[ SELECTION AUDIO/VIDEO ] APPLE JELLY, BANAGUN, etc…
Notre sélection audio/vidéo du lundi, avec Apple Jelly, bananagun et des belles surprises.
Et voici revenu le lundi (comme chaque semaine cela dit) et sa sélection de nouveautés tous azimuts. Cette semaine, nous vous proposons du disco punk (Apple Jelly), du rock teinté de world music (Bananagun, Gondhawa & Amyïokönfî), du jazz funk (BT ALC Big band) et du rock bien lourd (Computer kill people). Attachez vos ceintures, vous risquez fort bien d’être secoués !
Apple Jelly, Die, Motherfucker ! Die !!!
Parfois, une pause s’impose. Pour reprendre des couleurs. Pour retrouver le souffle créatif. Apple Jelly a connu une période trouble, dans laquelle le groupe semblait englué dans des changements de stratégies stériles. Et puis, boum, le revoilà avec Die, motherfucker ! Die !!! album (qui paraîtra en septembre) et un clip d’une noirceur insondable.
Reposant sur une basse monstrueuse et un chant n’étant pas sans rappeler celui de James Murphy (LCD Soundsystem), le groupe nous entraîne dans une déambulation sinistre, de fêtes glauques en jeux macabres. Apple Jelly nous électrise avec son électro punk à la fois dansante, froide, au groove imparable et à l’urgence à fleur de nerfs.
Autant dire que l’attente et que la traversée du désert auront porté leurs fruits, car ce titre terrasse, enchante, envenime les sens et nous annonce un retour en grâce de ce groupe ayant (déjà) près de deux décennies d’existence au compteur.
Le groupe.
Comme pour mieux dompter la crise, Apple Jelly, composé de Benn, auteur et chanteur, et SLip, musique et graphisme,retrouvent Fat Kick Joe, le batteur d’origine de la formation. Retour aux sources d’une certaine manière, sauf que le groupe choisit de remixer (sous la houlette de Bruno Preynat) cet album composé il y a déjà 7 ans. Comme pour lui redonner des couleurs actuelles. Ce qui est parfaitement le cas tant Die, motherfucker ! Die !!! semble inspiré de ce qu’il y a de meilleur dans la catégorie disco punk.
Au final, ce titre est une excellente mise en bouche de l’album qui sortira très bientôt. À noter, car c’est tout sauf anecdotique, le clip de Die, motherfucker ! Die !!! réalisé par José Daniel Zuluaga, a été sélectionné au Festival Berlin Music Video Awards 2020 (catégorie best narrative).
Bananagun, The master
The strue story of banangun sort très bientôt, le 26 juin pour être précis, et le groupe nous fait découvrir leur nouveau single, The master, sorte de trip halluciné gorgé de rock psychédélique et d’afro-beat. Le groove est là, nous prend quelque part au niveau du bas-ventre, mais les sonorités psychédéliques aussi. Elles, elles nous tournent en tête comme un très bon trip qui nous ferait voir la vie avec plein de drôles de couleurs.
Il y a un côté festif dans la musique de Bananagun. Un côté léger aussi. Et un côté rock également, digne de l’époque Woodstock pour ainsi dire. La musique qui irradie de The master nous propulse dans une autre époque, même si nous ne savons pas exactement si elle est révolue ou pas encore arrivée. Un petit côté rétro est évidemment présent (les sonorités de clavier, ce jeu de flûte qui n’est pas sans évoquer Jethro Tull), pourtant tout baigne dans une sorte de lyrisme ambiant plutôt moderne.
Pour le reste…
… Nick van Bakel, leader du groupe, déclare : « The Master » est en quelque sorte une façon de s’évacuer de la vie absurde mais typique qui consiste à se casser le cul pour quelqu’un d’autre et de se rendre compte que peu importe où l’on travaille ou à quelle hauteur on se trouve dans ce monde, il y a toujours une personne en haut de l’échelle qui nous donne des ordres ou quelqu’un que l’on essaie de satisfaire. Je déteste quand les gens se la racontent et ne respectent pas les gens ; c’est ce que la majorité des gens font toute leur vie. C’est misérable et il n’y a pas de place pour l’épanouissement. Les conneries qu’on raconte à l’école, au cinéma, et tout le reste ; ayez tous vos jalons planifiés. Si vous voulez faire rire Dieu, dites-lui que vous avez planifié votre vie ! »
Computers kill people, Doormat
Voici du rock comme on l’aime, c’est-à-dire bien testostéronné comme il faut, mais pas trop non plus. Cela évite à Computer kill people de basculer dans un stéréotype mal inspiré. Ici, au contraire l’aspect mélodique est bien présent, couplé à une énergie stoner assumée et maîtrisée. Les guitares sont efficaces, la paire basse batterie diablement entraînante. Le tout délivre un morceau plutôt original dans son traitement et dans sa production.
L’autre point fort repose dans la voix du chanteur qui possède un truc que l’on retrouve chez Eddie Vedder (Pearl Jam), quelque chose à la fois doux et rugueux qui permet d’espérer des morceaux aussi bien « rentre dedans » que des balades lacrymales dévastatrices.
Un deuxième EP.
Ce titre est issu de l’EP Destruction derby enregistré au studio de Kernel Panic records à Paris (collectif possédant, outre son studio, la vocation d’accompagner trois groupes de l’enregistrement de leur single/EP/album jusqu’au booking de dates en France et à l’étranger). Nous pouvons déceler un réel professionnalisme de ce collectif car Computer kill people, à travers Doormat, sonne « comme les grands », ni plus ni moins. Nous notons également que le groupe a également accueilli la chanteuse Medina Rekic, de White Miles, sur l’un de ses titres. Ce qui ne fait que prononcer davantage sa légitimité dans la catégorie rock stoner. Un bel avenir s’annonce donc pour ce groupe qui sortira très prochainement un deuxième single (et le fameux EP en cours de finition)!
BT ALC Big Band, Bring Forth Change.
Voilà un titre qui immédiatement dégage une chaleur torride. Celle-ci s’échappe en volutes pleines de grâce d’une production aux petits oignons. Les cuivres sont ici merveilleux, tout comme l’assise rythmique guitare basse batterie. Le tout dispense un groove rétro élégant, racé, sur lequel des voix viennent également prendre appuie de façon plus que mélodique.
Le plus dingue dans cette histoire, c’est que ce titre a été enregistré pendant le confinement. Chacun chez soi. Ce qui paraît incroyable en écoutant le morceau ! Il se trouve que le co-leader de BT ALC Big Band, Alex Lee-Clark, a convenu que suffisamment de membres du groupe avaient les capacités technologiques pour faire le travail. Alors, Alan Evans et l’organiste Darby Wolf ont posé la première piste à l’édifice, piste sur laquelle se sont ensuite greffés les autres instrumentistes. Ensuite, Evans a tout reconstitué. Et le résultat est juste bluffant.D’autant plus que le groupe ne fait pas les choses à moitié, état donné qu’il possède une section de cor de 13 pièces !
Improvisation.
Pour corser la chose (apparemment certains sont sado-masos), l’improvisation fait partie du deal. Oui, à peine croyable. Le résultat de Bring for change est donc des plus enthousiasmant, captivant, et tend vers un mélange funk, jazz absolument équilibré, hyper dansant et qui plus est original dans sa conception et réalisation. Un pari plus que réussi !
GONDHAWA & AMYïOKÖNFÎ – Cayömè
Voici un titre que nous n’attendions pas. Parce que étrange. Enfin, c’est ce que nous nous sommes dit en voyant les mots rock progressif, confinement et dialecte gondhawa. Et pourtant, tout de suite, nous avons été charmé. Pourquoi ? Sans doute parce que ce groupe, possède un peu de magie en lui.
Mais reprenons un peu depuis le début. Gondhawa est un jeune groupe mêlant rock progressif, afrobeat et musique orientale sur des paroles en dialecte gondhawa. Autrement dit, ne cherchez pas à comprendre, le groupe possède son propre langage, comme en son temps le plus célèbre groupe de rock/jazz/progressif hexagonal, Magma (et son célèbre Kobaïen). Il y a un peu de ça ici. Et nous pouvons dire que l’ensemble fonctionne plutôt bien.
Mis à part cela, le groupe a réalisé ce clip pendant le confinement. Enfin Matthias Eyer a réalisé ce clip, le 4éme pour le groupe, et nous devons avouer que nous trouvons une cohérence folle à l’ensemble musique+vidéo. La vidéo, sorte de référence aux vieux films de SF avec des effets spéciaux volontairement désuet distille une atmosphère particulière qui se trouve renforcée par les mélodies étranges du groupe.
Esthétique à part.
Nous notons donc deux esthétiques aux partis pris résolument tranchés. Le clip, à base de planète mystérieuse, de temple floral et de créatures spatiales, et une musique à la fois africaine et occidentale, évoquant comme une sorte de cousin africain de Pink Floyd, ou du psychédélisme anglais sauce Rage against the machine, le tout sur une structure chancelante et trébuchante hélicoïdale ne délivrant aucun de ses charmes à la première écoute.
Ce titre, ce groupe (d’Angers), impose une forme de respect d’entrée de jeu, par son originalité et par sa maîtrise de ses références musicales, ici mélangées avec une dextérité et un à propos déconcertant. Nous on adore (et on en redemande!).