[ ALBUM ] WATERWALLS, France, 94, acoustique mélancolie.
Découvrez France 94, album acoustique de Waterwalls.
Il est toujours délicat de chroniquer des albums faits de rien. Une guitare, une voix, rien de plus pour habiller France, 94 de Waterwalls. Rien de plus ? Si, une atmosphère emplie de spleen, de sensibilité, de fragilité. Comme un miroir reflétant une image, ce disque réfléchit l’âme de son auteur.
Douceur.
Tout, sur France, 94, se déroule en douceur. La base est d’arpèges. Souvent, ils sont répétitifs. La guitare est, elle, acoustique, sans effets. Parfois, elle est samplée pour que Waterwalls y dépose un solo, fait de rien, lui non plus, si ce n’est d’un peu de poussière d’étoiles. Quelques notes, à peine plus, pour ne pas alourdir le thème. Pour ne pas que la branche cède sous le poids d’une mélancolie sourde.
Mais cette mélancolie, justement, ne prend jamais le dessus. Tout au plus un spleen qui se niche dans la voix de waterwalls. Sobriété chaude de celle-ci, nimbé d’un écho, d’une réverbération discrète et, elle aussi, légère. Nous entendons un travail délicat, où chaque note se pose là où elle le doit, où la voix habille les compositions d’un spectre lumineux. Si le premier ressenti est celui d’un spleen profond, il se pourrait fort bien que ce soit un espoir fou qui finalement s’impose sur le disque.
(Titre tiré de l’album Anom sorti en début d’année)
Sensibilité.
Nous sentons une sensibilité à fleur. De celle qui ne triche pas. Parce qu’elle est dépouillée d’artifices, parce qu’elle respire une sincérité dispersée du bout des doigts et des cordes vocales. Jamais rien n’est forcé, tout semble limpide, un reflet de l’âme comme nous l’évoquions plus haut.
Cette âme se dévoile au sortir du confinement. Et surtout après un album, Anom, complexe dans sa construction. Waterwalls, alors équipé de sa guitare et d’un micro, lui donne un contrepoint tout en simplicité (instrumentale). La pureté des lignes mélodiques portent ce France, 94, d’un bout à l’autre. Nous pourrions presque rapprocher cet album de ceux, par exemple, d’un Leonard Cohen. Allant droit à son but, il porte en lui une force brûlante.
Psalmodie.
Ce disque est comme une complainte. Il s’en dégage une torpeur, mais elle n’est pas écrasante. Elle porte un espoir ténu, une corde à laquelle se raccrocher combien même nous croyons nous noyer ou chuter d’une falaise. Si vertige il y a, il se perd rapidement dans la beauté presque liturgique de France, 94.
Cet album ne s’impose pas de lui-même. Il faut aller le chercher, même si dès le début nous savons qu’il recèle un trésor. Une fois adopté, il ne nous quitte plus, nous nourrit d’une foi presque incongrue : après l’orage vient le beau temps. Un disque émouvant.