[INTRVIEW] SARAH BELL Autour de son autofiction
Interview » Et les Beatles chantaient ».
Sarah Bell a sorti son autofiction Et les Beatles Chantaient (éditions Annick Jubien) il y a peu. Avec elle, nous revenons sur cette histoire qui est fortement inspirée de sa propre vie. Elle accompagne ainsi la chronique du livre.
Les questions.
Litzic : Bonjour Sarah. Avant toute chose, comment vas-tu ?
Sarah Bell : Bonjour Patrick, je vais très bien merci !
L : Et les Beatles chantaient est ton premier roman, ou plutôt autofiction. Mais avais-tu déjà écrit auparavant ? Quelle place occupe la littérature/écriture dans ta vie de tous les jours ?
Sarah Bell : Ce livre est mon 1er roman et c’est aussi mon tout premier écrit. C’est cette histoire qui m’a menée à l’écriture mais je pense que l’envie d’écrire a toujours été présente bien que non assumée. L’idée de me frotter à des auteurs et autrices que j’admire n’était pas concevable jusqu’à ce que cette histoire de Et les Beatles me submerge.
Sinon, je lis beaucoup et depuis mon année de 1ère au lycée grâce à un professeur de français qui m’a fait aimer, voire chérir les livres ! J’ai eu des périodes sans lecture dans ma vie mais je me rends compte que ce sont des périodes un peu floues. Je lis tous les jours et je n’ai jamais assez de temps, ma pile à lire est donc énorme mais elle me rassure également, c’est agréable de savoir que jamais jamais on ne pourra s’ennuyer dans la vie !
Pour ce qui est de l’écriture j’écris désormais tous les jours, enfin j’essaie de ne pas perdre le rythme, c’est un besoin, un plaisir, parfois un supplice mais c’est une source de satisfaction énorme. J’ai suivi quelques ateliers d’écriture qui m’ont fait progresser mais qui m’ont aussi appris que l’écriture nécessite beaucoup de travail.
» J’ai suivi quelques ateliers d’écriture qui m’ont fait progresser mais qui m’ont aussi appris que l’écriture nécessite beaucoup de travail. »
L : Comment l’histoire de Rebecca-Jane, inspirée de ta propre histoire, a-t-elle débuté ? Quel a été l’élément déclencheur ?
Sarah Bell : Je crois qu’il y a eu plusieurs déclencheurs. Le premier c’est un contexte de travail psy qui m’a permis de comprendre et de me reconnecter à mon histoire, ou plutôt à une partie douloureuse que j’avais appris à enfouir pour mieux avancer, mais avancer de manière bancale.
Le 2ème élément déclencheur c’est un film qui m’a aidée à réaliser que mon histoire était triste certes mais aussi peut-être romanesque ! C’est donc après avoir vu ce film, dès le lendemain, que j’ai commencé l’écriture de Et les Beatles, l’histoire est sortie comme une urgence, comme un trop plein qu’il fallait que j’expulse !
L : Pourquoi avoir choisi la forme de l’autofiction et pas celle de l’autobiographie ?
Sarah Bell : Peut-être parce que j’ai beaucoup lu certaines autrices comme Virginia Woolf ou Herbjorg Wassmo, qui mêlent très souvent dans leurs écrits fiction et vie personnelle. Il y a aussi Annie Ernaux, j’ai tout lu je crois ! J’ai envie de citer aussi un auteur qui vient de nous quitter beaucoup trop tôt, Joseph Ponthus qui a écrit A la ligne, on ne peut pas dissocier sa vie de cette histoire d’ouvrier en abattoir. Ce mélange offre souvent une force supplémentaire au récit. Juste avant de me lancer dans l’écriture de « Et les Beatles », je venais de lire « Ces instants-là » d’Herbjorg Wassmo et j’aime le fait qu’elle brouille les pistes, on ne sait pas ce qui est autobiographique ou fictionnel. J’aime ce flou et cette tension que ça procure.
« l’histoire est sortie comme une urgence, comme un trop plein qu’il fallait que j’expulse ! »
L : Pourquoi avoir choisi ce type de narration ? Pour créer une distance avec ton affect ?
Sarah Bell : Oui c’est possible mais en réfléchissant je pense aussi que ça vient de ce travail psy pendant lequel j’ai dû travailler mon lien avec la petite fille que j’étais. Je me souviens d’une séance pendant laquelle la psy m’a demandé de prendre cette petite fille dans mes bras et lui dire des mots doux et gentils, de la rassurer. Voilà je pense que j’ai démarré l’écriture de l’histoire en observant cette petite fille.
L : Qu’as-tu ressenti en l’écrivant ? J’imagine que ça a dû remuer pas mal de souvenirs, et pas des plus agréables ?
Sarah Bell : En fait au contraire, l’écriture a été une sorte de libération et une reconnexion à des souvenirs oubliés. Le pouvoir de l’écriture est incroyable, il y a parfois une sorte de transe, quelque chose que je n’explique pas mais lorsqu’on se relit on se dit, c’est moi qui ai écrit ça ?
Par contre c’est au moment des relectures que cela a été difficile, j’ai eu des moments de grande tristesse.
« Je ne dis pas que le livre a tout apaisé mais il m’a permis je pense de prendre du recul. »
L : De la même façon, quand tu as su que ce livre allait être édité, quel a été ton sentiment ? Etait-ce un sentiment de libération, de peur qui prédominait ou bien ressentais-tu une forme de relative indifférence puisqu’il était « sorti » de toi ?
Sarah Bell : Non, pas de peur plutôt une satisfaction. La satisfaction d’être allée au bout d’une aventure, mais aussi une sorte de fierté, pas de mon travail non, une fierté de voir mon père sur la couverture d’un livre, j’avais la sensation de le faire revivre, cet homme avait une classe folle je trouve…
L : Rebecca-Jane est une femme en colère. As-tu toi-même vécu avec une telle colère ? Si c’est le cas, ton livre t’a-t-il apporté une forme d’apaisement ?
Sarah Bell : Oh oui je la connais très bien cette colère! Mais une colère rentrée, même moi je ne m’apercevais pas que j’étais en colère et je crois que c’est la pire, elle est malsaine et mauvaise pour la santé tant psychique que physique ! Je ne dis pas que le livre a tout apaisé mais il m’a permis je pense de prendre du recul. L’écriture apporte la nuance et la compréhension des choses je crois, donc oui on peut parler d’apaisement.
L : L’histoire est très touchante, nous nous y identifions même si nous n’avons pas subi pareil traumatisme. Crois-tu que ton livre puisse être une aide pour certains adultes ayant vécu pareille histoire ?
Sarah Bell : Merci ! Je ne m’en rends pas compte mais s’il peut être une aide, j’en serais ravie. J’ai eu quelques retours de lecture dans ce sens et j’avoue qu’à chaque fois je suis extrêmement émue. C’est la plus belle chose qui puisse arriver à ce livre ! Je crois très fort au pouvoir des livres, de la musique, des arts en général dans nos moments difficiles alors…
L : Ton livre est très bien écrit, il est captivant. As-tu d’autres projets d’écriture ?
Sarah Bell : Merci, ça me touche beaucoup ! Oui j’écris une nouvelle histoire, rien à voir avec ce premier livre. L’histoire d’une femme apicultrice qui se reconstruit, qui vit un peu recluse. Il y est question d’absence, de manque, de nature et de marche !
L : Si tu devais faire la promotion de ton livre, que dirais-tu pour donner envie de le lire ?
Sarah Bell : Une amie m’a dit qu’en refermant mon livre elle voulait partir visiter Liverpool, alors peut-être si vous avez envie d’un voyage en Angleterre…Une sorte de voyage en musique des deux côtés de la Manche, un voyage aussi un peu dans le passé avec les années 80-90 en toile de fond.
J’ai également eu beaucoup de retours de personnes qui m’ont dit avoir ressenti une vive émotion alors qu’ils ou qu’elles ne s’y attendaient pas.
Peut-être est-ce aussi une histoire de lutte contre les mauvais départs, mais attention pas du tout du style « quand on veut on peut », ce n’est pas le propos, il s’agit plutôt de rencontres et de remèdes qu’on a la chance parfois de posséder pour lutter contre ce que j’appellerais la fabrique familiale de la mélancolie…
L : Merci d’avoir pris le temps de répondre à mes questions.
Sarah Bell : Merci à toi !
Exclu :
l’interview de Sarah Bell, sur Radio-activ, dans l’émission B.O.L c’est ici !
Le podcast :
Nous retrouver sur FB, instagram, twitter