MARIANNE DESROZIERS L’interview

marianne desroziers l'interview

Découvrez l’interview de Marianne Desroziers, notre autrice du mois de janvier

Litzic : Bonjour Marianne et très bonne année 2019. Que peut-on d’ores et déjà te souhaiter pour celle-ci ?

Marianne Desroziers : De continuer à être heureuse et à créer.

L : À quand remonte ton premier souvenir de lecture ?

Marianne Desroziers : J’ai un souvenir assez précis de mon premier roman lu seule à 6 ans : Jojo lapin joue à cache-cache , publié à la Bibliothèque Rose. Je me revois en train de le lire et je me souviens bien de ce sentiment de liberté. Un peu plus tard, un beau livre illustré des contes de Grimm offert par une tante éloignée, m’a beaucoup impressionnée et effrayée, notamment les dessins représentant une jeune fille avec un œil et une autre avec trois yeux, ce qui explique mon attirance pour les contes aujourd’hui encore.

L : Quel est ton premier « choc » littéraire ? Qu’a-t-il déclenché chez toi ?

Marianne Desroziers : Il y en au plusieurs : Céline, Huysmans, Borgès, Woolf, Perec. Tous ont provoqué d’abord un grand plaisir de lecture de l’ordre de la révélation. Je découvrais, fascinée, la puissance d’évocation phénoménale d’un texte quand le propos est porté par un style brillant qui fait que tout sonne juste car chaque mot est à sa place. Puis, assez vite, j’ai eu envie d’écrire moi aussi.

L : Quel est ton auteur préféré ?

Marianne Desroziers : Virginia Woolf

L : Quel est ton livre préféré ?

Marianne Desroziers : Marelle de Julio Cortazar.

L : Quel auteur n’aimes-tu pas et pourquoi ?

Marianne Desroziers : Je ne préfère pas répondre à cette question: j’aime partager mes enthousiasmes et non mes déceptions ou mon manque d’intérêt pour un écrivain.

L : Le livre dont tu attendais beaucoup et qui t’a déçu ?

Marianne Desroziers : Aucun.

L : D’où t’es venue l’envie d’écrire ?

Marianne Desroziers : Elle est venue d’abord d’un grand plaisir de lire, dans une grande période d’ennui, de solitude et de tristesse.


Écrire est-il pour toi naturel ou ressens-tu parfois l’angoisse de la page blanche ?

Ni l’un, ni l’autre. Il n’y a rien de moins naturelle que la création artistique : c’est une sorte d’anomalie… pourtant millénaire et tenace, qui ne résiste à aucun traitement !

Sauf si l’on pratique une forme d’écriture automatique ou délassante au sens de purement récréative – et encore ! -, écrire quelque chose qui tienne la route et puisse être lu par d’autres demande des efforts et du temps. La nature du travail est différente selon qu’il s’agisse de roman, nouvelle ou poésie mais il faut être à la fois ambitieux et faire preuve d’humilité pour tenter de dépasser nos propres limites auxquelles nous sommes très vite confrontés.

L : Si tu devais n’en citer qu’un :

Marianne Desroziers :

  • disque : un best of de Nina Simone 

  • Film : Virgin suicides de Sofia Copola

  • artiste : Niki de Saint-Phale

L : Ton écriture, du moins dans ton dernier recueil en date, Fantasmagories, s’imprègne de la banalité du quotidien pour la transposer dans quelque chose de plus extraordinaire. Penses-tu que là réside un des pouvoirs de l’écriture ? Dans la même idée, penses-tu que la portée cathartique de l’écriture soit l’une des motivations de l’écrivain ?

Marianne Desroziers : Les motivations de l’écrivain sont complexes, multiples et mouvantes. Ce qui est certain c’est qu’on n’est pas totalement maître de ce qu’on écrit : il y a une part inconsciente importante dans l’écriture, comme dans tout art d’ailleurs. On écrit avec ce que l’on est, à un moment donné, on n’a rien d’autre à notre disposition. Le regard posé sur ce et ceux qui nous entourent fait partie de ce que l’on est, bien entendu. Pour ma part, il semble évident que je suis attirée par tout ce qui est invisible: l’écriture me permet de révéler cette dimension ou, mieux, de faire deviner au lecteur. Chaque texte est une porte ouverte pour le lecteur qui est libre d’accepter ou pas l’invitation.

L : Nous notons, dans ce même recueil, des allusions à des artistes/écrivains/personnalités très ancrées dans notre culture populaire (Stephen King par ex.). Cette culture fait-elle partie de ton univers et penses-tu en faire partie également ?

Marianne Desroziers : Bien sûr, que ce soit les livres, les films ou les séries, je baigne dans la culture populaire (comme tout le monde je crois) et j’en utilise les codes, en tentant de les détourner et non d’utiliser des recettes ou de recycler de vieilles histoires. Stephen King est une influence oui mais il y en a beaucoup d’autres, des contes, à Lewis Caroll en passant par Henry James. Je prends ce qui m’intéresse partout et ne fais guère de différences entre culture légitime et culture populaire.

L : Si tu devais exercer une autre activité artistique, quelle serait-elle et pourquoi ?

Marianne Desroziers : J’admire beaucoup les arts vivants : la musique, le chant, le théâtre et la danse mais je crois que j’aurais surtout aimé dessiner, peindre ou faire de la photo. Ce dernier art me semblant plus accessible sans formation académique, c’est celui-là que j’aurais choisi.

L : Te mettre devant une feuille blanche et te lancer est-elle pour toi une épreuve ou une source de joie ?

Marianne Desroziers : Commencer un livre, amorcer un nouveau projet, est le plus beau moment : c’est très exaltant ! On ne commence jamais vraiment de zéro, les idées mûrissent longtemps avant d’aboutir à des mots sur la feuille. Je n’ai pas spécialement peur de commencer ou de ne pas pouvoir commencer, j’ai plutôt peur de finir, de laisser le texte et de chercher un éditeur. La peur, de toute façon, m’accompagne depuis toujours, c’est aussi un moteur dans ma vie et par ricochet pour ma créativité et mon écriture.

L : Quels sont tes projets à plus ou moins courts termes ?

Marianne Desroziers : Continuer d’écrire et de publier. Poésie, romans, nouvelles. Ne pas me précipiter, prendre le temps, trouver le bon éditeur pour le bon projet. Essayer d’être en accord avec moi-même. Développer des relations de confiance solides avec les autres professionnels du livre (auteurs, éditeurs, libraires, etc.). Et, bien entendu, continuer à m’investir dans les Éditions de l’Abat-Jour qui ont publié mon recueil Fantasmagories et où je dirige la revue semestrielle L’Ampoule ainsi qu’une toute nouvelle collection dont nous venons de publier le premier volume : L’Anthologie Littéraire Décadente qui s’attache à remettre à l’honneur des textes et des auteurs plus ou moins tombés dans l’oubli depuis la fin du XIXème et le début du XXème siècle.

L : Merci d’avoir répondu à cette première interview de l’année !

Marianne Desroziers : Merci à toi. Et très belle année (de lectures) à tous !

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