Jorge Bernstein & The Silky Birds Of Love // Fini le cuir, place au velours.

Album éponyme de Jorge Bernstein & the silky birds of love

Il y a des choses qui ne s’expliquent pas. Dans le processus d’une chronique musicale, plein d’éléments peuvent entrer en considération, cependant il y a toujours un point, une première impression qui dit “Ouais, c’est bon ça! Ça me plaît bien”. Dans le cas présent, au préalable, c’est le nom du groupe qui a fait étinceler nos quelques neurones encore existant. Jorge Bernstein & The Silky Birds Of Love sortent un album éponyme. A brûle-pourpoint, nous pensons à Kid Congo & The Pink Monkey Birds ou encore King Khan & The BBQ Show.

Un doux philtre d’amour

Et le hasard fait bien les choses nous direz-vous. Mis à part la structure de leurs noms d’artiste, ils ont commun le Garage Rock, musique que distille depuis près de 20 ans Jorge Bernstein & The Pioupioufuckers. Ces derniers, après un dernier album, âpre et abrasif, intitulé Ultimatum Violence (2018) croisent sur leur chemin un druide celte qui leur fait ingurgiter un doux philtre d’amour en lieu et place de leur Jack Daniels du matin. Ainsi, les Pioupiofuckers deviennent les Silky Birds of Love, et par la force des choses, leur musique se veut plus apaisée, tempérée sans pour autant diminuer leur ardeur et leur capacité à capter notre attention.

Bon ok, la qualité d’un groupe ou d’un album ne se limite pas qu’à son nom, nous sommes d’accord. Néanmoins, vous l’aurez compris, le reste est loin d’être creux et insignifiant. Bien au contraire. Jorge Bernstein & The Silky Birds Of Love, c’est Jorge Bernstein à la batterie, parallèlement il est aussi auteur, scénariste de bande-dessinée, à la guitare et au chant, Monsieur Free, enfin, Peter Woodwind à la basse et aux chœurs. Les trois trublions nous proposent douze titres à la fois folk et vernis de pop mais aussi légèrement country et lo-fi.

Do not go gentle into that good night

Dans cet album, il est question d’amour, d’amour au sens large du terme et surtout pas celui qui est trop niais. Le morceau qui ouvre l’album A School Trip To Wales c’est l’amour père-fils qui est mis en avant. Le titre est un poème de l’écrivain et poète Gallois, Dylan Thomas. Initialement intitulé Do not go gentle into that good night, Dylan Thomas écrit ce texte pour son père mourant. Jorge Bernstein & The Silky Birds of Love marient parfaitement le rythme et les répétitions du poème à leur musique. Ils surpassent (c’est notre avis) la version que Iggy Pop (Dieu sait que nous adorons l’Iguane) en a fait sur son album Free.

Certains morceaux nous rappellent le très regretté Daniel Johnston comme sur 100 Maybe où le narrateur semble plus heureux dans ses rêveries, et qui ne souhaite qu’une chose, retourner dans les bras de Morphée. C’est aussi le cas avec Silly Song, titre quelque peu absurde où nous devinons qu’il est question de rupture. L’amour ne se raconte jamais aussi bien que par son absence, quand le ciel est bas et gonflé de larmes comme sur Time for Rain ou encore avec le morceau My Summer’s gone, où ce manque devient une obsession et nous rend malades au point de nous replier sur nous-même.

L’Ouest Américain

De son côté, Another Forest est une déclaration d’amour au conditionnel au propre comme au figuré.  Sur Birds of Love, les cordes en nylon de la guitare frétillent, et nos “Inséparables” babillent leur identité. Sur le très pop, Baby You’re Mine, le bouillonnement amoureux est exclusif et acquis alors que le douloureux Again & Again, est beaucoup moins enjoué comme sur le très sobre Way to Rewind, où la voix est à fleur de peau.

Jorge Bernstein et ses Piaf de velours nous se joue de notre imaginaire avec le merveilleux Larden#4, titre instrumental, où nous avons l’impression de voyager dans l’Ouest Américain à bord d’une locomotive à vapeur. Nous fermons les yeux et nous nous imaginons un désert sec et aride, peuplé de rares cactus et de hauts plateaux mordorés à l’horizon. Nous retrouvons aussi la représentation et les poncifs de la conquête de l’Ouest avec Western Ending qui clôture l’album. Ici la voix feutrée est magnifiée par les chœurs qui l’accompagnent.

Of course

Jorge Bernstein & The Silky Birds of Love réussissent leur pari, en sortant des sentiers battus et en nous proposant un album plus folk et aéré que leurs précédentes galettes. Leur rock nerveux garage est posé sur l’établi mais nous n’avons aucun doute qu’ils ressortiront l’artillerie prochainement. Avec cet album que nous pourrions qualifier d’intimiste, nous surfons sur une vague de mélancolie douce et amère, qui étrangement nous fait le plus grand bien, il faut l’avouer. La très belle illustration de Rudy Spiessert résume très bien l’esprit du disque où la songerie, la contemplation amoureuse et l’étalement des sentiments sont ubiquistes. A l’écoute de ce dernier opus, nous nous y retrouvons car nous avons tous une part de Silky Birds Of Love (et de Pioupioufuckers, of course…)

LGH

jorge bernstein & the silky birds of love

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LGHLGH
(Le Gosse hélicoptère) j’adore découvrir de nouveaux artistes encore inconnus du grand public
et chercher ceux qui dans le passé ont fait ce qu’est la musique aujourd’hui.
La musique m’accompagne en permanence et tient une place primordiale dans ma vie.
Mon maître-mot est l’éclectisme même si mon cœur balance pour le rock sous toutes
ces formes. J’affectionne également la littérature et plus particulièrement la littérature
anglo-américaine (Bret Easton Ellis, Don Delillo, Jonathan Franzen,…).

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