PHILIPPE LABAUNE Oeils

philippe-labaune-auteur-du-mois-fevrier-litzicŒils est un recueil de 10 textes poétiques dont chacun porte le nom d’Yeux… (…de Solemnia, … de Marine, …de Ksenija etc…). Tous parlent d’yeux, donc, de regard, de celui que l’on nous porte, consciemment ou non. Philippe Labaune étudie ainsi, à travers sa prose, l’impact de l’œil sur le comportement, sur les sentiments.

Pour lire ces dix textes, il convient de prendre son temps. Il faut absolument le prendre, ce temps, pour inspirer longuement et trouver son souffle, ou celui de leur auteur. Car Philippe Labaune ne nous permet pas de nous reposer sur nos lauriers, nous devons être non seulement spectateurs de ces pièces à la fois nouvelle et poésie, mais nous devons aussi en être acteur, en développant notre propre façon de les lire, de les découvrir.

Il n’existe pas de ponctuation. La forme de sa prose surprend. Elle est soit monolithique, soit liane. Comme un film de David Lynch, chaque texte possède ses propres codes, ses propres clés. Il convient de les chercher, de les trouver, pour pénétrer leur univers, fantasmé, cru, onirique. Ne pas prendre le lecteur pour un con, tel semble être le parti pris de Philippe Labaune.

Et il a bien raison. Nous découvrons, au terme de quelques relectures, des images, des sensations enfouies. Les sens sont mis à contribution. Et pas seulement celui de la vue, mais véritablement les 5 sens. Nous avons parfois l’impression que tel texte est velours (Yeux de Ksenija), que l’autre est un cri (Yeux de Nathalie). Mais chacun est libre d’y apporter son ressenti, son vécu, les impressions ne sont nullement gravées dans le marbre, elles évoluent après chaque lecture.

Nos émotions s’en trouvent alors bouleversées. Le malaise se trouve chassé d’une pichenette lorsque soudain la beauté frappe au détour d’une phrase d’apparence anodine. Les mots, eux aussi s’en trouvent bousculés. La linéarité n’existe plus, comme un rêve sans queue ni tête qui ne nous laisse, en fin de compte, qu’une impression fugace qui s’estompe dès lors que nos yeux s’ouvrent.

Touchés, certainement, épatés aussi par cette liberté d’esprit, de ton. Philippe Labaune surprend, stimule la curiosité, nous rentre dedans, et attend en retour que nous nous laissions faire en nous rebellant, en collaborant, peu importe. Œils, perturbateur endocrinien de l’âme et des sens. Oui, c’est une bonne définition (du moins elle est la nôtre). À vous de vous faire votre propre idée désormais.

Opera Posthuma de Philippe Labaune

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