[EP] ELESTRE, Souffle lunaire / Labyrinthe.
Découvrez deux EP d’Elestre, Labyrinthe (disponible depuis septembre) et Souffle Lunaire (disponible le 12 février).
Elestre ne fait pas les choses à moitié. Il les fait de façon complémentaire. Alors que son deuxième EP Souffle lunaire s’apprête à sortir, nous revenons également sur son premier effort, Labyrinthe. Ces deux entités font partie d’un triptyque, La montagne sacrée pour former une œuvre homogène, dense dont il nous tarde déjà de découvrir le troisième volet.
La musique de ce musicien électronique, basé à Lyon, d’origine grecque, repose en grande partie sur un mélange très bien dosé entre jazz, rock, électro, hip-hop et trip-hop. Inutile de dire que les fans de Massive Attack ou autre Jazzmataz s’y retrouveront totalement, même si pour le coup Elestre joue la carte du (presque) tout instrumental. Sa musique intègre également quelques éléments empruntés à la world music pour nous permettre un voyage total, autour de la Terre et dans notre imaginaire naissant d’images puissantes.
Labyrinthe.
Première pierre de l’édifice sonore du musicien, Labyrinthe. À peine y avons-nous glissé une timide oreille que déjà nous sommes pris par le col de la chemise et mis face à une évidence : ce type possède une classe folle ! Comme la première impression est souvent la meilleure, elle ne varie pas d’un iota lors de l’écoute de ces cinq titres (+ 4 si nous incorporons à cette écoute le non moins excellent Souffle lunaire).
Tout repose, dans Labyrinthe, sur une base rythmique véritablement monstrueuse d’efficacité. Les beats trouvent un appui puissant sur une basse ronde comme il faut, au groove phénoménal et aux tonalités 70’s de fort bon goût. Nous avons l’impression d’un retour aux origines de la soul et du funk, avec ce mélange danse/fièvre génial. Indéniablement un point fort d’Elestre, cette base ne serait rien sans ce qui l’habille.
Les thèmes musicaux piochent allègrement dans le jazz, le rock (tendance psychédélique), et dans l’esprit du trip-hop. Cette mixité permet à Labyrinthe non pas de nous perdre en son dédale, mais au contraire de nous proposer des indices quant à la voie permettant de nous y retrouver, pleinement. Ainsi, nous ne nous perdons pas dans des morceaux à rallonge, tic parfois exaspérant des musiques électroniques, Elestre jouant la carte de la sobriété (inspirée) tous azimuts : morceaux concis, production chaude, ambiance rassurante (mais pour autant exploratrice). Très bien joué !
Souffle lunaire.
Formé de 4 titres, Souffle lunaire reprend peu ou prou les mêmes recettes que Labyrinthe, à la différence près que son « message » y est différent. Nous retrouvons, conjointement aux deux EP, cette base électro/funk/soul/jazz/rock sur laquelle se déroule des morceaux propices à la transe et au voyage sensoriel. Entêtants, enivrants, ceux-ci se déroulent devant nos yeux fermés, comme si nous déambulions sur une route sans fin, bordée de galaxies chatoyantes. Car, à la différence de Labyrinthe, plus concrètement terrien, Souffle lunaire nous propulse dans les cieux.
Tout se joue sur la basse, enfin pas tout mais une partie. Là où elle était au préalable chargée d’un groove vénéneux, elle s’avère ici beaucoup plus aérienne (sans pour autant perdre de son feeling). Sans doute est-ce car elle accompagnée d’une instrumentation qui laisse un peu plus de place à l’espace justement. Autre nuance, sur le titre L’ascension, une voix délivre un texte complet (nous retrouvions sur Labyrinthe des passages samplés de chant, mais pas de texte chanté dans sa globalité). Sur ce titre, la proximité avec Massive Attack est plus criante, même si Elestre possède assez d’originalité dans sa proposition pour ne pas faire une sorte de copié collé. Pour les autres titres, c’est un décollage vers la lune, les étoiles, sans pour autant verser dans une musique contemplative un peu béate et mollassonne.
Dans le triptyque.
Ces deux disques aux univers marqués forment pourtant un tout cohérent. Cette cohérence se ressent dans la production, dans l’essence même de la musique d’Elestre. On y sent forcément, puisque nous évoquons la soul et le funk, des références américaines, mais également, par des arrangements de percussions par exemple, des références venant d’Asie (Inde notamment) ou d’Afrique. Le côté British provient des réminiscences trip-hop, le tout produisant un disque sans frontières.
L’autre élément de cohérence provient dans la façon même d’écrire et de composer les morceaux. Nous voyons quelques plans ressortir, des « riffs » ou « gimmick » portant le sceau d’Elestre. Tout est ici déployé dans une énergie qui évoque pour nous un optimisme puissant, épique, sans jamais verser, d’aucune manière que se soit, dans la grandiloquence. La musique à cet effet magique de faire naître plein d’images d’ailleurs, fantasmés ou non, qui nous porte de longues minutes alors que le disque est achevé. En deux mots, la narration d’Elestre fait des merveilles.
Nous sommes donc sous le charme de cet esprit positif, captivant, follement excitant, follement dansant également. Ce monsieur possède un grand talent, une touche bien à lui qui devrait faire pas mal d’émules. Et comme nous le disions en introduction, nous attendons la suite avec une énorme impatience !
On pense à Missine+tripstoic
Nous retrouver sur FB, instagram, twitter