[CHRONIQUE LP] FLYING LOTUS : Flamagra, mélange d’influences
FLYING LOTUS Flamagra (déjà disponible)
Flying Lotus n’est pas un nouveau venu sur la scène musicale. Il suffit, pour s’en convaincre, de voir la liste des featuring sur son nouvel album Flamagra : on y retrouve, entre autre, Anderson Paak, Little Dragon, Georges Clinton, David Lynch etc… Cela ne peut être que gage de qualité, non ? Pourtant, cet artiste nous était complètement inconnu (faute avouée à moitié pardonnée) malgré ses 5 albums précédents.
C’est quoi ?
Flamagra est un peu un bouillon d’influence, qu’il reste assez difficile de définir ou de ranger dans une case. Il y est ici question de rap, de musique électronique, de funk, de soul, le tout avec une approche parfois pop, parfois très expérimental. Nous ne saurions dire pourquoi mais nous imaginons très bien Flying Lotus comme un Frank Zappa 2.0 (de par leur folie créative sans frontières).
Celle-ci se ressent notamment dans les tessitures des morceaux. Il y a là des collages, des strates, des couches disparates qui, misent les unes sur les autres, les unes à côté des autres, procurent des sensations étranges, proche du malaise parfois, proche de l’extase également. Analogique et numérique s’entrecroisent dans un ballet souvent savoureux, toujours aventureux. Les morceaux instrumentaux valent tous, ou presque, le détour et une écoute attentive répétée pour en déceler les secrets.
Mais les morceaux chantés ne sont pas en reste, loin de là !
Ici aussi, Flying Lotus expérimente, explore, fait ressortir, après d’habiles manipulations, la psyché propre de chaque featuring, la sienne également. Les voix sont parfois superbes, claires, sans effets superflus, parfois elles sont compressées, superposées, malaxées pour un rendu à la fois intrigant, enthousiasmant, euphorisant (ou pourquoi pas inquiétant dès lors qu’ils sortent du cadre trop souvent imposé par l’industrie musicale).
Ces parties chantées possèdent toutes quelque chose de très soul. Suaves, sexy, parfois désincarnées ou robotiques, elles ne font que transposer leur âme à des morceaux leur servant de berceau. Le travail est ici monumental, tant dans les aspects de sa production aux petits oignons de de celle de ses arrangements souvent somptueux. Si nous ajoutons le travail d’écoute qu’il nous impose, Flamagra s’avère comme un gouffre duquel nous ne voulons pas sortir, simplement parce qu’il est dur d’appréhender à sa juste valeur cette œuvre en une seule écoute. Certains morceaux nous attrapent directement, d’autres nous laissent parfois dubitatif.
Mais plusieurs écoutes en révèlent les secrets, les textures, les odeurs. Nous pensons parfois à Stevie Wonder, parfois à des sonorités échappées de jeux vidéos, époque snes, parfois un mélange des deux. Nous pensons à la French touch parce que, justement, Flying Lotus s’en démarque totalement, ce qui n’est pas pour nous déplaire (trop de copié collé nous en ont en partie dégoutté)
Une créativité hallucinante.
C’est bien le terme, hallucinant. Parce que dans Flamagra, Flying Lotus apporte autant de piano que de synthétiseurs, autant de groove à la basse que sur des beats électro. Parfois, nous avons l’impression, sur un tempo donné, que le musicien s’amuse à incorporer des parties accélérées, le tout induisant un vertige de l’oreille interne. Nous ne savons plus où donner de l’oreille, perdons nos repères pour mieux trouver des branches où nous raccrocher, pour ne pas sombrer dans un tourbillon incontrôlé de sensations.
Peut-être que tout n’est pas parfait, mais l’ensemble dégage une énergie jubilatoire, un éveil presque cosmique de cette musique ne se répétant pas et ne répétant rien de ce qui a pu être fait auparavant. Nous sommes donc séduits par les qualités propres à cet album, ses sonorités chelous, son âme vagabonde faisant fi des principes pour nous offrir une originalité sans frontière, parfois proche de l’extase. Si nous exceptons la durée de l’album (67 minutes, c’est long, surtout lorsqu’il faut se concentrer pour tout bien ingérer), Flamagra est un petit bijou d’innovation et d’inventivité, au service d’une musicalité régénérée, oxygénée.
Bref, nous adhérons à 100% à cet univers.
Site officiel Flying Lotus
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Revoir l’une des vidéo extraite de Flamagra ICI