[ ALBUM ] GLASS MUSEUM, Reykjavík, force de la nature
Reykjavik, nouvel album de Glass Museum.
Après l’EP Deux, qui nous avait plus qu’enthousiasmés, revoilà les Belges de Glass Museum avec l’album Reykjavík. Nous y retrouvons la patte de ce duo piano/claviers + batterie, agrémenté de petites touches électro, délivrant un univers electro-jazz stellaire.
La force des glaciers.
Reykjavík, comme chacun le sait, est la capitale de l’Islande. Si la musique du duo ne nous évoque pas forcément la terre de Björk, de Sigur Ros, elle nous évoque en revanche la force de cette nature indomptée (et indomptable). En particulier celle des glaciers. Parce qu’ils déploient une force majestueuse, des teintes variant du blanc au bleu électrique, ils ressemblent à la musique de Glass Museum. Celle-ci possède une envergure dingue, elle aussi majestueuse, mais aux teintes encore plus étendues, puisqu’elles flirtent avec les rouges, oranges, avec l’incandescence de l’énergie brute.
Attention, ne pas croire que Glass Museum se la joue brute ! Bien au contraire ! Le duo peut être effectivement remuant, par ses programmations électro qui délivrent parfois une énergie digne de certains clubs, mais il peut aussi s’avérer plus contemplatif. De l’Islande, nous dirions simplement que Glass Museum est la glace des sommets, comme il en est la lave des volcans.
Une notion d’espace.
Ce qui nous frappe également dans Reykjavík, c’est la notion d’espace qui émane des 8 titres. Elle provient en partie du piano, mais également des parties électroniques. Les arrangements de piano sont parfois classiques, souvent jazz. Ils jouent la sobriété, le minimalisme, comme pour faire résonner en nous les émotions les plus ténues. La batterie appuie le propos sans le dénaturer. Elle laisse place à l’émotion, tout en décuplant parfois celle-ci par une assise rythmique en harmonie (soit enlevée, soit tempérée).
Les arrangements électroniques, les programmations, sont un peu plus présentes que sur l’EP, néanmoins elles contribuent à peaufiner l’identité sonore du groupe. Son empreinte est effectivement aisément reconnaissable, preuve qu’elle leur est propre. À chaque titre, la magie opère, en étant à la fois discrète ou très présente. Mais toujours finement travaillée. Et ce, toujours avec délicatesse.
Un ciel étoilé.
Nous nous imaginons, à l’écoute de Reykjavík, allongés sur un tapis d’herbe folle, contemplant l’infini d’un ciel étoilé. La musique nous propulse dans cette image de façon puissante, sans que nous puissions y résister. L’espace dont nous parlions est de cet ordre, sans frontières terrestres, seulement celles de notre imaginaire. Et celles que nos sentiments peuvent décrypter. Car ce foisonnement d’idées émanant de cet opus n’en finit pas de nous porter d’un paroxysme à un autre.
On ressent parfois de la légèreté, parfois de la mélancolie, parfois l’idée que tout est possible, parfois que rien n’est trop beau. Pourtant, ce disque reste optimiste, d’un bout à l’autre, comme porté par un sentiment indestructible qui refléterait, comme un diamant, sa lumière dans toutes les directions. Cette musique est de celle qui gonfle les toiles d’un voilier pour qu’il navigue où bon lui semble. Ce que nous faisons, en nous laissant porter, naturellement, sans contrainte.
LE titre de Reykjavík.
Peut-être parce qu’il est le plus classique, finalement, Colophane nous émeut particulièrement. Le rythme y est parmi les plus lents de l’album. Mais il est aussi un des plus aéré également (comme Iota qui le suit et achève l’album). Il s’inscrit dans une mouvance jazz plus « traditionnelle », mais avec un esprit épique certain. Il souffle un romantisme que nous verrions parfaitement dans une scène finale d’un film, où deux amants se quitteraient sur le quai d’une gare, avant de se retrouver en souvenirs.
Le piano y est liquide, la batterie très légère, aux balais, donne une pulsation qui annonce un rebondissement. Et là, dans ce film imaginaire que nous jouons, le train s’arrête, les amants courent sur le bord du quai, se retrouvent car l’idée de la séparation les hantait. Un peu comme ce sentiment que le disque arrive à son terme et que nous allons devoir reprendre le cours normal de nos existences. Et qu’elle aura une autre saveur.
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Revoir Abyss