Rencontre avec La Mère Agitée.
Collage et customisation.
Nous avons découvert le travail de La mère Agitée un peu par hasard, alors que nous déambulions dans les rues de Saint-Brieuc. Sur la devanture de la boutique La Chapelle Fifteen est en effet indiqué, jusqu’au 31 mai, l’exposition de cette artiste protéiforme. À l’occasion de l’inauguration de l’atelier d’artiste qu’elle partage avec Agathe, doreuse, nous avons pu échanger sur sa technique et sur le sens qu’elle donne à son art.
Pour faire simple, Gaëlle Leroux (qui se cache sous le nom La Mère Agitée, nom laissant la part belle aux interprétations multiples) est une artiste collagiste (ou comme mentionné sur sa carte « Artiste du collage »). Elle récupère, ici ou là, sur des affiches collées dans l’espace public aussi bien que dans des magazines, plutôt anciens que récents (« les images d’aujourd’hui n’ont pas le charme et le caractère de celles d’avant ») des papiers, des images (elle récupère même des tissus), et leur donne une deuxième visibilité en les transférant, après modifications, sur divers supports. Ceux-ci peuvent être des vinyles, des meubles, des cadres, les possibilités sont multiples.
Il serait banal et faux de croire que son processus artistique se cantonne à un simple copié collé, à un transfert d’un support à un autre. Comme son nom d’artiste à sens multiple, ses collages sont une façon pour elle d’exprimer ce que renferme sa pensée, ses émotions. Si ses œuvres sont le plus souvent colorées par exemple, certaines laissent se dégager une part d’obscurité que La Mère Agitée refuse de taire. Ne jamais s’enfermer dans des carcans, rester libre d’exprimer ce que l’on a sur le cœur, comme on le veut, telle pourrait être sa devise.
Plusieurs niveaux de lecture.
Ainsi, en récupérant images et textes, expressifs et aux typographies percutantes, ou plus discrètes, La Mère Agitée propose une image de ce que son âme renferme à un moment donné, tout en restant dans une universalité du fait que ces images sont aisément visibles de tous de par leur exposition première dans un magazine par exemple. Elle s’amuse ensuite à les détourner, les façonner à son image, en y apportant plusieurs niveaux de lecture.
Car si l’image prédomine, saute littéralement aux yeux, les mots, disséminés sur ces « toiles », renferme des messages plus ou moins cachés. À vous d’en découvrir le(s) sens en vous penchant dessus, en vous triturant un peu les méninges. Car s’il vous faut vous immerger dans ces images qui captent et captivent le regard pour en comprendre le message intrinsèque (sans pour autant ôter le côté spontané et immédiat que l’image projette en nous), sachez que le processus créatif n’est en rien dû au hasard, qu’il est bien pensé en amont.
Ainsi, des mots et/ou des juxtapositions de lettres font naître un arrière-plan qui renforce le simple pouvoir évocateur de l’oeuvre. Pour ce qui est de la conception en elle-même, elle s’avère « rapide ». Une fois les papiers/images choisis/coupés, il ne faut pas un grand temps de mise en place/collage, l’oeuvre ayant toujours maturé dans la tête, pas si agitée que cela, de Gaëlle. Comme un puzzle, les pièces s’étaient déjà disposées dans sa pensée et, d’un geste spontané, elle les pose sur leur support. Nous pourrions rapprocher cela de l’urgence du punk, ce mélange très Do it yourself d’inspirations ainsi que ce côté viscéral de l’expression (un besoin fondamentale pour Gaëlle).
Accessible.
Son art, La mère Agitée le veut accessible à tous. Il n’a de sens que s’il vit au-delà d’elle-même. Par exemple, une des ses œuvres consiste en un collage sur le verre d’un cadre. Ainsi, une fois acquis, vous pourrez superposer ce cadre à un texte, une photo de famille ou ce qui vous passe par la tête, rendant cette œuvre évolutive et plus unique encore qu’elle ne l’est déjà (toutes les pièces confectionnées par Gaëlle sont uniques, fallait-il le préciser).
De la même manière, La Mère Agitée ne veut pas d’un art qui soit inaccessible. L’art, pour elle, doit pouvoir entrer partout, qu’il s’agisse d’institutions, d’expositions ou de particuliers désirant simplement se faire plaisir avec un objet qui a du sens pour eux. Si l’usage de colle n’est pas forcément ultra écologique (même si le choix des colles est étudié pour être le plus sain possible), l’éthique de La Mère Agitée reste orientée vers le minimum de gaspillage. Hormis ces outils et consommables, tout reste lié au recyclage, à la collecte.
Son approche, sa personnalité entière et son éthique nous ont autant séduit que ces œuvres. Si vous désirez vous faire une idée de ce qu’elle propose, rendez-vous sur son site. L’exposition dure jusqu’à la fin du mois à La chapelle Fifteen (25 rue St Gouéno à Saint-brieuc).
Liens utiles :
site officiel : https://la-mere-agitee.webnode.fr/
instagram : agitee_la_mere
fb : https://www.facebook.com/lamereagitee
mail : lesmeresagitees@gmail.com
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Autre artiste s’inspirant du collage, Emmanuel Pajot
flo
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Gaëlle est une belle artiste généreuse et qui a toujours de bonnes idées! Bravo pour l’article qui donnera envie d’aller découvrir et aimer son art… merci Gaëlle 😉
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Patrick Beguinel
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Et merci pour le commentaire ! Et surtout, soutenons les artistes comme vous le faites :). Patrick
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La Mère Agitée
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Merci à Patrick pour ce bel article, la Mère Agitée le salut car il a su rentrer dans son mon. Soutenez le aussi car il le mérite.
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