[EP] AMAZONE, Épisodes, 5 titres pop désarticulés.
Épisodes, nouvel EP d’Amazone (disponible chez B&FF/ Fun club)
Ce n’est pas tous les jours que vous nous lirez dire du bien d’Amazone. Bon on a un humour pourri car évidemment, nous ne parlons pas de la plateforme mastodonte made in USA qui écrase et annihile toute concurrence sur son passage, mais d’un groupe Nantais qui vient de sortir son nouvel EP, Épisodes. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce quartet sait sortir des sentiers balisés de la pop pour proposer une musique aventureuse, en Français, et, il faut l’avouer, sexy comme tout.
Nous ne disons pas ça seulement pour l’entame du premier titre, Souvent, qui pourrait évoquer quelque musique de film porno datant des seventies. Non il est sexy, ce groupe, par l’utilisation du duo féminin masculin fonctionnant merveilleusement bien, par un usage immodéré de claviers savamment vintages, par une basse qui vous prend au bassin et mène une danse sensuelle, lascive, des guitares aux sonorités folles, mais avec, et c’est ça le plus érotique, un art du rythme totalement chaloupé, pour ne pas dire désarticulé qui nous fait perdre nos repères à plus d’un titre.
Le groupe en effet surprend. Déroute. Les structures alambiquées des morceaux, portés par des voix superbes, des choeurs d’un autre temps, un peu désuet, peut-être, mais qui parlent au creux des reins, détonnent de ce qui se fait d’ordinaire. Et si Amazone détonne, c’est que nous aurions presque pu y entendre un spoken word digne des meilleurs rappeurs hexagonaux. Mais Amazone décide d’y glisser des lignes de chant extra-terrestres, à la beauté lunaire, céleste, et irrémédiablement pop.
Sans comparaison.
Très dur, dès lors, de trouver des points de comparaison auxquels se rattacher. Même si nous pensons parfois à Grand Blanc, notamment grâce au duo féminin masculin. De la même façon, les synthés, évoquant une synth pop, un peu dream, un peu math, réveillent le même spectre pop typé revival années 80 que le groupe susnommé. Mais à la vérité, les deux formations sont aussi différentes que le jour et la nuit, parce que toutes deux sont imbibées d’une personnalité forte.
Épisodes s’impose avec fracas. Parfois étrangement rétro futuriste, toujours stimulant car déjouant les pronostics par des phrases musicales bien senties (et surtout pas téléphonées), l’EP se découvre à chaque écoute, comme si nous ouvrions un nouveau tiroir par le biais d’un secret découvert dans une rythmique, dans un roulement de basse, ou dans une parole qui ne nous avait pas encore, jusque-là, tapés à l’oreille.
Prestidigitateur, Épisodes n’en finit jamais de dévoiler des charmes habilement dissimulés. Comme cette basse afro sur Mais tu oublies sur laquelle des claviers « sabres lasers » semblent se greffer avec insolence. Un art du paradoxe, d’émancipation du tout-venant, tout en gardant l’essence mélodique d’une ligne de chant efficace (et pop dans l’âme), font de cet Ep une petite réussite, totalement inattendue. Ce qui ne fait que décupler le plaisir.