LIVE SESSION DIRTY SHADES / PETER PETER.
DIRTY SHADES, Live session Lift off (disponible aussi en EP sous le même nom)
Ce quatuor basé à Angoulême surprend avec ce nouvel EP, enregistré et filmé en live session. Lift off, par Dirty Shades, nous montre un groupe qui sait où il va et montre déjà une incroyable maturité artistique malgré son jeune âge (23 ans de moyenne).
Et s’il sait où il va, il nous laisse le découvrir au fur et à mesure de ces 3 titres (plus une intro morceau à part entière, même si plutôt bref) entre rock, math et post rock, mélodie pop et expérimentations rythmiques multiples. D’une part, on est totalement convaincu par cette voix lead féminine qui fait des merveilles (et qui n’est pas si fréquemment la norme que ça dans ce style musical, plutôt très masculin), d’autre part cette tension, palpable, qui nous fait frémir de plaisir. Sans parler du fait que le groupe joue devant une bibliothèque bien fournie (celle du château de Gourville). Bref, sur le papier, Dirty shades à tout pour plaire.
La chose est confirmée par l’image. Celle-ci joue un rôle important, notamment par ses couleurs. Sur le premier titre Dazed, elle nous évoque celle d’un certain Smell like teen spirit. Elle annonce, cette image, un univers vaguement oppressant, ou claustrophobe, sur lequel Dirty Shades pose ses thèmes musicaux de façon décomplexée, totalement viscérale et presque frontale (mais d’une totale efficacité mélodique).
Entre terre et ciel
Sur Running for your life, nous évoquant le post rock, la lumière devient plus froide, majoritairement bleue, mais n’enlève rien à un sentiment de claustrophobie qui semble envahir la musique du groupe. On se sent écrasé, encore davantage à la fin du titre qui nous colle au dossier de notre fauteuil, comme propulsé à mach2 dans l’atmosphère. Puissant.
Trainwerk, le dernier titre, repasse dans des tons plus jaunes et charme par son entame psychédélique rock, légèrement gorgée de blues. Une fois encore, le groupe alterne caractère aérien et soudaines poussées telluriques nous ramenant, brutalement, sur le plancher des vaches une seconde après avoir vogué dans la stratosphère. Les changements d’ambiance, comme les changements rythmiques, sont d’une redoutable efficacité, nous rappelant que rien n’est jamais acquis, et que, d’un revers de la main, d’un éternuement, tout peut être bouleversé.
Mais surtout, ce qui nous apparaît en continu sur Lift off, c’est cette expression d’une émotion à vif, ce besoin d’exprimer ce que Dirty Shades a sur le cœur. Sans faux-semblants, le groupe se livre, avec pudeur et sincérité, amplifiant ses ressentis par une musique intense, mais aux lignes mélodiques simples et évidentes. Ainsi, le groupe nous ravit et nous prouve avec ce deuxième EP (le premier, Specific impulse est sorti en 2020) qu’il possède déjà tout le savoir-faire nécessaire pour tisser une grande œuvre.
Ce groupe nous fait donc forte impression et nous démontre que le talent, une fois encore, n’attend pas le nombre des années.
PETER PETER, live session H2T (aussi disponible en version EP chez Audiogram)
Autre ambiance, plus intimiste, plus acoustique (ou électro-acoustique puisque le musicien est branché sur ampli), pour ces sessions live de Peter Peter. L’artiste canadien y revisite son répertoire en version guitare voix. Forcément, la formule est au plus proche de l’auteur-compositeur, laisse également une part plus importante aux textes pour s’exprimer. Sur cette vidéo, et sur l’EP, figurent donc 6 titres (Homa, Little Shangri-La, Rome, Beauté Baroque, Commun maintenant et Les mariés ont disparu ) captés à l’Hotel 2 tango à Montréal. L’artiste a voulu, pour cette expérience au plus près de son âme, choisir des titres de son répertoire desquels il se sent le plus proche. Ceux qu’il aime aussi le plus jouer.
Ainsi, en 6 vignettes en plan séquence, il dévoile une part de lui plus intime, plus proche aussi de ceux qui l’écoutent tant sa musique paraît avoir été enregistrée directement dans notre salon. Musicalement, l’ambiance est pop folk, sans grosses démonstrations techniques, mais reposant plutôt, au contraire, sur des motifs simples à même d’être fredonnés instinctivement. Les textes quant à eux sont extrêmement bien écrits, dévoilent une poésie discrète, délicate, parfois très romantique, totalement en phase avec cette nouvelle lecture des chansons de Peter Peter. Ajoutez à cela une voix très bien mise en valeur, et le tour est joué, en toute humilité, ce qui ne peut rendre cette série de titres live que fortement attachants.
