ENTROPIE, The dancing plague, comme un goût d’Amérique
1er EP (disponible)
Nous avions découvert Entropie grâce à son Teenager Summertime. Nous découvrons à présent le groupe dans la version plus longue et toute autant enthousiasmante qu’est celle du premier EP. The dancing Plague, en plus d’être le morceau illustré par une nouvelle vidéo (en bas d’article) donne le nom à ce premier opus du combo, premier opus ne manquant ni de sel, ni de poivre, ni de talent.
Pour commencer, il faut une base rock reposant sur un socle fait de compositions solides, aux refrains tonitruants, accrocheurs, entêtants. Cet art toujours délicat du refrain catchy est ici maîtrisé à merveille par le groupe qui sait nous maintenir en haleine sur chacun de ceux-ci. Il faut dire qu’Entropie sait se montrer convaincant, qu’il s’agisse de proposer des mélodies à reprendre en choeur ou de nous embarquer dans un univers de folie.
Si le premier titre, Suffocation, s’avère juste être une bonne entrée en matière, de bonne prestation sans non plus être particulièrement transcendant, le coup d’accélérateur est mis en place dès le deuxième titre avec Teenager summertime, véritable hymne à… à quoi ? À la liberté adolescente ? Sans doute. En tout cas, Suffocation montrait déjà la voie/voix, Teenager summertime, avec son rythme entrainant et son emprise pleine de légèreté enfonce le clou et lance The dancing Plague sur orbite.
Tout commence…
… par des guitares claires, qui dispensent aux quatre vents des arpèges imparables, qui nous emportent dans un tourbillon rock multicolore. Nous sommes pris dans une danse effrénée, faites d’enchainements d’accords parfois répétitifs, comme pour mieux marteler le propos. Résultat, la musique du groupe se crée une place dans notre tête contre laquelle nous ne pouvons rien faire. D’ailleurs, le voulons-nous ? Assurément, non!.
Les thèmes musicaux ont tous le bon goût d’être à l’exact point d’équilibre entre fougue rock et attirance pop. Pourtant, le groupe reste purement rock à notre goût, notamment lorsque a) les guitares sont un peu plus abrasives, b) quand la basse sonne, avec ce léger effet distordu du plus bel effet, évoquant certains groupes post-punk par exemple, c) quand le chanteur se fait plaisir en poussant sa voix dans un vrombissement n’étant pas sans rappeler, dans l’implication, plus que dans le timbre, un certain Julian Casablancas.
Du fameux chanteur des Strokes, nous retrouvons un engagement sans failles, une maitrise de son sujet, à la différence qu’ici, la voix n’est pas, ou très peu, trafiquée (un écho de temps en temps, une reverb’, un soupçon d’overdrive may be). Très très bon point ! Et que dire de l’accent ? Plus que souvent irréprochable, le chant s’avère indéniablement l’un des points forts d’Entropie.
Une insolence magistrale.
Nous sentons sur cet EP une insolence incroyable celle de ces groupes qui croient qu’ils ont quelque chose à jouer. Alors Entropie y va crânement, se jette dans l’arène avec sa bite et son couteau (ici transformés en sa voix et ses mélodies) et impose sa personnalité. Les arrangements sont plutôt futés, les bases rythmiques trépidantes, nous invitant à lever notre cul de notre chaise et à venir remuer du croupion dès que l’occasion se présente (en gros sur tous les titres).
On pense parfois à des groupes anglais (Queen semble s’inviter sur les choeurs à la fin de Junkie feeling par exemple), ou à ceux d’outre-Atlantique, du côté de la Big Apple (toujours les Strokes), tout en étant français. Bref, quand la sauce prend à ce niveau-là, on se dit qu’on touche le jackpot (et c’est assurément le cas avec Entropie).
Et puis, il y a ce truc, cette décontraction qui crève presque le plafond. On sent véritablement un groupe qui prend la balle au bond, sans faire de chichis, c’est-à-dire qu’il trousse des chansons sans complexe, non pas avec désinvolture (les arrangements, les overdubs, le son, tout est finement travaillé, et n’est surement pas le fruit du hasard sur la totalité de l’opus), mais avec une classe rafraîchissante. Pour la faire brève, nous dirions simplement que le groupe est aussi fluide que ses lignes de chant, qu’il va à l’essentiel en se faufilant entre tous les pièges qui jalonnent le parcours de rock star.
Sans grosse tête.
En fait, tout cela nous donne la méchante impression d’être en contact avec un groupe capable de faire exploser la tête des charts, en faisant une musique à la fois instinctive et exigeante. Instinctive pour qui l’écoute, exigeante pour ceux qui la compose, car rien n’est fortuit ici, tout est décidé, mûrit, y compris cette attitude qu’on ressent comme un coup de massue nous faisant nous dire qu’il est bien loin le temps de nos vingt ans.
Si nous ne pouvons dire qu’une chose, c’est qu’Entropie possède à notre goût un gros, très gros potentiel, à la fois capable de séduire une base populaire comme une autre plus mélomane. Et en se mettant tout le monde dans sa poche, le groupe pourrait très bien s’imposer durablement par ici ou, comme nul n’est prophète en son pays, au-delà de nos frontières.
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