[ALBUM] NICOLAS MICHAUX, Amour colère.
Amour colère, nouvel album de Nicolas Michaux (disponible chez Capitaine records).
Voici un drôle d’objet. Amour colère, de Nicolas Michaux n’est pas un album comme les autres. Il semble y flotter une âme très particulière, comme un fantôme du passé qui aurait, plus que jamais, des choses à dire. Et il les dit bien, main de velours dans un gant fait de la même matière.
Précieux.
N’allez pas lire dans ce mot, « précieux », une quelconque intention péjorative. En effet, Amour colère est de ces albums qui, quoi que nous y fassions, ressurgit toujours dans les enceintes de la chaîne hi-fi. Pourquoi ? Parce qu’il dégage instantanément ce sentiment, précieux lui aussi, de fuite. Mais pas une fuite pour fuir, pas plus une fuite en avant, mais une fuite du genre refuge où il fait bon se rendre en cas de grosse déprime.
Pour parvenir, en à peine 20 secondes, à nous permettre de repousser nos ténèbres intérieures au fin fond de notre être, à la faire totalement disparaître même, cette grosse déprime, Nicolas Michaux opte pour des mid tempos légers, enrobés dans des sonorités chaudes, elles-même portées par une paire rythmique à la fois bien sentie, juste ce qu’il faut de démonstrative pour qu’on ne l’oublie pas, et au groove tranquille mais indéniablement présent (et il fait du bien).
Même « punition » sur la voix.
Légèrement retravaillée, que Nicolas Michaux s’exprime en Anglais ou en Français (avec la même aisance et le même charme parfois un peu désuet, mais qui lui va comme un gant), elle colle au personnage. Ce personnage un peu dandy, un peu crooner, un peu chanteur de variété, un peu chanteur pop possède l’art de composer des chansons qui font immédiatement parti de notre patrimoine culturel. Sans être folle d’originalité, elles nous sont tout de suite sympathiques (et c’est un euphémisme !).
Ces compositions sont toutes hyper soignées et abouties, très bien produites également. Nous sommes ici non pas dans la démonstration de force, mais dans la démonstration d’un talent qui, de roche « quelconque », devient diamant au fur et à mesure des écoutes. Parce que, pour faire d’un disque un classique instantané, il faut en avoir du talent, et savoir l’utiliser à bon escient. Ce que fait ici Nicolas Michaux à la perfection.
Des chansons de rien.
Au fur et à mesure de la progression d’Amour colère, nous constatons que le musicien raconte des histoires de la vie de tous les jours, basées sur l’observation de ce qui l’entoure, des sentiments ressentis face à diverses situations (exemple criant avec Cancer et ses paroles « j’ai peur du cancer depuis que t’as chopé le tien »). Nous sentons dans sa musique un esprit contemplatif, un esprit qui prend le temps de laisser maturer les émotions pour mieux les creuser et atteindre l’essence même de celles-ci.
L’écriture, en ce sens, est hyper pointue, ne manque pas de second degré, mais,quand elle en use, ne vire jamais à la rigolade ou à la bouffonnerie. Au contraire, il permet une certaine légèreté sur des thèmes sensibles (nous reprenons le même exemple du morceau Cancer). Mais Nicolas Michaux ne fait pas que dans le lourd de sens, il se permet aussi de la légèreté comme avec Nos retrouvailles par exemple. Cet album, succession de tubes en puissance, est assez hétérogène, oscillant entre deux langues, des ambiances pop ou plus rock, variété également, mais possède une homogénéité quant aux compositions, au soin qui leur est porté, et surtout dans le son global de l’album, très cohérent, et qui fait que nous ne décrochons pas un seul instant de cet Amour Colère qui nous apaise et nous fait un bien fou.
LE titre d’Amour colère.
Nous, on aime tout plein beaucoup Une seconde chance. Parce que c’est délicat, parce que c’est une histoire racontée deux milliards de fois mais que Nicolas Michaux rend inédite sous ses mots. Histoire d’amour, de deuxième chance, un classique quoi, mais qui nous charme par un traitement tout en réverb sur la voix, sur une base musicale presque country folk.
Nous avons l’impression d’un homme se saisissant d’un micro, dans une salle quasi déserte, et qui, éméché, chantonnerait cette chanson à sa belle afin de recoller les morceaux, comme il peut, avec une habileté maladroite mais foncièrement touchante. Ce titre, épuré dans le choix des mots, touche au but, c’est-à-dire qu’il va droit au coeur (au notre, et à celui de la belle en question, enfin nous l’espérons).
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