NOVA TWINS, Supernova (disponible chez Marshall records)
Un deuxième album qui tient ses promesses !
Tout transparaît dans Supernova, de ses influences multiples à une forme de rage émancipatrice. Combatif, instinctif, violent mais jamais dénué d’amour et de tendresse, ce deuxième opus des Nova Twins (Amy Love, guitariste et chanteuse, et Georgia South, bassiste) nous met un bon taquet derrière les oreilles.
Quand les femmes sortent les crocs, elles ne font pas semblant. C’est tant mieux car leur force réside justement dans le fait qu’elles sont l’égale des hommes et non des modèles au rabais. Pourquoi le taire ou le camoufler dans ce cas ? Pourquoi se mettre soi-même dans une case quand, au contraire, avec un peu de dignité teintée de courage il est possible de tout envoyer valdinguer. Ainsi, pas de bifurcation pour évoquer les thèmes qui leur plaisent. Au contraire, tête haute et poings serrés, les jumelles démontre un caractère qui assume tous ses penchants.
Tout cela passe par ce qui saute aux tympans, à savoir un crossover magistral, n’étant pas sans nous rappeler le récent album d’Imparfait, entre rock tendance lourd, le hip-hop, le rnb et… la berceuse/comptine (donc un aspect pop). Le mélange, s’il peut paraître improbable, fonctionne cependant impeccablement.
Un son massif.
Il faut dire que les jumelles mettent toutes les chances de leur côté. En effet, avec des compositions nous évoquant autant des groupes comme Soundgarden que Destiny’s Child, elles tapent dans le haut du panier. Placé dans un shaker, fortement secoué, le cocktail s’avère délicieux, mélange de douceur (certaines mélodies possèdent des atours pop instantanément accessibles, notamment sur les refrains ou ponts) et de brutalité (les méchants riffs, les scansions et autres screams).
La sauce prend instantanément, surtout si comme nous vous avez vécu la déferlante Rage Against The Machine à la sortie de leur premier album. Plus ou moins, nous retrouvons ce même esprit vindicatif, révolutionnaire.
C’est donc le poing levé que les Nova Twins avancent dans l’arène. Rien à foutre d’appartenir à un sexe qui n’a rien de faible, n’en déplaise à quelques machos à l’esprit néandertalien, elles affirment leur goût pour le sexe par exemple, mais mettent aussi en avant leur métissage. La période traversée ces dernières années fut trouble, mais, malgré cela, des bonnes choses sont survenues, comme cet éveil des consciences suite à la mort de Georges Floyd, suivi de l’émergence du mouvement Black Live Matters qui remettait en avant la question de la couleur de peau dans toutes les bouches.
S’inspirant du chaos pour y diffuser une violente lumière d’espoir, les Nova Twins déboulent donc avec cet album coup de poing qui n’oublie jamais d’afficher sa féminité. En effet, certains passages nous évoquent des comptines ou berceuses (certes infuser dans une tisane metal), nous montrant que même combative une femme reste une femme. C’est plutôt malin car cela évite la copie de ce que proposent leurs homologues masculins. En ce sens, les anglais proposent une musique bien plus nuancée et intéressante en ne misant pas tout sur un bon gros son de derrière les fagots.
Montagnes russes.
Émotionnellement, le disque joue les montagnes russes émotionnelles. L’émotion prédominante semble être la colère, superbement mise en avant par une production évoquant un chaos urbain et d’émeutes en tout genre. Nous y ressentons aussi une notion de liberté sans pareil.
Celle-ci se traduirait par des arrangements empruntant à des thèmes qui paraissent ancrés dans l’inconscient collectif (sur Puzzles par exemple, un petit motif oriental à la guitare évoque des images d »un orient fantasmé, mais moderne, pas celui des déserts) mais aussi dans cette capacité à aller là où nous n’attendons pas les Twins. Il y a donc une notion d’espace présente, malgré une musique qui laisse peu de place au vide.
L’espoir est évidemment présent en filigrane sur l’album. Il existe dans les voix, dans ce qui ne s’entend pas mais se vit avec les tripes. Le travail sur ces voix leur donne à la fois un côté sexy et violent, par forcément en même temps (même si souvent c’est le cas). Enfin, nous y sentons aussi une dimension universelle tant leur musique est à même de plaire à tout le monde, homme ou femme, quelle que soit leur condition ou leur nationalité. Cela ne véhicule qu’une chose, un sentiment de fraternité, de proximité directe. Nous nous rallions ainsi sans aucune réticence sous l’étendard de ce duo explosif et foutrement doué.
Supernova porte donc décidément bien son nom. Tel l’explosion d’une étoile, il dévaste tout sur son passage, les préjugés comme la bêtise. À découvrir sans tarder !
LE titre de l’album.
Nous avons une tendresse particulière pour A dark place for somewhere beautiful qui, par son titre dans un premier temps, joue l’antagonisme à plein régime. Musicalement, nous retrouvons aussi cette dualité entre le sombre et le beau, la noirceur et la lumière. Souvent, des ténèbres surgissent les plus beaux rêves, les plus belles espérances, un sentiment incoercible d’être en vie. Ce titre, même s’il n’use que de très peu d’artifice hip-hop, très présent sur Supernova, représente la totalité du disque et des pensées qu’il véhicule.
Patrick Béguinel
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