[ AUDIO ] ROM4N, Naissance du vice (+ EP Celestial movement)
Naissance du vice, nouveau titre de ROM4N.
Cette musique, celle de ROM4N, est un habile mélange de plusieurs styles : base répétitive inhérente à l’électro (avec une rythmique elle aussi électronique), mais faite avec des instruments plutôt dédiés au rock (guitare et basse), avec une voix parfois lyrique. D’ordinaire, les résultats sont aléatoires, plus satisfaisants sur le plan de l’expérimentation pure que sur celui de la musicalité. Mais avec Naissance du vice, ROM4N parvient à insuffler à la fois démon de la danse, avec un très bon groove de basse sur une rythmique disco, et souffle de vie, véhiculé à la fois par le chant et par le sens des paroles, à un morceau ne ressemblant à aucun autre.
Ce chant se veut presque lyrique, presque liturgique également (à partir de 3’05), donnant au titre une couleur cinématographique forte. Le paradoxe entre cette voix entre deux eaux et la base « disco » est d’une redoutable efficacité, jouant un paradoxe lumineux, lui-même paradoxe quand on se penche sur les paroles ici déclamées (ou via, simplement, le titre du morceau, Naissance du vice). Noires, elles montrent la dualité d’un homme entre son envie et ses désirs qui pervertissent qui il est (ou d’une façon plus universelle qui nous sommes tous).
Le morceau surprend par sa structure, par sa progression « chaotique », tout en déroulant paradoxalement sa musicalité ultra-dansante, presque imparable. Un jeu d’équilibriste que maîtrise à merveille le musicien, et qui révèle un talent d’auteur compositeur à la fois original et fort. À suivre de très près !
Celestial movement.
Parce qu’on aime bien Naissance du vice, nous approfondissons un peu le « sujet » ROM4N avec l’écoute de son EP Celestial movement. 4 titres, dont le premier, This day is a trip est, comme vous vous en doutez, en anglais. Folk pop, il nous conduit effectivement en voyage, quelque part, potentiellement, en Inde, notamment par son jeu de percussions. Mais, comme pour mieux nous surprendre, l’essence folk world se mute en refrain rock. La linéarité ? Très peu pour ROM4N et cette marque de fabrique lui va bien au teint.
Comme pour Naissance du vice, il y a derrière la simple musique une âme, une dimension de vie, ample, qui s’échappe des clichés (qu’ils soient pop, folk, rock, lyrique ou autre), un peu comme s’il s’agissait pour ROM4N de faire sien des codes depuis longtemps laissés en jachère. Il retourne à la fois aux sources tout en les « pervertissant » de sa personnalité. Et ça fonctionne, diaboliquement !
Un artiste au coeur de son art.
Space, lui, s’oriente dans un mouvement plus élégiaque, la voix lui conférant une dimension presque christique, en tout cas fortement teinté d’ambient. Mais la voix, qui est le liant entre ces différents morceaux, reste la même, avec la même force d’interprétation, la même « fraîcheur ». Alors que son propriétaire est passé alternativement du rock indé à l’opéra, en passant par l’électro, nous voyons parfaitement qu’il a réussi la symbiose entre ces styles et sa propre personnalité, pour un résultat, une nouvelle fois, original et maîtrisé.
Strange place inside my heart, electro rock des plus efficaces, et Celestial movement, folk rock comme pour boucler la boucle, ne viennent pas gâcher la fête. Au contraire, ils la renforcent, faisant également ressortir la richesse de la production sur les différents titres.
Au final, qu’il s’agisse du nouveau titre ou de son EP, nous avons ici affaire à un artiste proposant une vaste palette musicale. Nous y découvrons plusieurs atouts de force (une voix pas commune, nous évoquant parfois celle de Jeff Buckley), des compositions aventureuses, des arrangements très soignés, et surtout une ampleur qui réchauffe le coeur. Bref, nous vous conseillons fortement de suivre ROM4N de très près !
On pense à Florent Dorin
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