[ EP ] CANCRE, Face au vent (face à la réalité?)
Face au vent, nouvel EP de Cancre (disponible chez Upton Park).
Cet EP, pour être tout à fait franc, nous fait très forte impression. Une telle impression que nous en revenons à peine. Pour nous, ce disque, de 4 titres, place directement le combo Breton dans une belle lignée rock en français, celle des feux Noir Désir, notamment par l’incandescence se dégageant du premier titre, Vols de nuit, mais aussi, pour son aspect contestataire (ou au contraire lucide), de Face au vent.
On trouve un peu, dans Vols de nuit, ce qui faisait le charme des premiers albums de Balthazar, mais en français. Et un peu de ce qui faisait la fougue de Fauve, mais en plus intéressant musicalement parlant. Dans les deux cas, la langue y est belle, portée par une voix habitée, nous rappelant quelqu’un dont on a le nom sur le bout de, mais que nous n’arrivons pas, depuis 3 ou 4 jours à remettre le nom dessus. On pourrait citer plein de chanteurs français, aller dans toutes les directions que nous y retrouverions des bribes de Cancre. Sans pour autant que ce groupe soit dépourvu d’identité propre, bien au contraire.
Puiser dans les références pour créer la sienne.
Telle est la devise qui pourrait être celle du groupe brestois. Car le deuxième titre, Rodez, nous évoque par certains aspects un petit groupe du nom d’Arcade Fire. Bref, de bien jolis noms, écrasants, mais peut-être moins que par celui qui peut jeter de l’ombre sur n’importe qui, qui que nous soyons, à savoir celui d’un de nos aînés, un grand-père par exemple.
Et c’est ce qui s’est produit ici. Car les frères Millasseau (Mathias et Robin) ainsi que le troisième membre du groupe, Klet Beyer, connus pour leur rock garage en anglais sous le patronyme de Wicked, ont découvert un recueil de poèmes rédigé de la main de leur arrière-grand-père, rédigé dans les tranchés pendant LA Grande Guerre. La force est telle que Cancre délaisse l’anglais, bascule dans la poésie lucide, avant-gardiste de leur aïeul et nous délivre un EP d’une force peu commune (toujours étrangement, mais est-ce véritablement étrange, d’actualité).
Mais le mieux est encore que vous vous fassiez une idée par vous-même. Nous aimions déjà Wicked mais, nous l’avouons, nous préférons de loin Cancre, qui n’a de ce sobriquet que le nom.
Crédits : Rod Maurice
On pense à Undervoid
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