[ALBUM] Miegeville — Est Ouest // La Rose des Vents

Est Ouest, premier album solo de Miegeville, déjà disponible

Cela faisait un certain moment que l’album Est Ouest de Miegeville nous faisait de l’œil. Nous en faisions une écoute régulière, il était là devant nous. Pourquoi ne pas l’avoir chroniqué plus tôt ? La raison est simple et complexe à la fois.

Est Ouest fait partie de ces albums qui demandent à être apprivoisés, qui nous prennent par la main, nous amènent d’un point cardinal à l’autre, tout en nous faisant passer par toutes les émotions. Un album qui joue avec nos affects est un gage de qualité. Et puis, au risque d’être présomptueux, nous voulions rendre à Miegeville une chronique à la hauteur de son album, car il fait partie de ces artistes qui vivent pour et par la musique mais pas uniquement.

Artiste protéiforme

Même si pour certains, il est un homme à ne plus présenter, nous allons lui faire cet honneur. Miegeville, Matthieu de son prénom, le mérite amplement, d’autant plus que son parcours va nous permettre de mieux comprendre cet album Est ouest.

Matthieu alias MiLKa est un touche-à-tout, il est un artiste protéiforme, avec une certaine schizophrénie poétique et un goût du travail bien fait. Nous le connaissons en tant que chanteur du dissonant groupe de heavy metal Psykup (actif depuis 1995) mais aussi pour l’étonnant My own private Alaska (MOPA), où seuls une batterie et un clavier accompagne la voix métal hurlante de MiLKa.

Nous le retrouvons aussi avec Agora Fidelio, pour une musique planante, mais aussi avec Cancel the apocalypse, autre projet où la scène metal et classique servent de fondations pour une musique fleuve. Avec Terre neuve collective, le toulousain se tourne vers une musique plus apaisée rappelant un pan du rock’n’roll très nineties, période durant laquelle les cassettes audio s’échangent sous le blouson Bombers et où nos Doc Martens battaient le pavé.

Là où convergent les points cardinaux

Matthieu Miegeville a publié en 2019, un ouvrage de poésie et de réflexion philosophique, intitulé Là où convergent les points cardinaux. Aujourd’hui, c’est donc avec Est Ouest, son premier album solo, que Miegeville se livre à nous. Nous avons le sentiment d’un déclic, d’une maturité grandissante. Après s’être forgé un personnage avec Psykup et s’être malmené la voix, Miegeville ouvre une nouvelle voie, nous fait part de ses fêlures. L’Est, le Levant, son Père et l’Ouest, le Couchant, sa mère. Est et Ouest comme une guerre froide. Il nous fait part aussi de ses inquiétudes, pas tant pour lui, mais plutôt pour ceux qui le suivront comme sur le titre Les couleurs tu vois où l’insouciance, la (fausse) naïveté des enfants est solaire. Le morceau Longue Nuit, en spoken word, entre piano et guitare, joue sur l’ambivalence de la nuit tantôt effrayante tantôt exultante, onirique.

Le mécanique et anxiogène morceau Les Portes est un énorme doigt d’honneur à tous nos détracteurs, contre tous ceux qui veulent nous mettre à genoux, mais que paradoxalement nous remercions, car ces médisants nous permettent de revenir plus fort. Ce titre nous rappelle le franc-parler du merveilleux rappeur et poète, Marc Nammour dit La Canaille! Tu Chantais à la connotation très militaire traite de ce désenchantement que nous pouvons ressentir dans une relation humaine et qui assez souvent nous fait basculer dans l’incompréhension. Comme nous le nommons dans la musique classique, ce morceau résonne comme une variation du titre La fin des Combats présents sur le premier EP de MiLKa.

La bêtise humaine

Le titre Blanche est viscéral, tonne comme un bruit de révolte, une énergie à contenir. Sur son clip, Miegeville fait l’amalgame entre l’émotion collective ressentie lors des concerts et celle des manifestations. Ce titre est d’une très grande humanité. Humanité, il en est également question sur Ma Garonne Débordera, à la différence que Matthieu nous conte plutôt les ravages de la bêtise humaine. Comme disait Einstein, “Deux choses sont infinies: L’Univers et la bêtise humaine. Mais en ce qui concerne l’Univers, je n’en ai pas encore acquis la certitude absolue”.

Le toulousain se fait accompagner à deux reprises de la chanteuse de Winnipeg, Candice Pellmont. Une première fois, sur le bouleversant Baleine Bleue, chanson mélancolique et engagée, où leurs deux voix s’entremêlent comme deux âmes sœurs.  Puis une deuxième fois, sur le morceau de fin, Acte Manqué, beaucoup plus pop et léger que les précédents morceaux. Leurs voix se marient tellement bien que nous pourrions leur susurrer un album à deux voix à la Isobel Campbell & Mark Lanegan.

En plus d’être chanteur, auteur et poète, Matthieu Miegeville est aussi “un peintre”. Pour cela il utilise les couleurs primaires (cf. pochette de l’album), la chaleur du Jaune, la passion du Rouge et la sérénité du Bleu, pour croquer nos émotions, pour colorier le monde et pour “transformer le négatif en positif”(1).

Avec ce premier album, Miegeville, notre repère austral,, nous ne risquons pas de perdre le Nord. Il y a eu Brel, Ferrat, Balavoine et Daniel Darc. Il y a Dominique A, Miossec, Bertrand Belin et dans la même veine, maintenant Matthieu Miegeville!!!

1. “Transformer le négatif en positif

LGH

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LGHLGH
(Le Gosse hélicoptère) j’adore découvrir de nouveaux artistes encore inconnus du grand public
et chercher ceux qui dans le passé ont fait ce qu’est la musique aujourd’hui.
La musique m’accompagne en permanence et tient une place primordiale dans ma vie.
Mon maître-mot est l’éclectisme même si mon cœur balance pour le rock sous toutes
ces formes. J’affectionne également la littérature et plus particulièrement la littérature
anglo-américaine (Bret Easton Ellis, Don Delillo, Jonathan Franzen,…).

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