JULIE ODELL, Autumn Eve
1er album disponible le 30 septembre chez Frenckiss records
Native de la Nouvelle-Orléans, et après avoir un peu roulé sa bosse, Julie Odell passe le cap du premier album, en solo. Intitulé Autumn Eve, celui-ci verra le jour le 30 septembre prochain. Mélange improbable de rock, de folk, de pop, d’accents hawaïens, recouvert d’une fine couche vintage, ce dernier s’avère une très belle surprise.
Julie Odell n’a pas son pareil pour nous embarquer dans son univers à l’équilibre précaire entre douceur et virulentes déflagrations rythmiques. Pour lier le tout, une voix pas commune, capable de susurrer ses propos comme de les crier. Puissant et sensuel, cet élément principal de la musique de l’américaine ne manque jamais sa cible.
Chasseuse de tornades.
Plus jeune, Julie Odell, qui dit être à la fois surexcitée et ultra calme en fonction de ses ressentis, voulait devenir météorologue. Quel rapport avec sa musique ? Eh bien, il suffit d’écouter les trois premiers morceaux d’Autumn Eve (soit St.Fin Barre, Envelope et Carterpillar) pour réaliser à quel point la jeune femme aime jouer avec les climats. Parfois vaporeux, brumeux, le son qu’elle développe s’avère aussi, parfois, plus tempétueux, tranchant, et précisément défini.
Ainsi, elle passe d’une ballade romantique à une brusque accélération rock. Ses compositions s’avèrent en ce sens très souvent surprenantes, évitant toute consensualité pour aller emprunter des chemins escarpés que nous n’entrevoyions pas. Un peu comme si, lors d’une promenade en montagne nous découvrions au détour d’un chemin un brusque changement de niveau qui nous pousserait subitement à courir pour le dévaler, ou au contraire à forcer sur nos muscles pour l’escalader , les deux ayant pour conséquence de fortement accélérer notre rythme cardiaque.
Ainsi, derrière une apparente pop guillerette, un titre peut se modifier en un solide rock, aux rythmiques folles, mais jamais exemptes d’une certaine sensualité. La voix, tel un élastique, se module pour en épouser chaque aspérité. Sa flexibilité est un atout majeur, car elle semble se confondre avec la moindre des envies (facéties) de l’artiste. Ainsi, elle impose une personnalité à la fois volcanique, bouillonnante, et romantique, posée.
Americana explosive.
Les contrastes ne font pas peur à Julie Odell. Elle les provoque, comme par jeu. En résulte une sensation de plaisir, à la fois à l’écoute, mais également dans l’expressivité et l’impulsion qu’elle met dans chaque titre.
Si les premières mesures du disque nous indiquent que nous allons écouter une énième version d’une americana déjà entendue mille fois, il s’avère que très vite l’artiste détruit les codes pour les reconstruire à sa manière. Son enfance, passée en compagnie de ses parents qui écumaient les différents marchés et foires d’artistes pour y vendre leurs propres créations, n’est sans doute pas pour rien dans cet anticonformisme échevelé. Trimballée d’un bout à l’autre du pays, elle aura su s’adapter à des univers différents, lesquels ont à coup sûr façonner une grande partie de sa personnalité.
Il est ainsi compliqué de poser une étiquette sur sa musique, et c’est tant mieux. Cela évite les clichés, cela évite aussi de s’encroûter. Les 8 titres d’Autumn Eve se suivent donc et ne se ressemblent que sur leurs instrumentations (guitare, basse, batterie en étant les éléments fondateurs, sur lesquels se calquent un piano inspiré et parfois, nous semble-t-il, une pedal steel, ainsi que quelques cordes). Hormis cette base instrumentale commune, et un traitement sonore légèrement vintage, chaque morceau déroute par sa construction. Changements rythmiques, passage d’une pop chargée d’onirisme à un rock virulent, tout concourt à nous déstabiliser.
Pour autant, le talent de conteuse d’Odell ne fait aucun doute. Elle livre des histoires intimes, met à nu ses sentiments, en évoquant notamment la complexité à être soi-même quand on ignore qui on est réellement au fond. La réponse la plus probante à ses nombreuses interrogations, à cette beauté qui émerge parfois du chaos, c’est cette musique ne ressemblant à aucune autre.
Surprise et coup de cœur.
Autumn Eve s’avère une véritable surprise, tant un album de ce genre était inattendu. Parfois à deux doigts de s’engager sur une voie rock garage, il reste dans ce giron vintage rock teinté d’un esprit 50’s rebelle dans lequel on puise une force indomptable. L’album s’impose comme un véritable coup de cœur, comme une histoire d’amour que l’on souhaite voir se dérouler avec cette autrice compositrice et chanteuse hors pair. L’avenir nous dira si Julie Odelle est capable de nous surprendre à nouveau, mais nous sentons chez elle une originalité qui nous paraît intarissable.
Quoi qu’il en soit, nous pourrons très prochainement la découvrir sur scène par chez nous puisqu’elle se représentera dans le cadre du festival Les Femmes S’En Mêlent le 19 novembre à La Rodia, Besançon, le 20 novembre à La Poudrière, Belfort, le 22 novembre au Café de la Danse, Paris, le 23 novembre à L’Hydrophone, Lorient et le 24 novembre à La Sirène, La Rochelle.
LE titre d’Autumn Eve.
Grosse tendresse pour Envelope. Parce qu’il nous rétame ce titre, entre la prouesse vocale et cette explosion inattendue, qui nous laisse pantelants comme si nous venions de courir un 100 mètres avec Usain Bolt. Totalement improbable, et pourtant Julie Odell l’a fait. Alors on savoure !
Patrick Béguinel
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