11-23, d’Agathe à Flows
AGATHE, Tracker dog
L’entame de cette playlist 11-23 ne se fait pas sur une fausse note, contrairement à l’entame de ce titre qui nous mène sur une fausse piste. En effet, Agathe œuvre dans une folk rock crépusculaire de laquelle la seule lumière provient de la voix. Rythmique lourde, nappes élégiaques de voix, quelques cordes grattées, ici ou là, pour un rendu minimaliste intimiste et immersif. La compo ne manque pas de nous aimanter, nous guidant avec délicatesse dans les méandres de la pensée d’Agathe.
L’apparition des cordes, inventives, renforce la dramaturgie de la chanson. La ligne de chant, précise et pleine de vie renforce ce contraste entre lumière et obscurité et nous porte de bout en bout. Avec peu, Agathe fait beaucoup, et ne manque certainement pas de nous toucher avec cette chanson à la puissance feutrée.
SUDDEN VOICES, Milk and honey
Au début, l’ambiance s’installe. Batterie comme captée de loin, voix très proches, un décalage se crée, mais attire inexorablement à tendre l’oreille. Très jazz, tout en étant paradoxalement rock, Milk and Honey se démarque des productions actuelles en proposant sa propre version d’une pop à la fois intimiste, minimaliste, mais aussi pleine d’envergure. Il faut se laisser aller, suivre le courant (rien ne sert de résister du reste, sinon à se faire mal) et succomber à ce morceau qui ne ressemble pas vraiment à ce qui se fait actuellement (comprendre qui ne suit aucun courant de mode).
QUIET SIGNALS
Autre univers, mais caractère aussi immersif, quoi que jouant sur d’autres leviers. Ici, tout est instrumental, colle à la peau, comme la neige colle aux semelles des bottes sur des sentiers forestiers. C’est simple, avec un motif répétitif qui se développe petit à petit. L’émotion est palpable, renforcée par des cordes discrètes mais qui épaississe les textures musicales ici mises en place.
On navigue dons dans un post rock acoustique à fort pouvoir évocateur et dont la chute étonne. On se sent bien à l’écoute de cette mélodie optimiste, jusqu’à ce que… Mais on laisse découvrir cela.
DANY NICOLAS, Prends ton trou
Certes, l’accent n’aide pas à comprendre le texte à 100%. C’est un peu dommage car celui-ci est important puisqu’il s’agit d’un hommage à un ami décédé d’une overdose causée par la présence de fentanyl dans sa drogue. Le folk rock ici proposé est musclé, imprégné d’un peu d’humour, mais c’est surtout l’hommage, plein de vie, que l’on retient de ce titre pêchu et diablement sympathique, malgré son propos plus pesant.
FLOWS, Tide
Quelque part à la croisée de groupe comme Muse, Coldplay et Archive, Flows a tout pour plaire. Sa composition, aux rythmiques pas si évidentes que ça, reste accessible, sans lorgner du côté fm de la chose. L’exploration sonore du groupe fait mouche, son exploitation artistique également. Au final Tide est un morceau foutrement efficace, dansant également, mais qui ne sombre jamais dans la facilité ou le racolage. On aime !
BONUS : Reborn, take a look at me.
Amateur de rock un peu plus musclé, Take a look at me de Reborn est fait pour vous. Même si sa musique reste dans les standards du genre heavy rock à tendance metal, on apprécie la prestation vocale de la chanteuse et le solo bien, très bien senti qui apparaît à la moitié de ce Take a look at me qui a finalement tout pour séduire, même les plus récalcitrants tels que nous.
Patrick Béguinel
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