester du bon côté de la chose. Assurément, l’équilibre est un art aussi délicat à maitriser que celui des émois violents, renforcés par un bombardement hormonal incessant. Fort heureusement, avec Jennifer, Diana Hutch & Val Nacho nous démontre que l’effet de balancier à ses vertus, et évite à ce premier ep de se trouver relégué aux oubliettes, comme une énième Jennifer.

Ndlr : Jennifer est le premier disque du tout nouveau label lyonnais Calmos records, label qui met l’accent autant sur la musique que sur l’univers visuel qui l’accompagne, en proposant des formules relativement originales permettant de mettre le créateur ou la créatrice de l’artwork aux avant-plans.

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