TRIP FOR LÉON, debut album

Trip For Leon1er album déjà disponible.

Paru à l’orée de l’été, le premier album éponyme de Trip For Léon mérite qu’on s’y penche de plus près. En effet, ce disque audacieux, à la fois proche de la chanson comme de la techno, à la fois poétique et dansant, délivre son lot de surprises et d’émotions.

Le duo composé de Clément Ternisien et Marie Grollier marque tout d’abord par sa liberté de ton. Nous sentons instantanément que le duo ne s’interdit rien, qu’il suit le fil de son inspiration en se foutant bien d’entrer dans une case. Ainsi, son univers étend ses tentacules à travers différents genres musicaux, allant d’un aspect chanson française à une électro inspirée et souvent novatrice. Entre les deux, une certaine idée du trip-hop, de la pop également.

Des références mais un univers unique.

Au jeu des références, Trip For Léon donne dans le haut de gamme puisque les noms de Massive Attack, Portsihead, ou Ez3kiel, nous saute littéralement aux oreilles. Mais d’autres surviennent au fur et à mesure des écoutes, comme celui de Cocorosie par exemple, ou dans une autre mesure celui de Bjork, mais aussi de groupes folks aux ambiances boisées et tamisées (on pense aussi à Yann Tiersen, ou Emilie Simon). Le doux équilibre entre instruments acoustiques, dont un surprenant accordéon sur Butterfly par exemple, et numériques fonctionne à la perfection.

Il permet à Trip For Léon de rester ancré dans un univers concret, fait de chair et d’os, de terre et de poussière, mais également de décoller parfois vers les nuages et vers le monde des songes. Les tessitures électroniques, ainsi que certains arrangements, participent au caractère onirico-poétique de l’ensemble, mais permettent aussi parfois une échappée belle au pays d’une danse sensuelle et animale.

La voix et les lignes de chant sont un facteur important de la réussite du disque. Si la voix légère peut paraître presque juvénile, naïve, innocente à certains moments, les thèmes musicaux, parfois plus sombres donnent un contrepoint et des perspectives nouvelles au disque. On sent que loin d’être une ballade électro folk enfantine, on vire, au fil de l’album, au conte de fées un peu tragique (quel conte de fées ne l’est pas, au final, tragique?).

Musique de spectacle.

On imagine aisément ce premier album comme un spectacle à part entière, avec acrobates, danseurs et une imagerie bien à lui, fantasy par exemple. De la même façon, nous sentons dans sa narration une véritable envie de nous projeter dans un ailleurs qui n’appartient qu’au duo, qui pourrait très bien servir de bande son à un film de science-fiction avec une dramaturgie qui irait crescendo.

Mais le rappel d’un piano, de quelques mots esquissés en français, nous ramène subtilement à la réalité, comme si nous nous extrayions subitement du monde des rêves pour retourner vers une réalité moins abstraite, plus quotidienne. Fort heureusement, la musique ne devient jamais banale et dispense toujours des idées abouties qui feraient pâlir d’envie certaines des références citées plus haut.

L’ensemble tient dans un monde un peu évanescent, celui des souvenirs de l’enfance, du besoin de retrouver ses racines, mais également de celui d’aller de l’avant sans perdre son âme en chemin, tout en nous plongeant parfois dans un état introspectif un peu magique. Ressurgissent, à l’écoute de différents titres, comme sur Belle étoile par exemple, des images de notre propre passé, joyeux, léger, mais teinté d’une pointe de regret ou d’amertume face au temps qui passe, une mélancolie nostalgique face à l’âge adulte qui a éteint certains de nos espoirs.

Jamais linéaire.

Dernier point à évoquer, le fait que ce disque n’est en rien linéaire. Par un jeu d’effets théâtraux, fait de tension et de chutes d’intensité, de relâche, l’univers de Trip For Léon évolue sans cesse, de la ballade lumineuse à des morceaux à l’ambiance plus sinistre (le prenant Cat’s Tail par exemple). Les bidouilles diverses, comme des superpositions de voix par exemple, ou des copiés collés trafiqués de celles-ci, aident aussi à ajouter une dose de mystère à l’ensemble, ce qui fait que jamais nous ne nous ennuyons à l’écoute du disque tant notre imaginaire est mis à contribution.

Ce premier album est donc une excellente surprise, aux compositions jamais téléphonées et à l’esthétique homogène. Le savoir-faire du duo promet de belles choses à venir, nous propulsant dans un monde totalement à part tant la démarche artistique du groupe est pure. Nous pensons également que voir le groupe sur scène doit déclencher son lot d’émotions fortes, allant des larmes au rire. Bref, Trip for Léon est un disque qui nous embarque, totalement.

Patrick Béguinel

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Comments (1)

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    Pauline Bréhat

    Bonjour,
    un titre qui donne envie d’en découvrir d’autres !
    Vocalement, j’entends un mélange de Agnes Obel, The Do, Sinead O’Connor, Shara Nelson ou peut-être encore Dolores O’Riordan; cela dit Marie Grollier a son propre timbre de voix et c’est très bien ainsi !

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