[ALBUM] SATELLITE JOCKEY, Le week-end
Le meilleur moment de la semaine.
Tout le monde le sait, le meilleur moment de la semaine, c’est le week-end. En baptisant ainsi son album, Satellite Jockey essaye-t-il de nous faire passer le message suivant : notre pop est ce qui se fait de meilleur sur l’hexagone ? Sans doute que le groupe est trop modeste pour penser cela. En tout cas, à l’écoute de Le week-end (déjà disponible chez Another Record / Creature Production / Pop Club records), nous sommes enclins à penser a) que le groupe n’est pas prétentieux, b) qu’il est effectivement dans le haut du panier pop en français.
Mais d’abord, il ne faut pas confondre pop (bien!) et variété (pas bien ! Caca!). Alors, la différence va sans doute être peu subtile, mais pour nous, la pop est une musique populaire qui ne prend pas les gens pour des cons. La variété, est aussi une musique populaire… et vous devinez la suite. Il ne fait donc aucun doute que dans le cas qui est le nôtre présentement, nous sommes dans le bel ouvrage pop, avec recherche musicale poussée, ainsi qu’une recherche textuelle tout sauf pâlichonne. On développe ?
Début léger.
Le début de l’EP (La vallée, Le week-end, 2 emo 4 me) sont des titres plutôt légers. Ils évoquent ce moment où nous rangeons notre bureau, passons un coup de chiffon sur les meubles et que nous fichons le camp de ce lieu où nous ne remettrons les pieds que 3 jours plus tard. Sentez-vous ce parfum de légèreté, comme si vous laissiez au vestiaire fatigue de la semaine ainsi que pression permanente d’obtenir des résultats. Tel un vendredi soir, Satellite jockey procure une belle inspiration, de celles qui disent : « enfin ! ».
Ainsi, tout commence sur une musique plutôt guillerette, enjouée, aux textes au diapason. Le quintet, mené par le duo Pauline Le Caignec et Rémi Richame, s’alternant au chant (quand ils ne sont pas tous les deux présents sur celui-ci), pose la première pièce à l’édifice de cet album qui, petit à petit, se fraye un chemin dans notre cœur. Pourquoi petit à petit ? Au début, le côté « en français » nous fait un peu peur, mais heureusement, rapidement, il nous séduit, follement et irrémédiablement. Il faut dire, malgré le fait qu’il soit chanté en français, et malgré que la musique qui l’accompagne sonne aussi française, Le week-end s’écoute comme un album de pop anglaise.
Paradoxe.
C’est le moins que l’on puisse dire, il existe un paradoxe dans ce que nous venons de dire plus haut. Pourtant, Le week-end sonne comme un excellent disque pop anglais. Sans doute parce que les sonorités de guitares et de claviers sont tout à fait dans l’esprit de la perfide Albion. Mais surtout, c’est au niveau du groove dégagé par la paire rythmique batterie/basse, couplé aux lignes de chant (et aux choeurs, bien foutus), que Satellite Jockey fait mouche et nous transporte, contre toute attente du côté de l’Angleterre. Un titre comme Trompe la peur en est un parfait exemple.
L’efficacité est au rendez-vous, de façon non pas régulière mais constante. Même si tout n’est pas léger, notamment cette triplette plus nostalgique/mélancolique (Un jour, Drôle de journée, Paix sociale). Ces trois morceaux montrent une facette plus dramatique, quoique jamais plombante, du groupe. Et peut-être que c’est véritablement là que le talent d’écriture du groupe nous saute à la gorge, nous amenant à nous replonger dans le début de l’album avec un oreille plus aiguisée.
Ingénue.
La musique de cet album est ingénue. Elle semble naïve, mais ne l’est pas. Contrairement à ce que semble laisser penser des lignes de chant paraissant instantanées, les mots, bien que simples, sont plus profonds que ce que nous croyons de prime abord. Il faut dire que le talent des deux chanteurs nous berne de la plus belle (et perfide) des manières. Nous pensons à un couple d’amoureux, à peine sortis de l’adolescence qui chanterait des comptines un peu niaises sur la joie d’être amoureux, main dans la main « à la Sheila », mais c’est bien plus nuancé que cela.
Parce que, certes, nous y ressentons un sentiment romantique, légèrement épique, émaner de presque tous les titres, mais Satellite Jockey voit les choses en plus grand que cela. Nous sentons, derrière ces chansons hyper catchy un regard mi-tendre mi-désabusé sur la société qui est la nôtre (le très beau Paix sociale en est criant de vérité). L’album est à l’image de certaines chansons bien connues, vous savez celles que l’on danse sans jamais réellement décortiquer les paroles. Ce faisant, on déchante bien vite car elles sont souvent bien plus trash qu’il n’y paraît. Nous avons un peu la même impression, sans aller jusqu’à quelque chose de gênant. Simplement que ce n’est pas aussi plat et lisse qu’il pourrait sembler à première écoute, loin de là.
Cet album nous fait donc une très belle impression, au point que la seule chanson (bonus) que nous avons en anglais nous paraît (presque) moins bien (mais bon elle n’est pas du tout moins bien en vrai). Ce disque est donc une glace menthe à l’eau, mais menthe poivrée si vous voyez ce que nous voulons dire. Très riche, inventif, maniant la langue avec dextérité, Le week-end nous fait nous dire que celui-ci peut très bien se passer chaque jour de la semaine grâce à Satellite Jockey.
LE titre de Le week-end.
On a une grosse affection pour Drôle de journée. Pour le spleen lumineux qu’elle dégage, pour son piano, pour son rythme lent, romantique. Pour la slide. Pour cette voix, pour le texte. Parce qu’il nous touche particulièrement, émotionnellement parlant. Parce qu’il parle de « mots qui s’effacent sous nos yeux ». Et puis aussi parce que ça part (pied un peu sur le frein) à 1 minute 20 et qu’on se dit qu’en live, un titre comme ça, ça rétame (parce que déjà on perçoit le potentiel de malade qu’il a). Et quand la musique prend le dessus, que les voix s’étiolent dans celle-ci, on part avec, dans un trip coloré, presque rock sudiste (à la Lynyrd Skynyrd) mais avec un petit apport électro qui vous vrille la tête. Bref, on a une grosse, très grosse affection pour Drôle de journée.
On pense à Wendy Martinez
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