12-23, d’audran à Puder

AUDRAN, ABCD

début de sélection 12-23 avec la musique d’audran. Son rap piochant ses sonorités et rythmiques du côté old school de la chose, audran pose son flow d’une limpidité sans failles. Évitant les poncifs du rap qui n’a rien à dire, il parle de lui, de sa vie, des désillusions, des rêves qu’on tire vers le bas. Constat de désespoir, et pourtant une petite lumière reste présente, en surface. Derrière, c’est sans appel, reflet d’une génération lucide dans un monde qui ne l’est plus (si elle le fut jadis).

PIETRA, Bizarre,

Malgré un genre musical qui a tout pour nous faire fuir d’ordinaire, Pietra réussit le tour de force de nous séduire avec Bizarre. Sans doute grâce à son texte très bien écrit qui, si le thème est rabâché, attire l’oreille par un choix de mots et un angle qui fait mouche. Sans doute aussi grâce à un choix de sonorités douces amères, mélancoliques et lancinantes qui soutiennent un groove discret mais bel et bien présent. Ce titre fait donc mouche et c’est Bizarre parce que même l’autothune, qui sert très souvent de cache misère, permet ici à l’expression de Pietra de gagner en ampleur. Utilisé à bon escient, il s’avère donc utile et précieux et nous montre à quel point le talent n’est pas inné chez tous. Il l’est, assurément, chez Pietra qu’on vous invite à découvrir sans tarder.

THE MURLOCS, Initiative

Aime-t-on les Stones ? Oui, quelle drôle de question. Aime-t-on l’australie et ces formidables musiciens ? Aucun doute. Alors, tout est réuni pour adorer The Murlocs, sort de groupe rythm and blues, à la manière des Stones (enfin à peu près), qui nous viennent directement du grand pays de l’hémisphère sud, de Melbourne plus précisément. Que dire de plus si ce n’est que ce très réjouissant single, le premier de leur nouvel album à paraître le 19 mai chez ATO, nous met le smile comme pas permis. Frais, enthousiaste, cet air de musique nous colle à la peau et nous porte dans la grisaille de ce début de printemps (on ne parle pas du temps). Bref, à savourer et à partager partout autour de soi !

TROPICAL MANNSCHAFT, Il neige.

On retrouve avec Il neige les belles heures d’une French touch qui a perdu de sa superbe depuis une bonne décennie (voire plus). Il se dégage de Il neige une forme de torpeur, comme si le titre s’écoutait sous un début d’anesthésie. Il se dégage aussi une mélancolie légère, renforcé par la poésie un peu décalée des paroles. Avec pas mal de savoir-faire, Tropical Mannschaft impose son son, sa personnalité, sans ostentation, presque avec discrétion. Mais ça fonctionne à 100%. On savoure donc cette neige apaisante mais qui interroge néanmoins.

PUDER, Of elephants and monsters

Belle, très belle découverte que ce Of elephants and monsters de l’artiste hambourgeoise Puder. Derrière une synth pop aux sonorités très personnelles, la musicienne dévoile un univers contrasté, alliant son chant jazzy à des expérimentations sonores douces et entêtantes. Son univers doux amer révèle un talent de compositrice plus que prometteur, lequel attrape l’oreille vagabonde pour ne plus la relâcher et l’entrainer dans cette musique colorée loin d’être vide de sens. Coup de cœur pour cette artiste étonnante qui devrait faire parler d’elle dans les mois à venir.

Patrick Béguinel

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