[Album] NIKA LEEFLANG Project, Bad sunday

Un parfum rock irrésistible

Premières notes de Bad sunday, on croit entendre les Pixies. C’est fugace, ça ne dure que le temps de quelques notes, qui évoquent, gros comme un camion le fameux Where is my mind. Mais très vite, la réalité prend le dessus. Nika Leeflang, ce n’est pas du Pixies. Ce n’est pas « rien » en fait, c’est juste du Nika Leeflang, mélange de pop, de rock, de slackers, de ce soupçon grunge aussi. Bad sunday en 9 titres pour même pas une demie-heure, c’est la promesse d’une semaine réussie.

Il faut dire que la dame, à la tête de ce « project », possède de sérieux arguments à faire valoir. Prenons le cas du premier titre. Bon ok, on pense Pixies, mais dès que la voix se pose, en français (elle alterne anglais, majoritaire, et français sur cet opus), c’est plus à Gainsbourg qu’on pense. Gainsbourg père, pas fille. Avec un truc susurrée, super sexy, avec quelques mots mangés en passant, mais tout en restant parfaitement compréhensible. Musicalement, si l’entame rock paraissait jouée d’avance, avec une basse (à la Melody Nelson) qui nous fait un effet mortel, c’est plus du côté pop que vire le morceau. Est-ce grave Docteur ? Absolument pas, parce que c’est génialement fait.

Suit Broken bones. On retrouve ce truc rock qui fonctionne du tonnerre. Une ligne de chant, sur les premiers accords plaqués, qui file le tournis, balance un flow imparable. Avant qu’arrive un refrain plus rugueux, tendance slackers, tendance rock indé américain 90 (genre Nada Surf mais en moins chiant, carrément), genre celui écouté sur les campus , mais surtout en moins con (autrement dit en plus recherché).

Electricité/acoustique.

Il y a un juste dosage entre électricité et acoustique sur cet album. Impossible de départager les deux. D’un côté, la mélodie, de l’autre l’énergie, les deux fusionnées en un tout qui dispense groove, sensualité, efficacité, talent de composition et arrangements bien sentis. Dur de faire mieux à la vérité.

Pourquoi adhérons-nous à 100 % à cet univers ? Sans doute parce que Bad sunday possède ce truc auquel nul ne peut résister, à savoir la capacité à nous embarquer dans son univers de façon très simple, tout en restant exigeant sur la qualité d’écriture de l’ensemble. C’est-à-dire que cela peut plaire au pékin moyen, pas très regardant, qui peut y voir une suite de morceaux entraînants, accrocheurs, et au mélomane qui pourra creuser un peu plus sous la surface qui est loin d’être aussi lisse que pourrait le croire le fameux pékin.

Il y a tout un art du rythme sur Bad sunday. Il commence par celui émanant des lignes de chant. Leur efficacité est très pop, ce qui signifie qu’elle ne vous lâche pas d’une semelle. Une fois qu’elles (les lignes de chant) se sont infiltrées dans vos oreilles (et de la même manière dans votre cervelle), il s’avère impossible de les y déloger. Addiction rapide, nette et sans bavures.

Une paire rythmique groovy.

Les lignes de chant sont accompagnées par une paire rythmique qui ne fait jamais défaut. La basse est notamment joliment mise en avant, porte un groove évocateur, mis en lumière par une batterie bien en place. Les guitares n’ont plus qu’à combler les interstices, ce qu’elles font (plus qu’) à merveille. Un soin tout particulier est apporté aux sonorités de tous les instruments, créant une homogénéité qui ne se dément pas de tout l’album.

La voix est superbe. Nika Leeflang, vous l’avez déjà compris, possède là un point fort incomparable. On pense vite fait à PJ Harvey (mais avec une voix plus enveloppante), et un peu à Muriel Moreno (Niagara), notamment pour ce côté sexy. Il faut dire qu’elle possède l’art et la manière de la placer là où il faut, et quand il le faut, pour nous séduire. Pour autant, elle est sexy rock. Elle a le mojo Nika, ce petit truc en plus qui fait que ce n’est ni racoleur, ni bricolage. On sent que ça vient de loin, que ça ressort d’un besoin vital de s’exprimer pour et par le rock. Nous, ça nous fait un effet terrible.

Format radio.

Le seul bémol que nous aurions pu déceler, avant même d’écouter le disque, aurait été la longueur des morceaux. Tous formatés radio, nous craignions que les univers déployés soient assez restreints. Et fort heureusement, ce n’est pas le cas. Tous les titres ne développent pas un univers particuliers, puisqu’une suite de morceaux peut s’insérer dans le même mouvement, en lui apportant néanmoins des nuances rythmiques et mélodique, tout en restant « du même tonneau », mais certains possèdent une touche particulière (le côté planant débutant à la moitié d’Old Stones par exemple) n’étant absolument pas pour nous déplaire.

À bien y regarder, nous ne percevons aucune faute de goût à ce Bad Sunday. Bon, allez, on vous en dit une totalement subjective, histoire de prouver qu’aucun album n’est parfait. On n’accroche pas véritablement avec les 10 secondes d’entame de Good Sunday. Voilà c’est dit. Donc l’album n’est pas parfait. Mais pas loin. Vraiment pas loin. Le mieux, pour vous en convaincre, reste d’y jeter une oreille. Vous verrez, vous tomberez sous le charme.

Le titre de Bad sunday.

Eh bien, si Bad sunday nous met directement dans le bain, The night call ne nous donne absolument pas envie d’en ressortir. Dernier morceau de l’album, il est aussi celui qui tranche peut-être le plus avec les 8 autres titres, notamment grâce ou à cause de la voix. Elle est ici parlée (sauf sur les choeurs), trafiquée par un effet téléphone. Elle est poétique cette chanson, posée sur des guitares folks presque dépouillée. Ce morceau, en français contrairement à ce que son nom laisse penser (comme Bad sunday et Good sunday du reste), est plus viscéral. Si cet état transparait en partie de la voix, il s’avère que la musique effectue elle aussi un mouvement d’avant en arrière, comme un marteau burineur. Elle entre presque de force, cette mélodie de rien, développant un univers crépusculaire et romantique d’écorché(e) à l’amour. Bref, il nous file le frisson ce titre…

nika leeflang project bad sunday

 

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