FABIOLA chronique « Check my spleen »

fabiola check my spleen chroniqueFabiola, premier album Check my spleen (sortie le 19/04 chez dear.deer.records)

Pop made in Belgium

Fabiola, avec son premier album Check my spleen, nous rappelle à quel point nos voisins Belges sont fortiches question pop music (entre autres choses). Ils possèdent ce je-ne-sais-quoi qui sonne Anglais tout en s’en démarquant par un côté léger, exempt de tout flegme forcé. Fabiola s’inscrit dans ce processus en nous proposant un album enjoué.

Dans le domaine de la pop faite en Belgique, nous connaissons déjà, pour les suivre depuis de nombreuses années, les groupes de Girls In Hawaii et Balthazar. Mais autour d’eux gravitaient et gravitent encore de nombreux groupes qui mériteraient pareille reconnaissance. Fab Detry, le frontman du groupe, n’a pas eu cette chance de renommée internationale majeure avec Austin Lace, son premier groupe. Après des années de bourlingue, il fonde Fabiola.

2 hommes, 2 femmes pour une alchimie parfaite

Ce groupe à la parité parfaite risque fort de faire parler de lui. Parce que ces compositions possèdent la force nécessaire pour le faire émerger de la masse sans cesse grandissante de formations pop. Parce que nous sentons un certain détachement de sa part, du genre de celui qui a appris son métier à la dure, en se prenant des coups, mais qui sait désormais où il va, et qu’il ira au bout, quoi qu’il advienne.

Ça ne fait pas tout bien entendu. Mais Fabiola nous prouve à plus d’un titre son originalité de ton. Si le début de l’album s’inscrit dans une pop d’apparence traditionnelle, faite de guitares, basse, batterie, claviers, il s’en démarque progressivement en cours de disque. Des sonorités électroniques apparaissent ici ou là, une certaine forme de gravité aussi. La bascule intervient à mi-chemin du LP, au moment de l’instrumental Fox of scotland.

Indé jusqu’au bout des doigts.

Check my spleen commence par un morceau plutôt sautillant, Failure. Si Failure signifie échec, la musique s’en dégageant évoque à peu près exactement le contraire. Rythmiques plutôt enlevées, ligne de basse au groove efficace (nous le retrouvons sur la quasi-totalité de l’album ce côté dansant), ligne de chant tout sauf plombée (elle évoque certaines mélodies des Beatles), chœurs discrets mais apportant un surcroît de légèreté, tout concorde à produire une musique qualitative. Les claviers, originaux, dégageant un petit esprit enfantin, parachèvent ce morceau et font de cette entrée en matière une petite réussite qui donne envie de rester là et de découvrir la suite, l’eau à la bouche.

Break of dawn, qui débute sur un petit riff bien senti, bientôt rejoint par les mêmes claviers enfantins (mais aux sonorités légèrement différentes), joue sur la même recette, sans pour autant refaire le même morceau, loin s’en faut. Plus de de disto, un petit côté plus rentre dedans et un esprit indé certain font de ce morceau un second titre de choix. Quand retentissent les premières notes de My bird, les premières percussions également, nous entrons dans un univers plus ouaté, avec un peu de mélancolie (marquée dans le chant et la basse avec ce petit côté sombre). Pourtant, loin de descendre l’album dans des bas fonds où se morfondre, il nous ramène, avec une certaine nostalgie, vers des moments de notre vie qui nous réchauffe les os.

Robert Palmer dégage cette même douceur, et évoque pour nous les fameux groupes cités en haut d’article, comme s’il combinait les lignes de basses de Balthazar avec la délicatesse des premiers Girls In hawaii. La patte Fabiola est y pourtant présente, toujours avec ses claviers à nuls autres pareils (ils sont un des points forts du disque) et un côté dansant « tranquille » pas dégueulasse du tout.

Moment de bascule.

Avec son petit côté jazzy en début de morceau, Fox of Scotland marque donc un changement d’atmosphère dans le disque. Instrumental, si on excepte quelques chœurs, il se démarque des titres précédents par une structure s’affranchissant des mesures à 4 temps. Il dégage un côté épique qui était absent au début du disque notamment par ses tonalités de guitares.

Shit (is coming back) se veut plus disco. Quelques programmations sont de la partie (enfin elles sont plus mises en avant que sur les premiers morceaux) et nous donnent sacrément envie de bouger (sans pour autant perdre ce côté pop imparable). Le mélange des deux est jubilatoire pour tout dire, efficace car toujours porté par les lignes de chant de Fab Detry, dont la voix se fait plus lasse, entre candeur et maturité. St Servais poursuit sur la lancée, avec un titre plus lent cependant (sauf lors des refrains), avec des sonorités un peu plus sombres (et un esprit plus intimiste, peut-être plus dur à exprimer également ?).

Kingdom dégage une musicalité pleine d’espace (entamée sur le morceau précédent). Le morceau est plus enjoué, grâce à ses mélodies vocales et sa structure alambiquée. Les tessitures électroniques sont encore très présentes, apportant justement cette notion d’espace dans les sonorités de claviers et cette basse un peu plus « robotique ».

Retour et finish

Les deux derniers titres de l’album renouent avec la pop du début de l’album. Les sonorités électroniques s’effacent au profit des claviers, la légèreté est à nouveau de mise. Nous retrouvons des percus, des guitares acoustiques, une voix plus naturelle (elle était mixée différemment sur les morceaux St Servais et Kingdom). Elle nous insuffle à nouveau une énergie communicative, positive, pleine d’espoir serions-nous tentés de dire.

Au final, tout ce disque nous paraît incroyablement maîtrisé. Il ne perd pas en cohérence combien même il explore du côté d’une électro soft. Il ne perd pas de vue son côté pop, indé, se veut imaginatif dans sa proposition et pose les bases d’un groupe possédant un sacré potentiel. Car celui-ci se développe progressivement au cours de cet album. Les voies à explorer s’avèrent variées pour l’avenir, tout en reposant sur de véritables points forts (lignes de chant, sonorités de claviers, tessitures électro).

À suivre donc parce qu’au bout du chemin peut survenir cette fameuse reconnaissance ayant jusque-là fait défaut au frontman du groupe. Nul doute qu’avec Fabiola il devrait rallier pas mal de monde à sa musique.

fabiola

Revoir le clip de My Bird ICI

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